Les 12 raisons d’une première place

Sans Wasyl et Polak, le club bruxellois s’est hissé à la première place de la D1. Pour de bon ? Et que ferait-il sans Lukaku ?

Alors qu’il reste une journée avant d’atteindre la moitié de la première phase du championnat, on voit mal qui peut empêcher Anderlecht de virer en tête. Le club bruxellois n’aura pas grand-chose à craindre dans ses installations de son prochain adversaire, la lanterne rouge Roulers.

Les Mauves peuvent même espérer accroître leur avance puisque le Club Bruges sera opposé à un Germinal Beerschot des plus inspirés depuis que Jos Daerden y a pris la relève d’ Aimé Anthuenis. Quant au Standard, il devra négocier dans le même temps un déplacement des plus risqués à La Gantoise. Leader en tout début de saison avant de se faire dépasser par un Saint-Trond pour le moins étonnant, puis par les Bleu et Noir, le Sporting maintiendra-t-il le bon cap ?

RAISON N° 1 / Proto gagne des points

 » Davy Schollen ou Silvio Proto ? C’était l’une des inconnues concernant le onze de base en début de saison « , observe Jean Trappeniers, ancien gardien des Mauves dans les Golden Sixties.  » Qui Ariel Jacobs devait-il choisir : le premier cité, qui avait donné satisfaction en remplacement de Daniel Zitka, ou le second, de retour de prêt du Germinal Beerschot, où il n’avait laissé lui aussi que de bons souvenirs ? Après avoir procédé à l’alternance lors des matches de préparation, le choix du coach s’est en définitive porté sur l’ancien Louviérois. A une exception près : le match retour du troisième round préliminaire de la Ligue des Champions, au Parc Astrid, face à Lyon. Il est vrai qu’à Gerland, Proto ne s’était pas vraiment montré sous son meilleur jour, sa responsabilité étant d’ailleurs engagée sur l’un des cinq buts inscrits. Après l’élimination, Proto a toutefois retrouvé sa place. Non sans succès : sur 22 matches disputés jusqu’ici, il a préservé ses filets intacts à 12 reprises (8 fois en championnat : Courtrai, Westerlo, Zulte Waregem, Germinal Beerschot, Charleroi, Malines et Genk ; 3 fois en Europe : Sivasspor, Dinamo Zagreb et Timisoara et une fois en Coupe devant le CS Verviers, ndlr).

Avec 11 buts encaissés à peine, Proto dirige aussi la meilleure défense de la D1. A 26 ans et demi, l’homme semble proche de la plénitude. Montré parfois du doigt, sous prétexte qu’il ne glanait pas assez de points, Proto a déjà réussi à confondre ses détracteurs durant le premier volet de cette campagne. Entre autres, face à Lokeren, qui fut sans doute sa prestation la plus aboutie. Conjointement avec son match contre le Standard, à l’occasion duquel il priva MilanJovanovic d’un but tout fait. S’il maintient ce degré de forme, il s’érigera en un sérieux concurrent pour Logan Bailly chez les Diables.  »

RAISON N° 2 / Une défense enfin stable

Après moult hésitations, Jacobs semble aujourd’hui avoir trouvé un quatre arrière type, comme le constate BertrandCrasson.

