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Leicester et ses Belgian Foxes dans l’ombre du Big six

Sans faire de bruit, Leicester avance. Saison après saison, les Foxes grandissent et se fraient un chemin parmi les cadors du football anglais. De quoi être amenés à jouer les premiers rôles dans le futur… mais aussi dans le présent?

Une dizaine de joueurs sautant de joie dans le salon de Jamie Vardy après le match nul entre Chelsea et Tottenham (1-1). C’est ainsi que les « incroyables «  de Leicester ont célébré le premier sacre de l’histoire du club. Il y a cinq ans, ils ont ébloui l’Angleterre en remportant la Premier League, devant les équipes historiques du championnat. Mais aujourd’hui, les bonnes performances des Foxes ne sont plus une surprise. Le club à la tunique bleue s’est glissé dans le top 5 du classement lors des deux dernières saisons. En 2020-2021, il a longtemps été à la lutte pour une qualification en Ligue des Champions, même s’il a finalement dû se contenter d’un ticket pour l’Europa League. La déception a toutefois été compensée par un trophée, puisque Leicester a remporté la première FA Cup de son histoire le 15 mai dernier, en finale contre Chelsea (victoire 1-0). Les hommes de Brendan Rodgers gagnent, mais ne surprennent plus. Leur statut a changé.

Sur le plan économique, les choses ont évolué aussi. L’année de son titre (2015-2016), Leicester avait l’un des plus petits budgets de Premier League, estimé à 137 millions d’euros, contre 179 millions en 2019-2020. Un élément qui souligne la montée en puissance financière du club détenu par le groupe King Power. S’il fallait encore une preuve pour attester de cette progression, notons que les trois plus gros transferts de l’histoire des Foxes ont eu lieu sur les deux dernières années: respectivement 33,4 et 45 millions d’euros pour Ayoze Pérez et Youri Tielemans en juillet 2019, puis 35 millions d’euros pour Wesley Fofana en octobre 2020. Mais Leicester reste encore loin de ses concurrents sportifs tels que Manchester City, Liverpool ou Chelsea, dont les budgets annuels dépassent les 400 millions d’euros. Malgré tout, le LCFC possède le sixième effectif le plus cher de Premier League. Transfermarkt évalue la valeur cumulée des 28 joueurs du noyau à environ 550 millions d’euros. Le club parvient donc à combler le fossé économique qui le sépare des grands traditionnels grâce à sa politique sportive.

Les jeunes d’abord, les cadres toujours

Depuis quelques années, le modèle de recrutement de Leicester est focalisé sur la jeunesse. Lors de chaque fenêtre de transferts, le club cherche à attirer des jeunes joueurs à forts potentiels, susceptibles d’apporter une plus-value sportive et/ou économique. Le 1er juillet dernier, le LCFC a enregistré la signature de Patson Daka pour les cinq prochaines saisons, contre un chèque estimé à trente millions d’euros. Le Zambien est arrivé en provenance du RB Salzbourg, avec qui il a inscrit 34 buts et délivré douze passes décisives en 42 matchs la saison dernière. Malgré la concurrence d’autres formations prestigieuses (Chelsea, Leipzig), Leicester est sorti vainqueur dans le dossier. La preuve que le champion d’Angleterre 2016 a les armes pour rivaliser avec les plus grands clubs européens.

Mais le club de Filbert Way sait aussi se positionner sur des jeunes joueurs moins convoités, et en faire des réussites. La bonne saison de Wesley Fofana, transféré de Saint-Étienne contre 35 millions d’euros en octobre, en est un bel exemple. Avant lui, les recrutements de Kelechi Iheanacho (2017), Wilfred Ndidi (2017), James Maddison (2018), Caglar Söyüncü (2018) et Tielemans (2019) ont suivi la même logique. Cet été, les Bleu et Blanc ont tenté un coup similaire en s’attachant les services de Boubakary Soumaré, un autre talent « made in Ligue 1 », arraché à Lille contre vingt millions d’euros. S’il a encore tout à prouver en Angleterre, rares sont les jeunes qui n’ont pas éclos à Leicester.

Pour grandir, ces derniers profitent de l’expérience de Jamie Vardy et de Kasper Schmeichel, deux points forts du noyau d’aujourd’hui et d’hier. En effet, aux côtés de la jeunesse qui s’affirme, les cadres sont toujours aussi performants. L’attaquant anglais a inscrit quarante buts sur les deux dernières saisons, tandis que le gardien danois compte 31 clean-sheets sur la même période. Si l’on se penche sur les autres grands clubs anglais, la présence de cadres chevronnés apparaît comme une constante ( Fernandinho à Manchester City, Azpilicueta à Chelsea, Henderson et Milner à Liverpool, etc). Vardy et Schmeichel, à Leicester depuis respectivement neuf et dix ans, apportent donc l’expérience nécessaire pour accompagner les jeunes talents, sur et en dehors du terrain.

Brendan Rodgers, le chef d’orchestre

Et pour mener cet alliage hétéroclite au succès, un guide est tout désigné, en la personne de Brendan Rodgers. Arrivé à Leicester en février 2019, il a succédé à Claude Puel. Alors que son travail avait été durement critiqué lorsqu’il était à Liverpool (entre 2012 et 2015), le technicien anglais s’est refait un nom en Angleterre. En 86 rencontres de Premier League sur le banc du club des Midlands de l’Est, il affiche une moyenne honorable de 1,69 points pris par match. Surtout, il est entré dans le coeur des supporters en remportant la première FA Cup de l’histoire du LCFC, cinq ans après que Claudio Ranieri a glané le premier titre de champion.

Mais au-delà du bilan comptable, Brendan Rodgers a imposé sa patte. D’une part, il a donné un style de jeu offensif à son équipe, basé sur la possession. D’autre part, il a construit un environnement propice au développement des jeunes joueurs. Avant-même son arrivée, l’entraîneur de 48 ans était reconnu pour sa capacité à bien collaborer avec la jeunesse. Une réputation qu’il doit notamment à l’éclosion de Raheem Sterling. L’attaquant de Manchester City a été lancé par Rodgers avec Liverpool en 2012. À Leicester, l’ancien coach du Celtic a trouvé de nouveaux diamants à polir, et l’un d’eux s’appelle Youri Tielemans.

À bien des égards, le parcours de l’international belge et celui des Foxes se confondent: une ascension fulgurante, suivie d’une période creuse (entre 2017 et 2019), puis d’un retour à la lumière conjoint. Aujourd’hui, les deux parties ont trouvé la stabilité nécessaire à leur progression. Grâce à une politique sportive moderne et cohérente, Leicester sait où il va. Et cette destination ressemble de plus en plus aux sommets de la Premier League…

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