Tony Van den Bosch veut modifier le cap du RB Antwerpen, mais alors sans son distributeur.

Bayer… le frère de? Oui, mais vous le savez déjà. Là n’est donc pas notre thème. Paul (32 ans) est parvenu à se faire un prénom. International belge,All Star belge, il a remporté un titre national et une Coupe avec Ostende, sans oublier ses plus belles performances: deux chouettes mômes, Maxime et Mats.

Le voilà donc à Weissenfels. Nous le rencontrons trois jours avant son premier voyage vers cette bourgade proche de Leipzig, qui compte à tout casser 35.000 habitants. A ce moment, sans avoir pris de renseignements ni effectué de reconnaissance, Bayer a signé pour la lanterne rouge allemande. « éa devrait aller ».

Weissenfels est entraîné par le Bosniaque Salit Hadzic. Il a terminé la saison passée dernier de la Division d’honneur allemande, avec seulement cinq victoires durant le championnat régulier. Pour l’exprimer gentiment, ce n’est pas vraiment l’endroit rêvé pour un grand basketteur qui veut faire carrière à l’étranger. A la mi-juillet, Bayer a d’ailleurs passé deux semaines en Espagne. En compagnie de Sam Rotsaert et de Jason Perez, il a participé à la Summer League de Fuenlabrada.

« Quelques clubs se sont intéressés à moi. Ténériffe, Murcie, Bonn, Toulon, Capo d’Orlando (D2 italienne), Weissenfels et un club australien. J’ai opté pour l’offre financièrement la plus intéressante, car cet aspect est crucial à mon âge, surtout que j’ai une famille à entretenir. En plus, l’endroit est parfaitement situé. Je suis un Anversois pur-sang. Il fallait absolument que je joue à un endroit d’où ma famille et moi puissions aisément rejoindre la Belgique ».

L’année dernière, au terme de sa première saison (empreinte de succès) dans son cher RB Antwerpen, il a reçu des offres concrètes de Bonn puis de Tau Vitoria. C’est quand même autre chose que Weissenfels. Bayer ne nourrit-il donc aucun regret? « Non. Soyons honnêtes: combien de Belges sont-ils vraiment capables de jouer un rôle important à l’étranger? Struelens, c’est le dernier. Jaumin, Lauwers ? De fait, ils ont eu un rôle non négligeable dans leur équipe, ils ont joué leur saison sans contre coup. Je sais jouer mais j’ai vite fait mon choix, entre une place de septième homme à Tau ou à Bonn et des responsabilités dans une formation plus modeste, comme Weissenfels. Je connais les conditions dans lesquelles j’atteins mon meilleur rendement. En plus, à l’époque, Anvers ne voulait pas me libérer et je m’y plaisais beaucoup. Pourquoi donc partir? »

Mais les temps changent. Jusqu’en décembre 2001, Paul Bayer et Pieter Loridon ont évolué à un niveau particulièrement élevé, entraînant Anvers dans une spirale positive. L’équipe de Van den Bosch n’a pas eu de chance avec les Américains engagés mais le noyau belge a sauvé les meubles et redoré le blason du basket national. Bayer: « Un moment donné, en décembre, j’ai regardé le classement des marqueurs. Pieter et moi étions dans le top-cinq, lui avec 21 points par match, moi avec 20. Nous étions les Sonck et Dagano du basket ».

Ventre mou

Après le Nouvel-An, Anvers a sombré dans le ventre mou pour terminer à une décevante huitième place. Tony Van den Bosch a démissionné, son adjoint, Marek De Mondt, reprenant le relais. Las, au premier tour des playoffs, le duel Ostende-Anvers a plutôt ressemblé à la confrontation entre une huître et une moule. Victime du malaise général, Paul Bayer n’a plus retrouvé son niveau du premier tour. « Tout a dégringolé très vite, au point que les quatre derniers mois ont été un enfer. J’étais mentalement vidé. J’en ai été malade pendant des semaines. J’ai vu la nonchalance s’emparer du groupe, la discipline s’envoler. A la fin, tout le monde accusait tout le monde ».

En sa qualité de capitaine,Bayer a estimé de son devoir de discuter de certaines choses avec l’entraîneur. La relation de Bayer avec Van den Bosch n’a de toute façon jamais été parfaite. Le fait que VDB ait dédaigné Bayer quelques fois en équipe nationale n’y est sans doute pas étranger. Lorsqu’il a été manifeste que VDB allait entraîner le RB Antwerpen cette saison, Paul Bayer a compris qu’il pouvait faire une croix sur son avenir dans la Métropole. « Van den Bosch et moi avons une vision radicalement opposée du basket… Mais en début de saison, on convient de certaines choses, auxquelles tout le monde doit se conformer. Si l’entraînement débute à 17 heures, ce n’est pas 17h20 pour l’un 17h30 pour l’autre. Etant capitaine, j’ai évoqué ce problème. Ce qui est embêtant, c’est qu’on a ressenti mes propos comme s’ils venaient de moi personnellement. Après, j’ai toujours eu le sentiment que Van den Bosch pensait que j’étais à l’origine de son départ.

Pourtant, je veux être clair: il n’entre aucunement dans mes intentions de décocher des coups bas à quiconque. Van den Bosch a vécu une année très éprouvante alors qu’en fin de compte, à l’exception des quatre derniers mois, j’ai passé un an et demi superbe à Anvers. Je jouais dans mon jardin. Je m’en souviens comme si c’était aujourd’hui: alors que je venais de signer, j’ai entendu deux dames âgées applaudir, au fitness. A ce moment, j’ai vraiment été heureux d’avoir signé à Anvers.

Et je conserve de bons amis de mon passage là-bas. La direction m’a toujours soutenu. La semaine dernière, j’ai eu un entretien avec Marcel Colla, le nouveau président, et nous avons trouvé un accord qui me permet de quitter librement le club. C’est un beau geste. Du coup, les offres ont plu mais trois jours plus tard, j’ai signé pour Weissenfels. Un contrat d’un an, c’est volontaire. La Belgique ne constituait pas une option: j’en ai fait le tour. Ces quatre mois m’ont fatigué du basket. Je continue à aimer le jeu mais pas tout ce qui se passe autour…Je me faisais fort de jouer jusqu’à l’âge de 35 ans. Ce n’est plus le cas. Peut-être vais-je arrêter au terme de cette saison. Je ferai un bilan et nous verrons bien. En fait, j’ai promis à ma femme de me chercher un travail normal après cette saison. Je ne vais pas sombrer à la fin de ma carrière. L’essentiel, c’est que ma famille soit heureuse. C’est la condition sine qua non à mon propre bonheur. Tant mieux si je peux, en plus, obtenir de bons résultats avec l’équipe et de bonnes statistiques personnelles, tant mieux.

Croyez-moi, je suis arrivé à un âge où je n’ai plus besoin de grand-chose dans la vie. Evidemment, j’aime bien me payer une chemise élégante ou de belles chaussures mais je n’ai pas besoin de rouler en Mercedes pour être heureux ».

Matthias Stockmans

« Pieter Loridon et moi étions comme Sonck et Dagano »

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