 » A l’arrière droit, après avoir essayé OndrejMazuch à Saint-Trond et NemanjaRnic à Mouscron comme substituts à MarcinWasilewski (deux expériences catastrophiques), Jacobs s’est résolu à convaincre GuillaumeGillet qu’il pouvait constituer la solution à ce poste. Mazuch s’affirme de plus en plus en défense centrale. Son début de saison avait été hésitant : il avait dû jouer alors qu’il n’était sans doute pas tout à fait prêt, a été aligné à une position d’arrière droit où il manque de repères et son erreur de débutant contre Lyon avait achevé de lui casser le moral. Mais sa participation à la Coupe du Monde U20 en Egypte avec la Tchéquie, où il a endossé un rôle de leader, lui a redonné confiance. A ses côtés, dans un rôle sobre mais efficace (il ne faut pas nécessairement être un artiste pour être un bon défenseur), RolandJuhasz s’affirme. Il semble mieux trouver ses marques avec Mazuch qu’avec VictorBernardez, peut-être s’agit-il là d’une simple question de communication, essentielle à l’arrière. J’ai toujours affirmé que la meilleure place d’ OlivierDeschacht était à l’arrière gauche, et il le confirme. Dans l’axe, son positionnement est parfois déficient, tout comme sa manière d’aborder les duels avec l’avant-centre adverse. Sur le flanc, il doit moins aller au contact.  »

RAISON N° 3 / La métamorphose de Gillet

Que ce soit à contrec£ur ou pas, Guillaume Gillet s’affirme progressivement comme la solution à l’arrière droit.  » Le Liégeois ne perdra jamais ses instincts offensifs, mais semble avoir franchi un cap mentalement en faisant une croix sur ses aspirations de médian et en trouvant ses repères au poste de défenseur latéral « , constate Bertrand Crasson.

C’est GeorgesLeekens qui, jadis à Gand, avait eu l’idée de cette reconversion :  » Par un concours de circonstances. SandyMartens s’était blessé et je manquais de solutions, alors que dans l’entrejeu, on se bousculait. Guillaume avait le choix : soit il attendait, peut-être longtemps, que sa place de n°10 se libérait, soit il commençait tout de suite en D1 à un poste qui ne lui était pas familier. En Belgique, on n’est pas riche à l’arrière droit, même en équipe nationale, et Guillaume doit s’en convaincre. Lorsqu’il y a une place à prendre, on doit sauter dessus sans faire la fine bouche. Tout est dans la tête : Guillaume a les qualités pour s’imposer à ce poste, mais il doit pour cela renoncer à certaines sensations qui lui tiennent à c£ur, comme la joie du buteur. Il marquera encore des buts, car son volume de jeu et son physique lui permettent de s’aventurer régulièrement en zone adverse, mais forcément moins qu’avant. Il restera toujours un arrière offensif, mais la tâche première d’un défenseur est de garder le zéro.  »

RAISON N°4 / Un entrejeu flexible

 » La plupart du temps, quand on parle d’un milieu de terrain à trois composantes, il est toujours question d’une pointe vers le haut ou d’une vers le bas, selon que l’on évolue avec un seul pare-chocs défensif ou deux « , souligne Marc Degryse.  » Au Sporting, on a un joueur devant la défense, un derrière l’attaque et un troisième qui joue entre les deux, à gauche ou à droite en fonction des nécessités. Ces dernières semaines, on a pu se rendre compte, en fonction des circonstances du match, que Bakary Saré s’occupait souvent seul du travail de récupération, permettant de la sorte à Lucas Biglia d’appuyer la division offensive. Au point même de marquer, comme l’Argentin l’a fait récemment face à Charleroi. Voici quelques mois, jamais on ne l’aurait retrouvé dans une position aussi avancée sur le terrain. Biglia-Saré, c’est un tandem qu’on n’attendait pas vraiment. De fait, l’Ivoirien était davantage perçu comme une solution de remplacement, l’été passé, au cas où le Sud-Américain quittait le club. Finalement, son maintien, de même que la grave blessure encourue par Jan Polak face au Standard, auront eu pour effet de modifier sensiblement la donne puisque c’est le Tchèque que Bouba a remplacé. En réalité, dans l’entrejeu, c’est le troisième homme qui a souvent fait l’objet de changements. Dans ce rôle de soutien d’attaque, cinq joueurs ont été utilisés : Matias Suarez, Gillet, Reynaldo, Kanu et Mbark Boussoufa. Il en allait ainsi, notamment, lors du dernier match à Genk, quand le RSCA joua avec le trio formé de Biglia, Saré et Jelle Van Damme dans la ligne médiane et que le Marocain officia en tant que soutien de Suarez et de Tom De Sutter « .

