LES 3 COUPS

Plus ouvert et donc plus prometteur que jamais, le championnat NBA reprend ses droits dès mardi prochain.

Le succès de la National Basketball Association est indiscutable. Au cours de la saison écoulée, elle a déplacé quelque 20.283.156 personnes dans ses 29 stades. Et un million et demi de plus ont suivi les playoffs. Tout ce petit monde représente une moyenne supérieure à 18.000 spectateurs par match. Des chiffres qui laissent rêveur. Sa portée internationale est à l’avenant. Diffusées dans 212 pays, ses rencontres ont séduit 3,1 milliards de téléspectateurs. Elle est devenue une véritable multinationale au sens commercial très aiguisé.

Un best seller hyper médiatisé au mix soigneusement étudié : des flamboyantes megastars nationales, un nombre croissant de joueurs étrangers et des rookies de plus en plus jeunes immédiatement montés en épingle pour assurer la pérennité de ce sacro-saint vedettariat attirant et donc vendeur.

Les frères ennemis se séparent

Dans les travées du basket américain, on est heureux et soulagé de voir le championnat regagner le haut de l’affiche. Heureux parce qu’il est plus que jamais la référence mondiale et qu’il s’annonce très disputé. Soulagé parce qu’il va enfin éluder le camouflet reçu à Athènes où la sélection nationale n’a décroché que le bronze. Après 12 médailles d’or conquises en 14 Olympiades et un extraordinaire bilan de 109 victoires contre 2 défaites, le Dream Team s’est mué en Scream Team (trad. : équipe hurlante) en tombant (bien bas) contre Porto Rico, la Lituanie et l’Argentine. Après ce low, place donc au show…

Une fois de plus, ce sont les célèbres Los Angeles Lakers qui firent la une lors de l’entre-saison. Sèchement battus (4 victoires à 1) en finale par les Detroit Pistons, on les sentait prêts à subir quelques secousses. Mais on ne s’attendait pas à un tremblement de terre. La plus grande perte de l’équipe est sans aucun doute Shaquille O’Neal qui, mieux que quiconque, incarnait tout le caractère showbiz qui entoure les Lakers. Le géant passe du bord de l’océan Pacifique à celui de l’Atlantique en rejoignant la Floride, l’état de ses débuts professionnels. Mais avec l’âge, ce n’est plus dans la ville de Mickey qu’il échoue mais un peu plus au sud, à Miami. C’est sa rivalité déclarée avec Kobe Bryant qui lui doit cette traversée continentale. Les deux hommes ne pouvaient plus vivre ensemble et c’est au richissime propriétaire des Lakers, Jerry Buss, qu’échut la responsabilité d’éliminer un des deux antagonistes. Au passage, il décida également des départs de Derek Fisher chez les Golden State Warriors et de Gary Payton vers Boston. On s’attend aussi à l’évanescence du bon Karl Malone qui pourrait choisir une autre destination ou une retraite bien méritée après une magnifique carrière longue de 19 saisons.

Même s’il avait donné des signes de lassitudes, on s’étonne tout de même de la mise à l’écart de l’entraîneur Phil Jackson au profit de Rudy Tomjanovich qui vient de passer les… 32 dernières saisons au service des Houston Rockets. Une poussée dans le dos qui a scandalisé le Shaq en personne : » Phil nous a amenés quatre fois en finale au cours des cinq dernières saisons. Il est le coach le plus efficace de toute l’histoire de la NBA (72,5 % de victoires) et les Lakers veulent le remplacer. C’est comme quitter Jennifer Lopez pour une fille d’1,50 m. qui pèse 200 kg !  »

Jackson, phil… osophe, n’en fait pas un plat. Après 14 ans de coaching (9 à Chicago avec 6 titres nationaux et 5 à L.A. avec 3 titres), il s’est retiré au Montana où dans la douce quiétude campagnarde de son ranch, il s’adonne à faire du bruit en passant sans transition de sa batterie à sa Harley Davison. En guise de révérence, il vient de signer un livre au titre approprié ( La dernière saison) dans lequel il explique de manière très détaillée les difficultés à comprendre et à contrôler le pétulant Kobe Bryant… auquel revient la lourde tâche de devenir le vrai leader de l’équipe, renforcée par les venues des monnaies d’échange contre O’Neal : Lamar Odom, Brian Grant et Caron Butler, du jeune Slovène Sasha Vujacic (20 ans û 14,4 points par match) en provenance d’Udine et du vétéran revenant Vlade Divac (36 ans û 2,16 m.), chargé de reprendre le rôle du Shaq.

