Les années Collot

Sur le banc lillois, il a gagné à l’AC Milan. Dans le staff de Lyon, éliminé le Real et atteint les demi-finales de la Ligue des champions. L’ancien milieu de terrain du LOSC et ex-adjoint de Claude Puel, Patrick Collot joue aujourd’hui les T2 au RMP. Lumière sur un homme de l’ombre.

Son nom n’est pas étranger aux amateurs de Ligue 1 et aux fans de Téléfoot. Pendant onze ans et plus de 200 matchs, de Toulon à Martigues, de Martigues au LOSC, le milieu de terrain Patrick Collot a arpenté les pelouses de D1 française. Y plantant d’ailleurs toujours une poignée de buts sur sa saison. Depuis juin dernier, le natif du Vaucluse qui a appris le métier à Lille et Lyon aux côtés de Claude Puel est l’entraîneur adjoint de Mouscron Péruwelz, l’assistant de Rachid Chihab.

Né le 22 juin 1967 à Avignon et élevé non loin de là, dans le petit village d’Eyragues, Collot est la preuve vivante qu’une carrière professionnelle ne tient à rien ou presque.  » Quand j’avais 16 ans, un ami tenait à passer des tests à Toulon mais il ne voulait pas y aller tout seul « , se souvient-il.  » J’étais loin d’imaginer que devenir pro était possible mais j’ai accepté de l’accompagner. Après trois jours d’essai, ils m’ont gardé et pas lui. J’ai donc intégré le centre de formation.  »

Sans son pote, Collot serait probablement devenu comptable ( » c’est ce que j’ai étudié « ). Il n’aurait en tout cas jamais atterri dans le nord. Vécu la descente aux enfers, les trois saisons au purgatoire puis la résurrection et l’avènement des Dogues…  » Quand j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière de joueur et de raccrocher les crampons, deux ans après notre remontée en Ligue 1, j’ai intégré la cellule de recrutement du LOSC puis assuré les fonctions d’entraîneur chez les jeunes. Lorsque son adjoint Laurent Roussey est parti pour Saint-Etienne en 2006, Claude Puel lui a cherché un remplaçant.  »

Les deux hommes ont l’habitude de collaborer. Collot relève le défi.  » Le rôle d’un entraîneur adjoint ou d’un T2, appelez-le comme vous voulez, c’est d’épauler le coach principal. De valider ses choix, ses idées et son mode de fonctionnement. Il est important de constituer un bloc. De se montrer cohérent. La base reste toujours la même. Faire fonctionner au mieux un groupe et un collectif. Chacun a ses idées. Ses sensations. Mais il faut regrouper les énergies. L’entraîneur met en place. Moi, j’essaie de faire passer le message. Si je suis plus proche des joueurs ? Oui, automatiquement. L’entraîneur opère des choix, gère les compositions d’équipe. Mais après, il y a un collectif à faire vivre. Faut expliquer, discuter. Le coach n’a pas le temps pour tout ça. Je dois m’arranger pour que tout le monde se sente bien et que tout le monde comprenne notre philosophie. Tenir une certaine forme d’émulation à l’intérieur du groupe et faire jouer la concurrence.  »

Mirallas, Hazard et la carte jeunes

Pendant ses deux années sur le banc lillois, Collot a notamment sous ses ordres Kevin Miralllas et Eden Hazard.  » Tous deux m’ont laissé de très bons souvenirs « , raconte-t-il.  » Ils étaient jeunes. Devaient s’affirmer. Mais possédaient déjà énormément de talent. D’autant plus appréciable qu’ils étaient à l’écoute. Je me souviens de la première fois où on a pris Eden avec. Il avait 16 ans. On disputait un match amical à Tournai. En 20 minutes, il avait marqué, délivré un assist et éclaboussé la rencontre de toute sa classe. Pour le protéger, monsieur Puel avait déjà interdit toute interview.  »

Le médian de Chelsea effectue alors ses tout premiers pas en D1 française. Montant sur la pelouse de Nancy à seulement 16 ans, 10 mois et 18 jours…  » Eden faisait la navette entre la réserve et l’équipe pro. Nous ne voulions pas le brûler. Quant à Kevin, il a passé les deux saisons dans le groupe et participait aux entraînements quotidiennement. Il possédait déjà sa vitesse, sa frappe et son efficacité devant le but. Mais depuis, il est devenu plus complet et costaud. Il a progressé et s’est densifié.  »

