Les Bambini de Bastogne

Flash-back sur le premier club luxembourgeois à avoir fait parler de lui en Belgique (dans les sixties) et sur un de ses héritiers les plus célèbres, Gauthier Remacle.

Ancien instituteur aujourd’hui pensionné, RichardWirard a joué à Bastogne à l’époque où le club – dont il fut également l’entraîneur et brièvement le président – évoluait en D3.  » La période faste du Léopold Club a commencé en 1963, lorsque le club est monté de 1re Provinciale en Promotion, puis en D3 six ans plus tard « , se souvient-il.  » Elle a été marquée par un changement de politique au sein du club. Auparavant, on recrutait ailleurs, y compris des joueurs bruxellois. Puis, sans doute par manque de moyens financiers, on a aligné l’équipe Scolaire – forcément composée de joueurs locaux – qui a réalisé des prouesses. Un journaliste de l’ AvenirduLuxembourg nous avait appelés les Bambini (enfants en italien), parce qu’on formait un groupe de jeunes et qu’on jouait bien au football, et ce surnom est resté.  »

Les anecdotes foisonnent.  » Je me suis marié en 1969, durant la saison où l’on est monté en D3 « , rappelle Wirard.  » Le lendemain du mariage, on devait jouer à Eupen. On a démarré plus tard à cause de moi, et à sept kilomètres du stade, j’ai demandé au chauffeur d’arrêter le car parce que j’étais malade. Mais j’ai tenu ma place sur le terrain. Un peu de transpiration, cela évacue les effluves de la fête… « 

Bastogne est resté six saisons en D3.  » On a affronté Winterslag à l’époque où RobertWaseige y était entraîneur. Et d’autres équipes limbourgeoises ou bruxelloises. On quittait généralement Bastogne à 9 heures du matin. Lorsqu’on allait dans le Limbourg, on déjeunait à Tongres, sur la place Ambiorix. Lorsqu’on se rendait à Bruxelles, on s’arrêtait à Waterloo. C’était toujours le même menu : steak, purée, chicons et épinards. Et tant pis pour ceux qui n’aimaient pas les épinards. Après la digestion, et en guise d’échauffement pour le match, l’entraîneur nous faisait gravir les marches de la Butte du Lion. Au retour, on s’arrêtait également en cours de route. Soit pour fêter la victoire, soit pour se consoler de la défaite. C’était une belle époque…  »

Mais en cette période-là déjà, le problème d’infrastructure était latent.  » Lorsqu’on allait jouer en Flandre, on s’essuyait les pieds avant de monter sur le terrain : on avait l’impression que c’était un tapis. Chez nous, c’était souvent la gadoue. La plupart des joueurs visiteurs n’appréciaient pas trop ces conditions de jeu, cela nous a peut-être aidés également. Je me souviens qu’on a affronté Tongres, emmené par l’Irlandais JohnnyCrossan, devant 4.500 spectateurs. C’était exceptionnel.  »

Mais, en 1976, ce fut le retour aux étages inférieurs.  » La génération dorée avait pris de l’âge. On a bien essayé de réaliser quelques transferts, mais sans succès. « 

Bastogne n’est plus jamais remonté en D3 et évolue aujourd’hui dans les séries provinciales. Le principal club de la région est désormais Vaux-Noville, qui vient d’accéder à la Promotion mais sans beaucoup de moyens.

Remacle, vite amoureux du Standard

Originaire de Bastogne, GauthierRemacle (31 ans) fut international Espoir (il participa à la Coupe du Monde des -20 ans en 1997 en Malaisie) et fit carrière au Standard et à Charleroi, puis à Oberhausen en D2 allemande. Aujourd’hui, il travaille dans une société d’intérim à Wiltz (grand-duché de Luxembourg) tout en jouant à Ettelbrück (équipe luxembourgeoise) avec lequel il a disputé deux tours préliminaires de la Coupe de l’UEFA (il a éliminé Tbilissi, puis a chuté contre Moscou).

 » A 13 ans, j’avais été repéré par le Standard grâce à mes prestations dans la sélection provinciale luxembourgeoise « , se souvient-il.  » Techniquement, je n’étais pas le plus doué, mais je ne lâchais rien. Jouer pour le Standard, cela avait toujours été un rêve pour moi. Ce club a bercé mon enfance. Ma chambre était tapissée d’objets rouges et blancs. Je rêvais, comme tout gosse, de devenir footballeur professionnel, mais je ne pouvais pas m’imaginer que ce soit ailleurs qu’au Standard. J’étais fier lorsque je voyais MichelRenquin en demi-finale de la Coupe du Monde 1986. Je m’identifiais à lui, car il était de ma région. C’était une idole, à tel point que lorsque je me suis cassé le bras, mon père – qui est un peu artiste – avait dessiné l’effigie de Renquin sur mon plâtre. Je l’ai toujours conservé. Un jour, Renquin est venu à Bastogne pour présenter un ouvrage qui lui avait été consacré, et j’ai à peine osé lui demander une dédicace.  »

Bastogne n’est situé qu’à une bonne centaine de kilomètres de Liège, et les amateurs de football de la région se rendent donc tout naturellement à Sclessin s’ils veulent voir des matches de haut niveau.

Et si Virton était promu en D1 ?  » Je ne pense pas que cela aurait un gros impact à Bastogne « , estime Remacle.  » Virton, c’est la Gaume. A la limite, ils sont plus proches de la France que du nord de la province du Luxembourg. Les Gaumais se rendent d’ailleurs volontiers à Sedan ou à Metz pour voir de bons matches. « 

par daniel devos- photos: rporters/ gouverneur

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