Les 4 clefs

Les Allemands détiennent d’autres atouts que la présence de Ruud van Nistelrooy à la finition… mais aussi un gros point faible.

« H amburg meine Perle, du wunderschöne Stadt, du bist mein Zuhaus, du bist mein Leben « . Si l’esprit Standard est réputé, on peut en dire de même pour l’histoire d’amour qui unit Hambourg et ses nombreux supporters, impressionnants quand ils chantent :  » Hambourg, mon joyau, ma cité merveilleuse, tu es ma maison, tu es ma vie « . Là-bas, on ne parle plus que des deux matches d’Europa League qui opposeront Hambourg et le Standard, le 1er avril en Allemagne et une semaine plus tard à Sclessin. Ce club référence de Bundesliga se méfie de cette double confrontation car il mesure que le boulet de l’élimination a failli les emporter en huitièmes de finale contre Anderlecht.

Pour passer ce cap, le Standard devra, lui, résoudre quatre problèmes et se méfier d’un carré de joueurs incontournables.

1re clef : bloquer David Jarolim

L’international tchèque ne paye pas de mine mais il est la plaque tournante de Hambourg. David Jarolim n’est pas du tout un inconnu en Allemagne. L’ancien médian du Slavia Prague (30 ans) a évolué au Bayern Munich (1997-2000) et a décroché deux titres et deux Coupes d’Allemagne. Après un passage à Nuremberg (2001-2003), il s’est installé dans la ligne médiane d’Hambourg. Ses statistiques en Bundesliga, avant le match de dimanche passé, contre Schalke 04, en disent long sur sa force de travail. Il règle à la fois la circulation et la récupération du ballon. Rien ne serait identique sans la production phénoménale de ce milieu défensif. Jarolim a signé 79 tackles en 25 matches de championnat, commis 59 fautes mais, et c’est important, les adversaires ont commis 84 agressions sur lui.

Ce dernier chiffre signifie que Jarolim est sans cesse à la man£uvre et qu’il soutient activement sa division offensive. Sur ses 1.422 passes, il en a réalisées 556 dans son camp et 866 dans la surface adverse. En plus de ses duels gagnés (56,9 %), cela lui a permis de marquer 5 buts (+ 4 assists) en championnat.

Jarolim convient particulièrement à la philosophie du coach d’Hambourg, Bruno Labbadia. Il est un des joueurs qui touchent le plus de ballons en Allemagne (le 9e de la Bundesliga). Avec lui, Hambourg cherche d’abord à produire du jeu, à marquer un but de plus que son adversaire.

Cette équipe tente de le faire, souvent avec succès, à la maison mais ne change généralement pas son fusil d’épaule loin de ses bases. Hambourg est également animé par le souci de marquer à l’extérieur. Quelques résultats réalisés lors de ses récents voyages européens le prouvent à suffisance : 1-5 à Guingamp, 0-1 au Celtic, 4-3 à Anderlecht. Hambourg n’est donc pas une équipe défensive. Elle ne se contente jamais de préserver un résultat. Et, dans ce contexte, c’est peut-être d’abord à la HSH Nordbank Arena que le Standard devra accomplir le plus grand pas vers la qualification. Si les Liégeois doivent trop redresser le tir à domicile, ce sera compliqué comme cela a été prouvé à Anderlecht.

2e clef : isoler Ruud van Nistelrooy

Le transfert de Ruud van Nistelrooy (33 ans déjà, ex-FC Den Bosch, Herenveen, PSV, Manchester United, Real Madrid) a évidemment suscité la sensation. A 33 ans, le Néerlandais a marqué des buts partout (36 buts en 64 matches avec l’équipe nationale, 75 buts en 91 matches au PSV, 150 buts en 219 matches à Manchester United, 61buts en 93 matches au Real Madrid). On comprend pourquoi le public de Hambourg s’est vite amouraché de cet attaquant de 1,88 m.

Un geste suffit à illustrer son rôle et à expliquer pourquoi Hambourg a été le chercher en Espagne. Contre Anderlecht, à domicile, il a émergé dans le rectangle de Silvio Proto pour réaliser un but de classe mondiale. Labbadia était particulièrement heureux. Il connaît mieux que personne les statistiques de son équipe. Hambourg est une des formations de Bundesliga qui soigne le mieux son jeu de passes (79,4 % des ballons arrivent à bon port, seuls le Bayern Munich et Wolfsburg font mieux). Cette possession du ballon est exploitée positivement par chaque joueur. Même si Zé Roberto et Mladen Petric sont les plus concrets en championnat, 13 autres joueurs ont marqué.