Le point à l’Ouest

Malgré ces mouvements, les bookmakers pointent encore les Lakers aux avant-postes de la Western Conference qu’ils devraient dominer en compagnie des San Antonio Spurs qui ont resigné Manu Ginobili pour 6 ans (52 millions de dollars) et attiré le garde Brent Barry de Seattle pour assurer leurs tirs à distance.

Minnesota semble faire l’unanimité cette saison, principalement grâce à leur expérience et la stabilité de leur noyau. Bâtie autour de Kevin Garnett, le meilleur joueur du championnat 2003-2004, l’équipe peut compter sur des anciens de grand calibre : Latrell Sprewell, Sam Cassell, Tory Hudson, Fred Hoiberg, Wally Szczerbiak… Elle entend que Michael Olowokandi, le premier choix du draft 1998, puisse enfin jouer à son meilleur niveau.

Phoenix devrait renaître de ses cendres grâce à l’appoint du Canadien Steve Nash, le passeur de Dallas, de retour dans le club de ses débuts. Les Suns ont aussi attiré Quentin Richardson qui a signé une très belle saison l’an dernier pour le compte des L.A. Clippers (17, 2 pts et 6, 4 rebonds de moyenne).

Deux autres équipes méritent de figurer au rang des favoris de la série : Utah et Sacramento. Au cours de leur premier exercice sans le duo magique Karl Malone et John Stockton l’an dernier, les Jazz ont souvent joué de manière décousue. Cela ne les a pas empêchés de passer tout près des playoffs. Cette saison, ils ont décidé d’épauler leur joueur-vedette, le Russe Andrei Kirilenko, le phénoménal homme à tout faire de l’équipe dont il est le recordman des points (16,5), des rebonds (8,1), des interceptions (1,9) des blocks (2,7) et de la moyenne de jeu (37,1 min.). Il pourra désormais compter sur Carlos Boozer (Cleveland Cavaliers) et le Turc Mehmet Okur (Detroit Pistons) ainsi que sur deux rookies prometteurs : Kris Humphries (Minnesota State University) et Kirk Snyder (Nevada State University).

La saison 2003-2004 fut mi-figue mi-raisin pour Dallas. L’équipe a atteint les playoffs mais véritablement au forceps puisqu’elle n’a gagné que 52 matches sur 81 avant de tomber au premier tour (4-1) face à Sacramento. Les Mavericks ont certes perdu Steve Nash, Antawn Jamison (Washington Wizards) et Antoine Walker (Atlanta Hawks), mais ils ont acquis une flopée de joueurs de talents dont Jerry Stackhouse (Washington), Jason Terry (Atlanta) et Erick Dampier (Golden State) pour soutenir leur colonne vertébrale composée du marqueur Dirk Nowitzki (21,8 pts) et de Michael Finley.

Il ne faut pas oublier de citer Houston parmi les équipes à suivre. Principalement grâce à l’arrivée du meilleur scoreur des deux dernières saisons, Tracy McGrady, tout heureux de quitter Orlando, la lanterne rouge 03-04 qui reçoit en contre partie Steve Francis et de Cuttino Mobley.

Last but certainly not least, Sacramento. Les Kings pourraient faire honneur à leur nom. Ils vont en effet aligner le cinq de base le plus talentueux et le plus soudé de tout le pays, à l’exception peut-être de celui de Détroit. Voyez plutôt : Chris Webber, le Monténégrin Peja Stojakovic, Mike Bibby, Brad Miller et Doug Christie.

