Le Zidane du Camp Nou

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

LuisSuarez et LionelMessi sprintent dans les bras d’AndrèsIniesta. Le téléspectateur inattentif pourrait croire que c’est lui qui a marqué. Pourtant, c’est le Pistolero qui a flingué le gardien de Córdoba. Mais c’est la 35e journée de Liga, et Dón Andrés vient de faire sa première passe décisive de la saison. Un ballon merveilleusement livré dans les pieds de Suarez. Juste trop haut pour le défenseur central, juste trop loin pour le gardien.

Dans le Barça vertigineux de LuisEnrique, où les attaquants ont pris le pouvoir, les inventions d’Iniesta semblent être devenues moins précieuses que les infiltrations d‘IvanRakitic. Le Ballon d’argent 2010 n’a pas marqué le moindre but en Liga, où il tire à peine au but une fois par match. Même ses passes ne produisent que 0,8 occasion par rencontre. Aurait-on perdu Andrés Iniesta ?

Certes, ce nouveau Barça ne bat pas au pouls de son numéro 8, comme cela a pu être le cas voici quelques saisons. Mais Iniesta n’a jamais été un joueur de chiffres. Seule sa saison 2012-2013 relève de l’exceptionnel, avec trois buts mais surtout seize passes décisives. Pour le reste, jamais une saison au-delà des dix réalisations ou des dix assists.

L’essentiel d’Iniesta est ailleurs.  » Messi est le plus grand, mais Iniesta est celui qui joue le mieux au football « , racontait JuanRomanRiquelme à So Foot. Et CocoSuaudeau, garant du jeu à la nantaise, de définir Don Andrés dans L’Équipe :  » À un moment, rien ne bouge. La seconde suivante, tout explose et c’est l’exploit. Iniesta le fait très bien. « 

L’enfant de la Mancha est un anachronisme. Un homme qui réalise la prouesse de choisir le tempo d’un match dans une zone du terrain où la vitesse des jambes compte plus que celle du cerveau. Donnez-lui trois possibilités et quelques dixièmes de secondes pour prendre une décision : son choix sera le bon. Toujours.

Les yeux d’Iniesta voient tout. Le genre d’homme qui vous restitue une liste de vingt objets que vous avez cachés sous un drap après lui avoir montré pendant cinq secondes.  » On ne peut pas apprendre à être au courant de tout ce qui se passe sur le terrain. Il faut être né avec ce savoir « , explique Riquelme.

Iniesta ajoute une impression d’aisance presque écoeurante à cette omniscience du football. Un poète hors du temps dans un sport dominé par les mathématiciens. ZinédineZidane non plus n’a jamais fini une saison à plus de 10 buts ou 10 passes décisives. Qu’importe si leur nom est oublié des livres de statistiques. Il est en majuscules dans les livres d’Histoire.

GUILLAUME GAUTIER

GUILLAUME GAUTIER

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