Ainsi, Marcell Janssen est régulièrement au canon (5 buts, 4 assists sur les 19 derniers buts de son équipe) alors que ce n’était pas spécialement dans ses habitudes quand il militait au Bayern Munich (33m). Encore une preuve de la philosophie de Labbadia : tout le monde peut attaquer. Et cette équipe manie très bien la poudre à distance.

Pourtant, cet éventail d’atouts cache une faiblesse étonnante : Hambourg n’a marqué que trois buts de la tête en championnat. C’est une véritable misère en championnat et Hambourg partage ce record négatif avec Hanovre. Ce club a inscrit 18 buts en tirant de loin. Labbadia devait résoudre ce problème de présence devant le gardien de but adverse. Van Nistelrooy constitue évidemment la solution idéale. Au cours de sa carrière, il a inscrit 98 % de ses buts dans la surface de réparation adverse. Van Nistelrooy sait ce qui lui reste à faire. S’il parvient à résoudre ce problème, Hambourg multipliera ses forces offensives de façon considérable. L’homme est un sacré professionnel. Même s’il a signé un coup d’éclat contre Anderlecht, il manquait encore un peu de temps de jeu. C’est un détail qu’il aura amélioré avant d’affronter le Standard.

3e clef : exploiter la faiblesse de la défense

Hambourg détient beaucoup d’atouts mais présente d’autres faiblesses que son absence offensive dans le rectangle adverse. En championnat, ce club a encaissé 70 % de ses buts en deuxième mi-temps. Seuls Hertha Berlin et Fribourg sont encore moins brillants dans ce relevé. Hambourg a laissé filer 18 points en championnat après avoir mené à la marque. Encore plus étonnant : Hambourg a encaissé 12 de ses 30 buts de la tête. Cela signifie que David Rozehnal (1,92m) et Joris Mathijssen (1,82m) et leur gardien Frank Rost (1, 94m) ne maîtrisent pas du tout cette spécialité défensive. C’est la plus mauvaise DCA de Bundesliga.

Faiblesse importante que des Igor de Camargo et Dieumerci Mbokani devraient exploiter. La vérité passera peut-être par les duels aériens. Cette faiblesse prouve une fois de plus que Hambourg fait passer le travail défensif après tout le reste. Et toujours dans ce contexte de désir offensif, le Standard a probablement intérêt à multiplier les duels d’homme à homme. Après avoir récupéré le ballon, il faudra plonger très vite dans les espaces libérés par l’équipe adverse. C’est la spécialité de Milan Jovanovic qui devrait poser mille problèmes à cette défense qui préfère jouer haut et qui pourrait se brûler les ailes comme contre Anderlecht. C’est le maillon faible de l’équipe. Si Mbark Boussoufa avait joué à Hambourg, c’est probablement Anderlecht qui se serait retrouvé face au Standard en quarts de finale de l’Euro League…

4e problème : se méfier de Mladen Petric

A 29 ans, Mladen Petric est un joueur de grande classe. Vif et concert, il grille régulièrement les arrières adverses. Ancien joueur de Baden, Grasshopper Zurich, FC Bâle et Borussia Dortmund, il est arrivé à Hambourg en 2007. Il a joué 34 fois en équipe nationale croate (11 buts dont un à Wembley le 21 novembre 07, victoire des Croates 3-2) et la légende se souvient de son exploit sortant du commun le 23 novembre 2006. En Coupe de l’UEFA, le gardien de but de Bâle, Franco Costanzo est expulsé à la 91e minute après avoir provoqué un penalty pour Nancy. Petric prend place dans la cage et stoppe le penalty tiré par Michaël Chrétien.

Mais Petric est avant tout un attaquant qu’on ne peut pas quitter de l’£il. Il l’a prouvé à Anderlecht même si ses statistiques ne sont pas foudroyantes en championnat avec six buts seulement (1 assist) en 20 matches de championnat avant la dernière journée. L’apport de van Nistelrooy lui convient car l’attention se focalise beaucoup sur le grand Néerlandais et Petric saura en profiter de plus en plus souvent. Ce duo a tout pour être terriblement complémentaire.

par pierre bilic