RAISON N°5 / La solution Lukaku

En attaque aussi, la solution est finalement venue de l’intérieur.  » A un moment donné, une certaine dépendance NicolasFrutos s’était installée « , constate PaulVanHimst, observateur attentif de la plupart des rencontres au Parc Astrid.

 » On ne peut pas compter sur le grand Argentin. Il est souvent efficace lorsqu’il joue, mais on ne sait jamais combien de temps il va tenir. De Sutter, qui semblait constituer la solution lors du deuxième tour de la saison passée, traverse une période délicate. A-t-il trop puisé dans ses réserves lorsqu’il est revenu de blessure ? C’est possible. De toute façon, je ne pense pas qu’il soit vraiment un avant de pointe type. Je le crois plus à l’aise comme deuxième attaquant, un peu en retrait. Il manque aussi de finesse dans ses contrôles : le ballon rebondit souvent loin de son pied. Au début de cette saison, Matías Suarez avait apporté une éclaircie. Techniquement, il est aussi bon que Mbark Boussoufa, mais au niveau de la puissance, il devrait manger un peu de bifteck, comme on dit à Bruxelles. Boussoufa reste une valeur sûre pour l’approvisionnement. La précision de ses coups de pied arrêtés, et même de ses services dans le jeu, n’est plus à démontrer : le ballon tombe toujours là où il faut. Comme buteur pur, la solution a finalement été trouvée avec un gamin de 16 ans : RomeluLukaku. Quelle puissance physique, quel talent de buteur ! Comme quoi, il ne faut pas toujours aller chercher ailleurs ce qu’on a sous la main. Il a toutes les qualités d’un grand attaquant : la vitesse, la puissance, le sens du but. A 16 ans, il a déjà la morphologie d’un adulte.  »

 » En plus, il reste à l’écoute malgré le succès qu’il connaît « , se réjouit JohanWalem, coach des Espoirs du RSCA.

JeanFrançoisdeSart le constate également quand il le prend sous son aile en catégorie Espoirs :  » Physiquement, il fait la différence malgré ses 16 ans. Lorsqu’il est lancé en profondeur, personne, dans le championnat de Belgique, n’est capable de le rattraper. En Espoirs, il avait trouvé du répondant auprès de MamadouSakho (PSG) lorsqu’on a affronté la France, mais on ne trouve pas beaucoup de joueurs de cette puissance chez nous. Romelu inscrit la plupart de ses buts en échappant à ses opposants dans l’axe. A partir de là, il peut exploiter son autre grande qualité : son talent de buteur. Lorsqu’il se retrouve en situation de but, il loupe rarement la cible. Il a cette lucidité, qui lui permet de poser le geste juste pour tromper le gardien. Je le constate même lorsque j’organise un petit match à l’entraînement des Espoirs : à chaque occasion, c’est bingo. A Anderlecht, il marque d’autant plus que le Sporting se crée généralement beaucoup d’occasions durant un match. Sa marge de progression est encore grande : au niveau de sa conduite de balle, de ses déplacements sur le terrain, de sa technique… et de son mental aussi.  »

RAISON N° 6 / L’impact des jeunes

Anderlecht aligne désormais une équipe dont la moyenne d’âge est très basse. Et les jeunes jouent un rôle dans le retour au premier plan.  » Outre les qualités qu’ils démontrent sur le terrain, leur présence permet d’exercer une pression positive sur les anciens qui auraient tendance à se croire assurés de leur place « , constate Johan Walem qui se réjouit de voir le travail effectué à Neerpede enfin reconnu. Plusieurs de ses protégés s’affirment au plus haut niveau. Outre Lukaku, il y a notamment Bakary Saré :  » Un joueur qui a une frappe extraordinaire, et également une passe des 30-40 mètres dans les pieds, comme j’en ai rarement vue. Or, en équipe Première, il joue souvent très court. Ce sont peut-être les consignes qu’il reçoit, je l’ignore. « 

 » Mais le fait qu’il pense défensivement, et colmate les brèches dans l’entrejeu, soulage énormément la défense, qui n’est plus que rarement confrontée à des attaquants filant seul vers le but « , renchérit Bertrand Crasson.

