Les aces de 2003 TORSES bombés

Elles sont Russes et on les retrouve entre la 7e et la 35e place mondiale au dernier classement de l’année, ce qui constitue la plus forte représentation nationale. Elles affichent toutes un style de jeu similaire, fait de puissance et de détermination qu’elles ont acquis pour la plupart dans leur pays natal. Certaines, comme Maria Sharapova, ont émigré dès leur plus jeune âge vers les Etats-Unis parce que leur talent ne trouvait pas en Russie l’encadrement suffisant pour éclore. D’autres, comme Svetlana Kuznetsova ou Lina, Krasnoroutskaya choisirent l’Espagne ou la France comme terre d’accueil pour les mêmes raisons.

S’entretenir avec elles débouche sur le même constat de volonté farouche de percer. Ne leur parlez pas de peur, elles ne la connaissent pas. Se retrouver sur les courts principaux d’antres mythiques comme Roland-Garros ou Wimbledon ne sont que des occasions de prouver au monde leur vraie valeur.

Pour elles, l’inspiration coule de source et a pour nom Anna Kournikova. Même si elle n’a que 22 ans et n’a jamais gagné le moindre tournoi WTA. Aujourd’hui retombée à la… 309e place mondiale, la sulfureuse Anna, dont on annonce comme toujours plus imminente la fin de carrière, aura au moins laissé à la discipline qui l’a rendue multimillionnaire un héritage dont elle peut être fière.

Comme pour de nombreux autres secteurs, l’émergence du tennis féminin soviétique trouve ses racines dans la politique. Dans la Russie post-communiste, un homme éleva le tennis en art permettant de combattre le stress. Cet homme n’est autre que le président de l’époque, Boris Eltsine. Sentant le besoin d’avoir son propre entraîneur, ce féru de la raquette ne visa rien d’autre que le sommet. Pour parfaire son coup droit qui laissait fortement à désirer, il recruta Shamil Tarpishev, le responsable de la fédération russe de tennis, aujourd’hui capitaine de Fed Cup.

Cette guidance fut suivie de généreuses donations envers un sport en général, et un club en particulier : le Spartak Club de Moscou, plus connu pour son club de football, et aujourd’hui affublé du surnom d’entreprise Kournikova. L’afflux de jeunes joueuses vers les courts de tennis déboucha sur la situation actuelle.

Lorsqu’on lui demande d’expliquer ce qui pourrait expliquer cet incroyable essor, Maria Sharapova, la plus jeune et sans doute celle qui est promise au plus bel avenir, répond sans ambages :  » Elles sont toutes fortes tant physiquement que mentalement. A la fin de la journée, elles sont toujours partantes pour une heure d’entraînement supplémentaire « .

Qui est la meilleure ?

Née en Sibérie, Sharapova n’a qu’un souvenir très flou de Sotchi, la ville natale de Yevgueny Kafelnikov, où ses parents l’emmenèrent à l’âge de 2 ans. Criant sa soif de victoires sur chaque balle, celle qui rappelle aujourd’hui furieusement Monica Seles trouva dès l’âge de neuf ans refuge au sein de l’académie Bollettieri en Floride. Pour accompagner sa fille, Yuri, le paternel, obtint un visa de travail aux Etats-Unis. Malheureusement, la mère ne reçut pas ce privilège et la jeune Maria fut séparée d’elle pendant deux ans.

C’est au cours d’une exhibition à Moscou en compagnie de Martina Navratilova que le potentiel de Sharapova, alors âgée de 6 ans à peine, fut repéré. L’ancienne reine du tennis féminin fit jouer ses relations et en un coup de baguette magique, elle se retrouva au sein d’un des cercles les plus réputés de la planète.

Sa percée au plus haut niveau, elle l’entreprit le 18 mars 2002 lorsqu’elle apparut pour la première fois sur les tablettes de la WTA à la 532e place mondiale. Trois titres ITF (les plus bas sur l’échelle des tournois féminins) vinrent très vite orner son curriculum vitae. Un peu plus d’un an plus tard, à la faveur d’une demi-finale atteinte au mois de juin à Birmingham où elle sortait des qualifications, Sharapova fit une entrée remarquée dans le top 100.

Wimbledon s’annonçait sous les meilleurs auspices pour cette fille affichant une silhouette de pin-up et elle se joua tour à tour d’ Ashley Harkleroad, de sa compatriote ElenaBovina et surtout de la Yougoslave Jelena Dokic avant de trébucher en huitième de finale sur Kuznetsova et de devenir seulement la quatrième joueuse invitée (elle avait reçu une wild card) à atteindre un pareil stade à Londres. Qu’importe : en un peu plus d’une semaine, Sharapova gagna 35 places et se retrouva classée 56e au classement WTA.

Demandez-lui jusqu’où elle croit pouvoir aller et vous vous exposez forcément à une réponse missile :  » J’ai toujours voulu être n°1 mondiale. C’est mon rêve depuis que je suis gamine. Je sais ce dont je suis capable. Je monte à chaque fois sur le court pour donner le meilleur de moi-même « .

Avec cinq joueuses (Sharapova, Vera Zvonareva, Kuznetsova, Elena Dementieva et Anastasia Myskina) en huitièmes de finale, Wimbledon permit d’admirer de près cette nouvelle génération de filles venues du froid. Au sujet de Zvonareva, le public averti se souviendra qu’elle avait éliminé Venus Williams à Roland Garros au terme d’un match époustouflant de bravoure et de jusqu’au-boutisme. Epuisée, elle avait ensuite échoué face à Nadia Petrova, qui avait elle-même donné beaucoup de fil à retordre à Kim Clijsters en demi-finales.

Quant à Dementieva et Myskina, ce n’est pas un hasard si elles sont les deux poupées russes à occuper le top 10. Classée huitième mondiale, Dementieva affiche un gabarit où se mêlent grâce et puissance. Si elle possédait une deuxième balle de service plus performante, elle pourrait viser plus haut encore. Septième à l’échelle des valeurs, Myskina est cette fille qui s’offrit le scalp de Justine Henin en finale à Leipzig et qui enchaîna la semaine suivante par un succès chez elle à Moscou. Entraînée par un Allemand qui est également son fiancé, cette brunette aux yeux bleus que l’on a déjà pu voir en tenue légère dans des magazines branchés n’abdique jamais. Ses coups frappés à plat en font une redoutable attaquante de fond de court mais son mental est encore trop friable dans les moments délicats pour réussir à se maintenir au plus haut niveau.

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