Les ailes du Hainaut

Le derby hennuyer sera une revanche de la demi-finale des playoffs.

Charleroi-Mons, c’est à la fois un derby hennuyer et une répétition des demi-finales des playoffs de la saison dernière. A l’époque, les Spirous avaient éprouvé de grosses difficultés à émerger. La décision n’était tombée qu’à l’issue d’une prolongation dans la troisième manche. Depuis lors, ils sont sensiblement remodelé leur effectif. Mons, en revanche, n’a apporté que très peu de retouches. Deux hommes se sont croisés sur l’autoroute, cet été: après six années aux Halles de Jemappes, Jim Potter s’est lié pour cinq saisons à Charleroi, tandis que Wouter Dewilde, qui est toujours sous contrat avec les Spirous jusqu’en 2003, a été prêté pour une saison au club borain afin de lui permettre de récupérer des problèmes de dos dont il avait souffert en fin de saison dernière.

JIM POTTER : « JE SAVAIS QUE JE DEVRAIS ME SACRIFIER »

Comment se sont passés vos premiers mois à Charleroi?

Jim Potter: Pas trop mal. Une période d’adaptation est évidemment nécessaire. J’ai changé de club, j’ai changé de résidence. Je m’étais habitué à la vie montoise. Après six années, j’avais trouvé mes repères. D’un autre côté, je suis toujours en Belgique et j’en suis très heureux. Je me débrouille en français, une langue que mon épouse parle désormais très bien, et mon adaptation devrait être très aisée. J’avais envisagé un moment de partir en Italie ou en Espagne. Pendant toute la saison dernière, je n’avais eu aucun contact avec Charleroi, ni avec aucun autre club belge. Eric Somme et Jeannot Guilbert m’ont contacté après le dernier match des playoffs. Une semaine plus tard, j’ai reçu une très belle proposition. J’en ai discuté avec mon manager, qui m’a confirmé que les conditions étaient vraiment très intéressantes. J’ai signé pour cinq ans.

La possibilité de participer à l’Euroligue a-t-elle également influencé votre décision?

Oui. Avec Mons, j’avais participé à trois ou quatre reprises à la Coupe Korac. Mais l’Euroligue, c’est un autre niveau. J’avais envie de me mesurer à tous ces grands joueurs. J’estimais être un bon joueur, mais je ne pouvais pas en avoir la certitude sans avoir été confronté aux meilleurs. Jusqu’à présent, je n’ai pas été très brillant en Euroligue. Mais je pense que je progresserai au fil de la compétition. Athlétiquement, les joueurs que l’on rencontre en Euroligue sont impressionnants. Et toutes les équipes présentent un noyau de dix ou douze joueurs interchangeables. Nous avons été versés dans une poule très relevée. Je suis un novice à ce niveau. Louis Rowe et Roger Huggins également. Nous devons apprendre à jouer en équipe. Si nous travaillons dans le bon sens avec le coach, nous progresserons. Nous devons aussi nous mettre en tête que nous sommes capables de gagner des matches. Si nous partons battus d’avance, c’est difficile.

A Mons, vous étiez un joueur-clef. A Charleroi, vous êtes un élément du groupe.

Avant de venir à Charleroi, je m’étais promis de faire ce que le coach me demandait. Mais parfois, c’est difficile d’admettre que l’on ne jouera que 20 minutes et que l’on ne pourra tenter que 5 fois sa chance à l’anneau. Au cours des saisons précédentes, j’avais été habitué à jouer 35 minutes et à tirer 15 à 20 fois. Je suis prêt à me faire violence, car j’ai envie de gagner et je sais qu’un titre passera par un esprit de sacrifice.

Avez-vous dû modifier votre jeu à Charleroi?

Légèrement. A Mons, je jouais généralement en position n°4. Ces deux dernières années, je suis devenu un n°3/4. C’est difficile pour moi d’inscrire beaucoup de points en position n°3. A Charleroi, je joue aussi souvent en n°3, mais… je n’ai pas besoin de marquer à tout prix. L’objectif, lorsque je joue en n°3, est de créer un mismatch (une différence de taille entre deux adversaires directs) ou d’aider l’équipe d’une autre façon. Je dois encore progresser dans ce nouveau rôle.

Le jour où tout s’emboîtera parfaitement, Charleroi ne sera-t-il pas trop fort pour la Belgique?

J’espère qu’il en sera ainsi. Mais il ne faut pas sous-estimer le championnat de Belgique. Des équipes comme Mons, Anvers, Bree et Ostende peuvent nous battre sur un match. Même Pepinster est capable de créer l’exploit. Evidemment, en finale des playoffs, il faut gagner trois matches.

Charleroi n’a donc pas le droit à l’échec?

Il y a tellement de talent dans l’équipe, tellement de joueurs dans laquelle la direction a investi énormément d’argent, que nous sommes pratiquement condamnés à gagner.

Vous attendez-vous à un match serré, ce week-end?

Mons est une très bonne équipe. Je dirais même: une grande équipe en devenir. Les matches entre les deux équipes ont toujours été très serrés. Je m’apprête en tout cas à vivre un moment très émouvant. J’ai encore joué avec Yves Defraigne et Jurgen Van Meerbeeck, les deux coaches. Ils font du très bon boulot. Je connais encore très bien la plupart des joueurs et des supporters. Je me demande comment je réagirai.

Vous avez toujours entretenu une relation spéciale avec Charleroi.