CheikhouKouyaté commence aussi à percer. Reynaldo éprouve un peu plus de difficultés.  » Sans doute liées à sa culture brésilienne « , pense Walem.  » Kanu avait éprouvé les mêmes difficultés à son arrivée.  » Cristophe Diandy a aussi déjà pu goûter à l’équipe Première. Et Ondrej Mazuch, qui n’est pas un produit de l’école des jeunes, n’a encore que 20 ans lui aussi.  »

RAISON N° 7 / L’apport du banc

Avec un effectif pléthorique, il est logique que l’apport du banc constitue un atout. Actuellement, c’est le cas. Les montées au jeu de Romelu Lukaku ont souvent été décisives. Celles de JonathanLegear aussi.

 » Dommage que celui-ci soit aussi fragile au niveau des blessures « , regrette Paul Van Himst.  » J’ignore si le joueur se soigne mal ou s’il s’agit simplement d’un problème lié à la morphologie, mais j’ai l’impression que lorsqu’il est épargné par les pépins physiques, il a les capacités pour être un titulaire. « 

 » Les montées au jeu de Lukaku et Legear sont celles qui ont le plus marqué les esprits, car elles ont été concrétisées par des buts, mais je voudrais aussi souligner l’apport de Cheikhou Kouyaté « , embraie Philippe Saint-Jean.  » Lorsqu’il est entré sur le terrain à Timisoara, c’est lui qui a stabilisé l’équipe, coupant les trajectoires dans l’entrejeu, et redonnant du tonus à l’ensemble. C’est rare qu’un joueur qui a été freiné par plusieurs blessures retrouve autant de hargne et de vivacité dès son retour à la compétition. D’habitude, ces joueurs-là sont toujours un peu hésitants à mettre la tête ou le pied. Mais pas Kouyate. C’est évidemment le mérite de Jacobs de faire entrer ces joueurs au bon moment. A cet égard, l’entraîneur du RSCA a souvent le nez creux. « 

RAISON N° 8 / L’état d’esprit

L’état d’esprit est-il meilleur avec l’apport des jeunes et l’assise retrouvée ? Selon Philippe Saint-Jean, qui a eu l’occasion d’accompagner l’équipe en déplacement en compétition européenne dans son rôle de consultant pour AB3, l’ambiance semble en tout cas très bonne.

 » Tant à Zagreb qu’à Timisoara, on a eu l’occasion de voir les joueurs avant le match et ils sont, pour la plupart, apparus souriants et détendus. Seul Jonathan Legear a un peu boudé la presse, mais je pense que c’était surtout pour se protéger. « 

Il y a plusieurs raisons à ce bon état d’esprit.  » C’est souvent une question de confiance « , poursuit Saint-Jean.  » Lorsqu’on gagne, c’est forcément plus facile d’être de bonne humeur. La stabilité retrouvée et l’incorporation de certains jeunes joueurs peuvent aussi avoir une influence. « 

Seul ThomasChatelle n’a pas l’air très heureux : il n’a plus guère voix au chapitre.  » Ariel Jacobs connaît bien Thomas « , assure Saint-Jean.  » Il l’avait déjà coaché chez les Espoirs et sait comment le gérer. Thomas a reçu sa chance, et aujourd’hui, plusieurs joueurs revendiquent le poste de flanc droit : Matías Suarez et Legear, notamment. C’est peut-être le poste le plus fourni. Ariel doit faire des choix.  »

Être écarté de l’équipe ne fait jamais plaisir, mais les blessures ont aussi réduit le nombre de mécontents.

