Les arbitres doivent revoir leur copie

John Baete

Plus un match ne se termine sans que les arbitres ne soient mis en cause par les acteurs. C’est vrai en championnat et c’est vrai en Coupe de Belgique. Prenez les deux demi-finales. Genk est éliminé par Lommel en grosse partie parce qu’il a été déforcé par l’expulsion d’un Zoran Ban à la 11e minute alors qu’il avait été provoqué par un adversaire. Le GBA a dû laisser passer Westerlo mais ne se console toujours pas d’un penalty refusé à Mutavdzic

L’arbitrage est un rude métier et le foot belge souffre de l’absence de gens suffisamment bons dans ce domaine. En partie parce que les joueurs ne savent pas à quoi s’attendre. A Genk, Frank De Bleeckere (un représentant de commerce de 34 ans), n’a pas sifflé dans un esprit de Coupe où on a quand même le droit de se bousculer un petit peu. Ghislain Hayen (un professeur de 47 ans) a sans doute plus laissé jouer à Westerlo et les Anversois le lui ont reproché…

Après Anderlecht-Standard, les premiers mots de Michel Preud’homme à la presse furent : -On a assisté à un match d’hommes. C’était un compliment à Eric Blareau (un agent Belgacom de 46 ans), sans aucun doute. Et c’est vrai que dans le type de foot prôné par l’ex-meilleur gardien du monde à Bruxelles (une défense très solide, des milieux volontaires et des avants kamikazes dans un cocktail un rien trop speedé au point de ne pas donner à Robert Prosinecki le temps de faire profiter son équipe de ses qualités), il valait mieux avoir un arbitre plus préoccupé par l’esprit du jeu que par la lettre. Mais Blareau n’a pas été bon, non plus. Il a été bien trop tolérant à l’égard de Vanderhaeghe, coupable au moins d’une agression pied en avant et de deux actes d’antijeu caractérisés mais impunis, … ce qui a permis de à Wuillot de s’en tirer seulement avec une carte jaune quand il faucha Radzinski sprintant seul vers le côté gauche du rectangle de Runje. Et de ne pas siffler la faute de Crasson sur Dragutinovic en dehors ou dans le rectangle mauve… Compensation!

La faute à Jourquin, le patron des arbitres qui aurait tendance à leur farcir la tête de trop de principes? Blareau a eu raison de laisser le match se muscler mais il y a des choses qu’il ne pouvait pas laisser passer et il l’a fait. C’est ce type d’attitude que les connaisseurs ne comprennent pas. L’arbitre ne remplit bien son rôle que quand il chevauche sans tomber la science du jeu. Le vrai drame est que la tendance actuelle est de ne plus jamais entendre : – Ah si au moins on avait eu Untel. Lui au moins, il siffle bien. Il n’y a même plus un seul Untel et c’est gravissime.

Nos arbitres n’ont plus la cote parce qu’ils n’ont plus de leaders. Leur honnêteté et leur amour de leur fonction ne sont pas en cause, mais on a la nette impression qu’ils ne sont pas bien encadrés. On ne croit pas à la théorie d’une « mauvaise génération d’arbitres ». On a plutôt tendance à se dire qu’on les a tellement drillés qu’ils ne sont plus spontanés… et ça n’est pas le but. Ce sont des acteurs du foot comme les autres. Ils doivent avoir de la personnalité sinon du génie et une contribution humaine et sensible aux matches, quitte à commettre des erreurs. Mais ils ressemblent trop à des héros de dessins animés japonais. Ils semblent avoir peur de leur ombre, comme si les audaces ne faisaient pas partie de leur vocabulaire. La remarque de Daniel Leclercq à la télé (« Ils ne disent même pas bonjour ») nous a rappelé les réflexions d’un Philippe Albert atterré en revenant d’Angleterre (« Ils se gourrent et jouent aux dictateurs »).

Ceux qui pensent qu’il faut changer la mentalité des joueurs ont une guerre de retard. L’arbitrage belge doit revoir sa copie. Et il y a du boulot. Quand les joueurs de Provinciales se plaignent, on peut toujours leur dire qu’on a les arbitres qu’on mérite. Mais ici on parle de la D1 belge. On a des Diables Rouges performants et on a organisé l’EURO 2000. On mérite mieux.

John Baete

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