A l’Est, du nouveau

Le champion en titre, Détroit, a de fortes chances de réussir à nouveau sa saison. Après avoir goûté avec avidité aux joies de la victoire, Joe Dumars, le président des opérations s’est rapidement remis au travail. Avec succès, puisqu’il est parvenu à conserver le noyau de l’équipe û et donc la belle unité qui fait sa force û et à attirer deux joueurs importants : Antonio McDyess et Carlos Delfino. Après avoir été miné par une tendinite tenace la saison dernière, partagée entre New York et Phoenix, McDyess, devenu free agent, a paraphé un contrat de 4 ans (23 millions de dollars) avec les Pistons. Drafté par Détroit il y a deux ans, l’Argentin Delfino a passé la saison dernière à faire ses griffes en Italie (Skipper Bologne). Désormais aguerri, il a signé pour trois ans.

Derrière Détroit, pointent essentiellement Indiana, Miami et New York.

Auteurs d’un joli parcours tant en championnat (meilleure équipe, la seule avec plus de 60 victoires) qu’en playoffs où ils ne tombèrent qu’en demi-finales face au futur champion, les Pacers possèdent tous les ingrédients pour faire tout aussi bien et qui sait arriver en finale : une défense de fer, de la jeunesse et un banc talentueux. Le tout articulé autour de Jermaine O’Neal, Ron Artest et la nouvelle recrue Stephen Jackson (Atlanta Hawks).

Miami croit dur comme fer qu’une hirondelle peut faire le printemps. Pour preuve, les paroles d’ Eddie Jones, un des anciens, en parlant de l’équipe et de ses chances pour 2004-2005 :  » On a acquis Shaquille O’Neal. Il n’y a rien d’autre à ajouter !  » L’intéressé dit avoir faim de basket, de victoires et du titre. Il va falloir s’en méfier. Toute l’équipe, à commencer par Rasual Butler et Udonis Haslam, sera à son service.

Depuis qu’il a rejoint New York en qualité de président des opérations, l’ancien joueur de Detroit, Isiah Thomas n’arrête pas de tout chambouler. Pour le meilleur plutôt que pour le pire, heureusement. La saison dernière, les Knicks ont même atteint les playoffs (battus 4-0 contre leur voisins de New Jersey). Il avait ramené au bercail Stephon Marbury autour duquel s’articulera l’équipe renforcée à l’entre-saison par deux jeunes et grands talents venus en ligne droite de Chicago : Jamal Crawford et Jerome Williams.

Les jeunes pousses

La saison dernière, la draft a révélé trois très jeunes rookies tout bonnement exceptionnels : LeBron James (19 ans û 2,03 m.) enrôlé par les Cleveland Cavaliers, le Monténégrin Darko Milicic (19 ans, 2,13 m.) choisi par les Detroit Pistons et Carmelo Anthony (20 ans û 2,03) embrigadé par les Denvers Nuggets.

Tous trois se sont rapidement imposés dans leurs clubs respectifs et sont même devenus des grands noms de la NBA. Il n’est pas hasardeux de prétendre que les recrues de cet été sont du même tonneau. Numéro un de la draft, Dwight Howard (18 ans û 2,10 m.) rassure Orlando avec une moyenne de 13,6 pts. Lors des matches de préparation. (18 ans û 2,08 m.) Bien qu’il soit avant tout un défenseur, Emeka Okafor impressionne déjà les Charlotte Bobcats avec ses 10,4 pts par match. Troisième choix revenant aux Chicago Bulls, Ben Gordon (19 ans û 1,90 m.) devrait rapidement devenir le leader de l’équipe qui en a bien besoin après 6 longues années de disette. C’est vrai que l’ancien joueur de l’University of Connecticut sait tout faire : passer, tirer, pénétrer, récupérer…

Bernard Geenen, à Chicago

 » Après le low d’Athènes, les fans américains font PLACE AU SHOW « 

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