RAISON N° 9 / Le drame de Wasyl est surmonté

Avant le cas Wasyl, le RSCA avait déjà dû composer, jadis, avec un autre accident similaire, impliquant son maître à jouer, Juan Lozano, victime d’un tackle assassin de l’arrière central de Waregem, Ivan De Sloover. En avril 1987, le back gauche Henrik Andersen faisait partie du onze de base des Mauves. D’une époque à l’autre, il voit des similitudes mais aussi des différences.

 » Il restait alors 7 matches à jouer et nous étions talonnés par le FC Malinois « , se souvient le Danois.  » D’un côté, nous avions évidemment envie de nous battre pour notre coéquipier agressé. De l’autre, il y avait la réalité du championnat. Exception faite d’un nul au Cercle Bruges, nous avions remporté toutes nos autres rencontres, en bouclant l’exercice avec deux petits points d’avance sur les Sang et Or. Dans le cas présent, l’incident s’est passé très tôt dans la saison. Dès lors, je ne suis pas surpris que la scène ait travaillé dans les esprits lors des matches suivants : à Saint-Trond et contre La Gantoise, où les Mauves n’ont pris qu’un point sur six. Il ne faut pas oublier non plus que lors de leur rentrée au vestiaire contre les Rouches, ils ont à la fois vu et entendu leur malheureux partenaire. Autrefois, nous avions été privés de cette scène, dans la mesure où Lozano avait déjà été emmené à l’hôpital. C’est une sacrée différence. Une chose est sûre : en tant que footballeur, il faut rapidement faire la part des choses. C’est un peu comme au cirque : même si un trapéziste ou un acrobate se casse la figure, le spectacle doit continuer. Et au vu des résultats forgés depuis ce choc, ils l’ont parfaitement compris. « 

RAISON N° 10 / Priorité aux joueurs du cru

 » Anderlecht a sans doute trop souvent eu tort d’aller voir si l’herbe n’était pas plus verte ailleurs « , avoue Herman Van Holsbeeck, le manager sportif du RSCA.  » J’entends par là que nous avons fréquemment montré plus d’indulgence pour un joueur venu d’autres horizons que pour un jeune élevé dans nos équipes. A l’analyse, on s’est rendu compte, de manière tardive malheureusement, que certains auraient eu le potentiel pour s’imposer chez nous à la place de l’un ou l’autre que le club avait recrutés entre-temps. A la place de Bart Goor, largement trentenaire, une promesse comme Roland Lamah aurait fort bien pu faire l’affaire par exemple. Mais nous n’avons pas cru suffisamment à son étoile, relevant plus ses faiblesses que ses qualités et il y a, bien sûr, de quoi s’en mordre les doigts. D’autant que son cas n’est pas unique. Cette année, peut-être un peu contraints et forcés sur le plan pécuniaire, nous avons choisi de changer notre fusil d’épaule en offrant une véritable chance à des talents en herbe. Saré faisait figure de priorité, à nos yeux, pour remplacer soit Biglia, soit Polak et il répond pleinement à l’attente actuellement. Le même constat est d’application à Lukaku et à Kouyaté. Signe des temps : il y a quelques semaines à peine, on évoquait l’acquisition éventuelle d’un latéral droit pour remplacer Wasilewski. Depuis lors, on se dit que Gillet fait l’affaire et qu’il s’agit dès lors de persévérer sur cette voie. D’abord les nôtres, puis les autres, c’est devenu notre nouveau credo.  »

