Le Zanzibar des Zèbres

Quel week-end à la télé ! La RTBF avait mobilisé tout ce qu’elle a de créatif pour fabriquer l’émission de la grande soirée de ses 50 ans. Un show superbement orchestré qui a rappelé des tonnes de bons souvenirs. Dans le même temps, Salvatore Adamo était présent sur toutes les chaînes : 60 ans, ça se fête.

A Charleroi aussi, on fonce à toute vitesse vers un grand anniversaire : le centenaire du club, c’est demain. On ne devrait actuellement penser qu’à la grande fête. Mais, depuis le début de la saison, le c£ur n’y est pas. A cause des résultats, évidemment.

Le Sporting est-il condamné à vivre des mois agités d’ici la célébration officielle de son premier siècle d’existence ? Non ! Il suffirait peut-être que la direction jette un £il du côté du Boulevard Reyers ou de la résidence bruxelloise d’Adamo.

Ces deux institutions viennent aussi de connaître des heures moins joyeuses mais ont su rebondir au meilleur moment. Moribonde, la chaîne publique ? Pas tant que ça, quand on analyse tout le bonheur qu’elle a offert aux téléspectateurs belges pendant un demi-siècle et l’ambition de ses actuels patrons. Elle a perdu les droits de retransmission de la Ligue des Champions et de l’équipe nationale ? Et alors ? A Reyers, on insiste sur le fait que le Tour de France, la Formule 1 et Roland Garros sont toujours des propriétés de la maison et que les contrats ont été renouvelés pour les prochaines saisons. Bref, on emballe le produit. Et ce produit est encore plus beau quand, en une seule soirée, on ressort des images des plus beaux reportages des 50 dernières années. En résumé, on relègue au second plan les désillusions récentes (pertes de contrats, mais aussi gros problèmes financiers) en rappelant les grands moments du passé et en soulignant les ambitions pour demain.

Et Adamo dans l’histoire ? La révélation récente de sa paternité longtemps cachée est vite passée dans la colonne des petits écarts de conduite sans aucune importance. A peine cette nouvelle rendue publique, le chanteur sortait un nouvel album (intitulé Zanzibar) prouvant qu’il reste un chanteur fantastique. Et il participait joyeusement aux émissions commémorant ses plus grands moments sur scène. Lui aussi a su emballer son produit.

Que peut faire le Sporting de Charleroi pour mener aussi bien sa marque que la RTBF et le plus connu des artistes italo-belges ? Prévoir, lui aussi, le plus bel emballage pour sa marchandise. A l’approche d’un cap mythique, la saison en cours doit devenir le Zanzibar, le nouveau départ des Zèbres. Comment ? Les solutions ne manquent pas. La communication doit être au centre du débat. Le club navigue dans les problèmes financiers et se bat dans le fond du classement ? Rien de bien grave : Charleroi, c’est aussi une histoire fantastique, avec de grandes victoires et des footballeurs d’exception. C’est le moment de le rappeler au public. Histoire d’éclipser les difficultés (extra)sportives actuelles. C’est maintenant, aussi, qu’il faut souligner ses nouvelles ambitions. Mettre en avant tous ceux qui ont contribué à écrire la légende du club, ce n’est pas un retour en arrière mais une preuve de saine ambition. Il faut rapprocher les supporters des grands noms d’autrefois. Le processus a été engagé il y a un an, avec le retour au premier plan d’un Dante Brogno mis au rancart quelques mois plus tôt. Il s’est poursuivi avec le come-back de Robert Waseige. On n’aurait rien, aujourd’hui, contre la désignation de Charly Jacobs au poste de délégué par exemple, ou celle de Georget Bertoncello comme porte-parole du club. Et pourquoi pas une dénomination moins pompeuse pour le Stade du Pays de Charleroi ? Stade Philippe Albert par exemple. Histoire de rappeler que le Sporting reste le club des grands personnages qui ont façonné son histoire.

Sur le terrain, la référence doit être la saison du 50e anniversaire, quand les Zèbres avaient gagné leurs quatre matches de prestige : contre Anderlecht et le voisin de l’Olympic. Et pas la saison du 75e anniversaire, quand le club avait basculé en D2 quelques mois après les festivités, et fait faillite un peu plus tard. La RTBF va mal, Adamo vient de connaître de petits soucis, mais ils ne sont pas morts : ils détiennent un grand passé et montrent encore des ambitions énormes. Le Sporting ne se porte pas bien : à lui aussi de montrer ce qu’il a dans le ventre.

par Pierre Danvoye

La RTBF et Adamo doivent inspirer Charleroi

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