C’est vrai. J’ai disputé mon tout premier match de championnat de Belgique contre Charleroi, voici six ans, et j’avais à l’époque inscrit le panier victorieux à la dernière seconde. C’est aussi contre Charleroi que j’ai disputé mon dernier match sous le maillot de Mons. J’étais très déçu à l’issue de troisième manche de la demi-finale des playoffs. Ce fut à la fois l’un des sommets de ma carrière et l’une de mes plus grosses désillusions. J’étais déçu pour moi-même, mais aussi pour les supporters, car nous étions passés si près de l’exploit. Je conserve des souvenirs extraordinaires de ma période montoise, mais en fin de compte, je voyais toujours les récompenses filer dans d’autres mains. C’était très frustrant.

WOUTER DEWILDE : »A MONS, LE DANGER PEUT VENIR DE PARTOUT »

Comment vous étiez-vous blessé, la saison dernière?

Wouter Dewilde: En allant au rebond offensif, un adversaire est passé en dessous de moi et je suis retombé sur le dos. J’ai ressenti une douleur dans la jambe. Je savais déjà de quoi je souffrais, car j’avais ressenti les mêmes symptomes précédemment. On a essayé de me guérir par toutes sortes de moyens, mais j’ai finalement dû me résoudre à me faire opérer. Je suis demeuré sept à huit mois sans toucher un ballon. Quatre mois après l’opération, j’ai entamé ma rééducation. J’ai beaucoup nagé pendant l’été, à tel point que mes équipiers m’ont surnommé Fred Deburghgraeve. Le mollet gauche était très affaibli. Je ne pouvais plus ni courir, ni sauter. Actuellement, je continue à travailler la musculature du mollet. Je fais encore de la natation une fois par semaine, avec une palme, afin de provoquer des contractions du mollet. Au cours des deux ou trois derniers matches, j’ai commencé à retrouver mes sensations. Je ne suis pas encore à 100%, mais je progresse. Je loupe encore beaucoup de tentatives à l’anneau, mais j’essaye davantage de pénétrer que par le passé. En quelque sorte, j’ai varié mon jeu. Ce n’est pas plus mal: l’adversaire éprouve plus de difficultés à défendre sur moi. Le coach Defraigne m’encourage d’ailleurs dans ce sens: il affirme que je dois retrouver le jeu qui était le mien à l’époque où j’étais encore Junior et ne plus compter exclusivement sur mon tir. Ces deux dernières années, j’étais devenu un pur shooteur.

Lorsque vous avez dû quitter Charleroi, en fin de saison dernière, vous étiez un peu déçu à l’idée que ce soit éventuellement un aller-simple.

J’étais surtout inquiet pour l’évolution de ma blessure. Je n’étais pas certain de pouvoir retrouver toutes mes facultés. Jusqu’ici, ma carrière avait suivi une courbe ascendante: Gand, Wevelgem, Charleroi. Si je dois reculer d’un échelon, comme c’est le cas avec Mons actuellement, pour mieux rebondir par la suite, je n’y vois aucun inconvénient.

Giovanni Bozzi affirme que vous êtes l’un des joueurs les plus doués qu’il ait eu sous sa direction.

Je ne veux pas paraître prétentieux, mais peu de joueurs seraient capables de faire ce que j’ai fait à 24 ans dans un club comme Charleroi. Lorsqu’on a 30 ans et qu’on s’appelle Jim Potter ou Roger Huggins, c’est différent. Pour un jeune, ce n’est pas évident de s’imposer dans un club pareil. A fortiori lorsqu’on est flamand et qu’on doit quitter son environnement familial pour s’établir en Wallonie. J’ai joué de bons matches, alternés avec de moins bons. Mais le bilan d’ensemble était très satisfaisant. Je suis certain que, si j’étais resté trois ans comme cela aurait été le cas sans cette blessure, j’aurais continué à progresser.

Espérez-vous retourner un jour à Charleroi?

Pour être honnête, j’espère surtout jouer un jour à l’étranger. Le niveau du championnat de Belgique a beaucoup progressé ces dernières années, et si un club comme Charleroi devait constituer l’apogée de ma carrière, j’en serais très heureux. Mais je suis ambitieux et je veux voir plus loin. Et puis, Mons est aussi une bonne équipe, avec un bon entourage et un bon comité, qui mérite assurément une place parmi le Top 3. Le club essaye de progresser chaque année. Si je peux grandir avec lui, j’en serais très heureux également. Mons ne m’a pas mis trop de pression: chacun sait, ici, que j’ai besoin de temps retrouver mes sensations. Le staff médical s’occupe parfaitement de moi. Je suis certain que nous pouvons rivaliser avec la plupart des équipes belges. L’ossature de la saison dernière est toujours là. C’est en misant sur la continuité qu’Anvers est devenu champion en 2000. Mons va dans la bonne direction.

Comment voyez-vous le match de ce week-end?

Au niveau des tirs extérieurs, nous sommes plus forts que Charleroi. Les Spirous sont probablement plus costauds dans la raquette. Mais, si nous pouvons imposer notre rythme, nous avons nos chances.

La saison n’a pas mal commencé pour Mons.

Une qualification pour les quarts de finale de la Coupe de Belgique aux dépens d’Ostende et une accession aux poules de la Coupe Korac: ce n’est pas mal, en effet. Le danger, dans notre équipe, peut venir de partout. C’est tantôt Matthias Desaever, tantôt Gary Collier et tantôt George Evans qui fait la différence. Quand ce n’est pas Ronny Bayer. En championnat, nous ne nous sommes inclinés face à Anvers qu’après deux prolongations. L’appétit vient en mangeant. Je veux vivre avec Mons les mêmes joies que la saison dernière avec Charleroi: à savoir, une finale des playoffs et une finale de Coupe de Belgique. En espérant remporter l’un de ces deux trophées. Je veux aussi aller le plus loin possible en Coupe Korac. Et j’espère surtout me trouver sur le terrain lors de l’apothéose.

Daniel Devos

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