Avec Puel, Collot a beaucoup appris.  » C’est un gros bosseur mais il a surtout pour particularité cette indéfectible volonté de faire confiance aux jeunes. Il leur permet de se développer. N’hésite pas à les lancer dans le football de haut niveau et sait ensuite comment les faire avancer. Il est très investi dans ces talents naissants. Il a toujours essayé de leur insuffler cette volonté de gagner, d’être le meilleur, de se surpasser. Il connaît ses hommes. Détecte leurs lacunes et a un don pour les aider à les combler. Tout le monde ne se développe pas à la même vitesse. Ça demande beaucoup de psychologie, de discussion, d’échange, de temps, de patience. Faut parfois les pousser, les secouer, les engueuler…  »

Patrick Collot marche-t-il sur les traces de son mentor dans ce rapport privilégié à la jeunesse ?  » Il est important de la tenir à l’oeil. Elle permet d’avancer, d’étoffer un groupe, de faire jouer la concurrence… Tous les entraîneurs, je pense, y prêtent attention. Mais dans le football professionnel, il y a aussi des résultats à obtenir. Des exigences à satisfaire…  »

Les joies de la Champions League

Si Patrick Collot n’a jamais remporté le championnat de Ligue 1 que ce soit en tant qu’entraîneur adjoint au LOSC ou à l’OL, la Ligue des champions lui réussit plutôt bien. Lors de la saison 2006-2007, il atteint ainsi les huitièmes de finale de la compétition avec les Nordistes en allant s’imposer au Milan AC pour terminer deuxième de sa poule et gagner le droit d’affronter Manchester United.  » Le Milan rencontrait des difficultés à l’époque. Mais pour le LOSC, son développement et les joueurs, ce fut un événement important.  »

Mieux, lors de la campagne 2009-2010, il se hisse jusqu’en demi-finale avec Lyon où Puel l’a emmené dans ses valises. Historique dans l’histoire du club.  » Le tournant, c’est quand on élimine le Real Madrid en huitième. 1-0 chez nous, 1-1 là-bas. C’était déjà un grand moment de les affronter. Les sortir était totalement inattendu.  »

Patrick Collot n’en sera pas moins viré en juin 2011 pour faute grave. Et de poursuivre l’OL, lui réclamant 561 000 euros pour licenciement abusif.  » Je ne veux pas en parler. L’affaire est encore en cours. Les prud’hommes m’ont donné raison mais le club a fait appel.  »

Loin d’avoir les dents qui rayent le parquet et les prétentions démesurées, Collot l’assure :  » Je n’ai pas de plan de carrière. Quand j’ai eu l’opportunité de devenir adjoint, je l’ai saisie. Et cette saison, Rachid Chihab m’a offert la possibilité de m’asseoir à nouveau sur un banc. Je me sens bien. Je ne déborde pas d’ambitions personnelles. A chaque fonction, il y a des avantages et des inconvénients.  »

Certains s’étonneront qu’un dernier carré de Champions League pose son sac de sport au Canonnier…  » C’est un beau projet dans lequel il y avait tout à créer. Un challenge particulièrement excitant dans le sens où pratiquement tout restait à faire. A la fin de ma carrière de footballeur, quand je suis devenu entraîneur chez les jeunes du LOSC, Rachid dirigeait l’équipe juste au-dessus de moi. On était donc déjà un peu en contact à l’époque.  »

Le football belge n’est pas une inconnue

La saison dernière, il est revenu à Lille dans la cellule de recrutement.  » J’allais voir des matchs un petit peu partout. Et notamment des rencontres de Jupiler League. Ce que je pense de ce championnat ? Il y a des équipes intéressantes. La plupart jouent crânement leur chance. Essaient d’attaquer et de marquer des buts.  »

La deuxième place de Mouscron Péruwelz au classement, juste derrière le Sporting d’Anderlecht, après six journées de championnat lui inspire surtout calme et raison.  » Il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. Nous avons réalisé des débuts prometteurs mais la saison est longue. Oui, nous nous sommes déjà déplacés chez le champion en titre et à Zulte Waregem et nous avons accueilli le Standard mais le vent dans le foot tourne très vite. Il faut continuer à progresser et à travailler en toute humilité. Pour l’instant, on réalise des choses intéressantes. On emmagasine de la confiance.  » Dimanche, le RMP tentera à Gand de dompter les Buffalos… ?

PAR JULIEN BROQUET – PHOTOS: BELGAIMAGE/ KETELS

 » Affronter les Madrilènes était déjà un grand moment. Les sortir était totalement inattendu. « 

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