Leekens ? Un acteur !

G eorges est à coup sûr, une des figures emblématiques de notre football. Son bref passage à la tête des Diables Rouges lui aura, en quelque sorte, conféré la visibilité internationale qui lui manquait. Mais, selon son habitude, il y est passé à la vitesse de l’éclair !

Car ce qui ressort de la carrière d’entraîneur de Leekens, c’est l’instabilité ! Nulle part il n’a posé son sac plus de deux saisons. Quatorze clubs en vingt ans ! Sans doute un record ! Une seule fois, trois saisons complètes ! Lors de son tout premier contrat au Cercle Bruges de 84 à 87 avec qui il remportera la Coupe de Belgique. Et puis c’est la vie de bohème qui prévaut ! Le temps de faire une ou deux bonnes saisons et Georges se trouve toujours de bonnes raisons pour aller voir ailleurs si l’herbe de la pelouse est plus verte. Certains prétendent que ce serait l’appât du gain qui le guide. Lui-même s’en défend arguant du fait que lorsqu’on consulte la longue liste des clubs qu’il a entrainés, on s’aperçoit vite qu’à part un petit séjour sans doute plus lucratif en Turquie, à Trabzonspor, il a le plus souvent travaillé chez des économiquement faibles. Ou alors il les aurait mis sur le sable. Et çà se saurait ! Non, à mon sens, Georges Leekens est avant tout l’homme d’un one shoot, capable de jouer soit les dépanneurs soit les initiateurs de projets.

D’abord ses facultés d’adaptation sont exceptionnelles. Il sait se fondre pratiquement à n’importe quel milieu. Il a un feeling tel qu’il peut vous radiographier une équipe en un minimum de temps. Et pour ce qui est de vous en jeter plein la vue, il n’a de leçon à recevoir de personne. Avec lui, le rendement est immédiat. Sa méthode ? Simpliste mais efficace : de la sueur et de la rigueur ! Ajoutez à cela un bagout à supplanter le roi des camelots. Il vous remet une équipe sur les rails en moins de trois mois. Mis à part Charleroi, où il ne s’est jamais intégré, et Anderlecht, où sa rigueur était presque insolite, partout ailleurs il a toujours atteint les objectifs qu’on lui avait fixés : notre qualification au Mondial 98 ou le dernier exemple en date avec la résurrection des Hurlus.

Le problème avec lui, c’est qu’il met toujours la barre de plus en plus haut tant auprès des joueurs que des dirigeants. Sa méthode basée sur le travail, la discipline et la rigueur finit par fatiguer. Et dès qu’il sent qu’on ne le suit plus aveuglément ou qu’il pressent qu’il pourrait y avoir usure du pouvoir, il déménage. Au fond, il est très malin, il part toujours quand on le désire encore. Et le comble, il est assez diplomate – arrangeur diront certains – pour se ménager des chances de revenir… comme au Cercle jadis et à Mouscron plus récemment. Je crois enfin que son système de jeu efficace certes mais un peu stéréotypé donc finalement trop prévisible ne tient pas sur la longueur. Partout où il est passé, le schéma fut immuable.

Il recherche bien sûr des joueurs à son image : hargneux, durs, combatifs et qui ne renoncent jamais. Geoffrey Claeys jugé trop court par beaucoup d’entraîneurs redevient un titulaire indiscutable sous la houlette de Leekens lui-même bosseur en diable qui n’autorise aucun laisser-aller. C’est pourquoi il mène la vie dure à ses joueurs jusqu’à les rudoyer. Mais au-delà des coups de gueule et des remarques cinglantes, il cultive le respect. Car Georges Leekens, sous ses dehors de grand dur, est un chaleureux, un sensible et surtout très humain. Ses joueurs le sentent. Au point d’accepter ses coups de gueule comme des coups de c£ur. Il ne harcèle que ceux en qui il croit.

La méthode Leekens, c’est avant tout du talent relationnel fait de copinage, de charme et de séduction. Pas toujours dans la nuance certes mais franc et direct. Parfois adepte d’une forme de manipulation, Leekens n’en reste pas moins un personnage charismatique, consensuel et convivial, accueillant et disponible. On se laisserait presque consciemment embobiner rien que pour lui faire plaisir.

Je l’aurais bien vu acteur !

André Remy

Ses joueurs acceptent ses coups de gueule COMME DES COUPS DE C£UR

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