RAISON N° 11 / Jacobs fait l’unanimité

 » Qu’est-ce qu’un bon entraîneur ? », questionne Van Holsbeeck.  » Pour Anderlecht, c’est quelqu’un qui obtient des résultats tout en contribuant à l’épanouissement des jeunes. Sous ces angles-là, il va sans dire que nous sommes parés. D’une part, le club occupe la tête du classement et, de l’autre, plusieurs promesses s’affirment. Dans ces conditions, chacun comprendra très aisément que le maintien d’Ariel Jacobs à la tête du noyau de l’équipe Première constituait une absolue priorité. C’est pourquoi nous lui avons proposé un nouveau bail de deux ans. A priori, l’accord aurait dû être entériné en décembre. Mais comme les spéculations allaient bon train après qu’il ait exprimé son dégoût du football suite à l’accident de Wasyl, nous avons mis les bouchées doubles. Ni les autres membres de la direction, ni moi-même, ne redoutons un excès de précipitation en la matière. L’attitude du coach, après ce regrettable incident, n’était pas du tout celle d’un homme démobilisé, au contraire. Aux séances de préparation, sa passion était et est manifestement toujours intacte. Lors des matches aussi. A Zagreb, il a multiplié les injonctions, debout, tout au long de la deuxième mi-temps, alors qu’il pleuvait des cordes. A la fin de la rencontre, c’est à peine s’il s’est rendu compte qu’il était complètement trempé. Ce qui est important aussi, avec lui, c’est que pour la première fois depuis longtemps, tout le monde tire à la même corde au Sporting. Dirigeants, entraîneur, directeur de l’école des jeunes, chef de la cellule scouting et j’en passe : chacun partage aujourd’hui la même vision. A l’époque pas bien lointaine de Frankie Vercauteren, on était loin du compte. C’est bien simple, Werner Deraeve (membre de la cellule scouting) et lui ne pouvaient passer par la même porte.  »

RAISON N° 12 / Un jeu en progrès

 » A Anderlecht, c’est toujours la même rengaine : il faut gagner en assurant le plus souvent possible le spectacle « , observe Jan Boskamp.  » Pour ce qui est du premier critère, il n’y a pas grand-chose à redire. La saison passée, le Sporting a carburé en champion, même s’il s’est retrouvé les mains vides après les test-matches et, cette saison, il tourne aussi à haut régime. Je suis d’ailleurs intimement persuadé qu’il compterait l’un ou l’autre point de plus si ses joueurs n’avaient pas été ébranlés par l’affaire-Wasyl. Concernant le football spectacle, je serai plus mitigé car les Mauves ont souvent tendance à alterner le bon et le moins bon. Face à Westerlo, c’était OK. Mais quelques semaines plus tard, à Mouscron, c’était le bide. Le mérite des joueurs, malgré tout, est de parvenir le plus souvent à se tirer d’affaire, même lorsque les événements ne leur sont pas favorables. Je remarque également qu’ils maîtrisent de mieux en mieux les différents systèmes que le coach leur impose. Anderlecht a déjà joué en 4-3-3, en 4-5-1, en 4-4-2 en championnat et même en 5-4-1 sur la scène européenne, à Zagreb. La plupart du temps avec succès, quoique le Sporting et son coach aient eu la chance de leur côté au Dinamo et à domicile face à l’Ajax. Mais un entraîneur a parfois besoin d’une patte de lapin, c’est bien connu. Pour moi, le fonds de jeu est là, incontestablement, et il s’améliore au fil des matches. Mais il manque à cette rigueur, sans doute, un petit brin de folie. De ce point de vue-là, un garçon comme Boussoufa n’est pas encore à la hauteur d’un Ahmed Hassan. Mais il n’a que 25 ans aussi, ne l’oublions pas. Toute l’équipe est d’ailleurs très jeune, avec ses 23 ans de moyenne. Si les dirigeants parviennent à garder ce beau monde, c’est sûr qu’Anderlecht progressera encore dans les mois à venir.  »

par daniel devos et bruno govers

Concernant le football spectacle, les Mauves ont souvent tendance à alterner le bon et le moins bon. (Johan Boskamp)

D’abord les nôtres, puis les autres, c’est devenu notre nouveau credo. (Herman Van Holsbeeck)

Saré a une frappe extraordinaire, et une passe des 30-40 mètres comme j’en ai rarement vue. (Johan Walem)

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