» LES AIGLES ONT DOMINÉ LES LIONS « 

Avant d’évoquer les quarts de finale, un mot sur les équipes éliminées en poules.

La grande surprise, à ce niveau, c’est évidemment l’élimination de l’Egypte, quatre fois vainqueur de cette compétition. Les Pharaons ont payé un lourd tribut à la défaite plutôt surprenante qu’ils ont subie lors du match face à l’Algérie. Je les ai trouvés très mous alors qu’ils auraient dû être logiquement survoltés devant cet adversaire qui les avait privés de participation à la Coupe du Monde 2002 au profit du Sénégal.

Hormis l’Egypte, avez-vous relevé d’autres évictions surprises ?

Peut-être l’Afrique du Sud, même si, comparativement à l’Egypte, la concurrence dans sa poule était plus coriace avec le Nigeria et le Maroc. Les Bafana Bafana éprouvent des difficultés, manifestement, à renouveler leurs cadres. La preuve par la présence, dans leur effectif, de plusieurs joueurs qui avaient remporté la Coupe d’Afrique des Nations à Johannesbourg, en 1996, comme le gardien André Arendse, ou encore John Shoes Moshoeu, la trentaine largement entamée. Roi du terrain sur ses terres, il y a huit ans, celui-ci, n’est plus parvenu à mettre sur orbite la division offensive pourtant composée de deux bons manieurs de ballons : Sibusiso Zuma et Siyabonga Nomvete, l’attaquant de l’Udinese. Et ce qui vaut pour l’Afrique du Sud, dans le groupe D, était d’application aussi dans le B, avec le Burkina Faso où jamais Moumouni Dagano et son compère de Montpellier, Abdoulaye Cissé, n’ont hérité de bons services de la part de leur ligne médiane.

De tous les nouveaux venus à la CAN, seuls les Ecureuils du Bénin, que vous avez dirigés en phase qualificative, n’ont pas engrangé le moindre point.

Ce n’est sans doute pas anormal dans la mesure où l’opposition était très forte pour eux avec l’Afrique du Sud, le Maroc et le Nigeria. Le Rwanda a eu davantage de chance puisque le hasard du tirage au sort l’a opposé au Congo, une nation où tout a dû être repensé ces dernières années sur le plan footballistique. Dans un combat entre démunis, l’orgueil rwandais l’a finalement emporté. Quant au Zimbabwe, troisième invité, surprise, il a eu la chance lui aussi, de son côté, lors de son dernier match de poule contre des Algériens subitement tétanisés par l’importance de l’enjeu, vu leur qualification possible en quarts au détriment de l’Egypte.

Dès samedi passé, les quarts de finale ont donné lieu à des résultats surprenants.

Exact, dans la mesure où jamais la Guinée n’aurait dû être battue par le Mali. Pour moi, la découverte de cette CAN, c’est cette équipe guinéenne qui, comme je l’ai dit précédemment, s’articule sur un potentiel offensif extraordinaire avec Titi Camara, Pascal Feindouno, Souleymane Youla, Fodé Mansaré et Sambegou Bangoura. C’est incompréhensible que cette formation n’ait marqué qu’un but face au Mali alors qu’elle a hérité d’une demi-douzaine d’occasions franches. Le malheur pour elle, c’est que sa défense et son gardien, Kemoko Camara, n’étaient pas à la hauteur.

Dans le deuxième match, la Tunisie l’a emporté sans discussion face au Sénégal.

On a vu à cette occasion toute la différence entre une phalange qui a faim de résultats, la Tunisie en l’occurrence, et une autre singulièrement repue car gavée de bonnes prestations à la CAN 2002 et aux Championnats du Monde la même année. Ces Lions-là sont manifestement rassasiés.

Dimanche, le Nigeria a créé la sensation du tournoi en évinçant le favori, le Cameroun.

Après les Aigles de Carthage, qui ont dominé les Lions de la Teranga, les Super Eagles ont fait de même face aux Lions Indomptables. Dans ce cas-ci aussi l’envie était beaucoup plus grande chez les Nigérians, soucieux sans nul doute d’effacer leur défaite en finale de l’épreuve face à ces mêmes Camerounais en 2000. Tactiquement, la bande à Nwankwo Kanu a livré un match parfait avec un Jay-Jay Okocha remarquable en tant qu’homme-orchestre.

Le derby maghrébin entre le Maroc et l’Algérie est allé aux extra-times. Avec une victoire des représentants de l’Atlas.

Comme il fallait le redouter, ce match a davantage valu par son âpreté, pour ne pas dire plus, que par son académisme. Les limites de la bienséance ont été franchies à plus d’une reprise et ce constat s’est d’ailleurs vérifié dans bon nombre d’autres parties aussi lors de cette phase finale. On nous a bien changé la CAN, qui était souvent synonyme par le passé de football spectaculaire et de sportivité. Cette fois, l’enjeu a manifestement pris le pas sur le jeu. Et c’est dommage. n

Propos recueillis par Bruno Govers

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