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 » Le vrai bonheur n’est pas dans le sport « 

La nageuse Fanny Lecluyse (27) et la navigatrice Emma Plasschaert (26) ont de nombreux points communs : elles sont de Flandre occidentale, adorent l’eau, et sont amies. Rencontrées en juillet 2019, à un an des JO, Tokyo doit être le point culminant de leur carrière…

Nous sommes à la piscine olympique de la Gloria Sports Arena. Côte à côte, Fanny Lecluyse et Emma Plasschaert effectuent des longueurs. Lecluyse est un peu plus rapide mais Plasschaert nage étonnement vite et sa brasse est puissante.

 » Fanny et les entraîneurs de natation m’ont déjà donné pas mal de conseils « , sourit l’ex-championne du monde de voile en touchant le bord et en attendant que Lecluyse, très concentrée, termine sa séance. Afin de ne pas refroidir, Plasschaert se met à pédaler dans l’eau, les doigts en l’air.  » C’est l’exercice du Petit Chinois « , dit Horatio Droc, le coach de Lecluyse.  » Les gamins qui apprennent à nager doivent pouvoir faire ça pour obtenir leur brevet.  »

Tout au long de la semaine, Plasschaert a alors passé quatre à cinq heures par jour à la salle de fitness, sur un vélo de spinning ou dans l’eau.  » C’était dur mais quand je vois tout ce que Fanny fait – sept à huit kilomètres de natation deux fois par jour, des séries de 600 mètres de ceci ou de 400 mètres de cela – je n’ai pas à me plaindre. Respect car elle est très disciplinée, toujours à l’heure. Pourtant, dans une piscine, le décor ne change pas beaucoup.

Je m’estime donc très heureuse de pouvoir m’entraîner souvent en mer, parfois même sous le soleil, avec une jolie plage en toile de fond. Là, je me dis qu’il y a pire endroit pour souffrir. C’est juste moins agréable quand il pleut mais même dans ces moments-là, l’eau a quelque chose de poétique : le changement de couleurs, la combinaison du vent, des vagues et des courants, la force brute de la nature… Je suis une fille de la côte, je suis biologiquement faite pour ça », dit Plasschaert avant de poser avec Lecluyse pour la photo.

Lecluyse ne se plaint pas de la monotonie des entraînements en piscine.  » J’y suis habituée depuis toute petite. Bien sûr, il est plus amusant de nager sous le soleil mais même dans la piscine couverte de Mouscron (où elle s’entraîne habituellement, ndlr), je ne passe pas mon temps à compter les carrelages. Je me concentre sur ma technique et mon temps, je n’ai pas l’occasion de m’ennuyer. De plus, je me sens comme un poisson dans l’eau. Par le passé, j’avais parfois des problèmes de diaphragme, alors je manquais de souffle mais dès que je plongeais dans l’eau, ça passait. Et c’est encore le cas aujourd’hui : je déstresse complètement. Se mouvoir dans l’eau et ne rien entendre d’autre que le clapotis, c’est génial.  »

Pour moi, la clé de la réussite, à Tokyo, sera ma technique.  » Fanny Lecluyse

 » Nos copains jouent les gros bras  »

C’est ce rapport à l’eau qui a fait en sorte que les deux Flandriennes (une est originaire d’Ostende, l’autre d’Espierres-Helchin) se retrouvent à la même table, à l’occasion de la réception des sportifs belges au Palais Royal. Bizarrement, elles ne s’étaient jamais parlé auparavant. Plus tard, au cours du stage préolympique de Belek, en Turquie, elles partagent la même chambre.

 » Nous nous sommes tout de suite bien entendues « , dit Plasschaert.  » Je me retrouve un peu en Fanny, avec sa discipline, son assiduité, son perfectionnisme, ses habitudes : elle a même emmené ses propres flocons d’avoine, qu’elle pèse minutieusement. C’est motivant : ça prouve que je ne suis pas la seule à vivre à fond pour mon sport.

Autre point commun : vous avez toutes les deux un petit ami qui est sportif de haut niveau (Victor Campenaerts pour Fanny et le navigateur australien Matt Wearn pour Plasschaert, ndlr). Deux gars qui n’hésitent pas à crier haut et fort leurs ambitions. Sur le site de Matt, on peut lire :  » Mission : to win gold in Tokyo 2020  » ; et Victor a déjà dit aussi que c’était cet objectif qui le faisait avancer. Vous êtes plus prudentes…

Emma Plasschaert : Oui, les hommes sont plus déterminés…

Fanny Lecluyse : Ils jouent les gros bras ( elle rit).

Plasschaert : Ce sont des coqs, hein ( elle rit). Dans le cas de Matt, c’est aussi une question de nationalité : en Australie, il y a une telle culture du sport de haut niveau que personne ne s’étonne quand un sportif dit qu’il vise la médaille d’or. Aucun journaliste n’en ferait d’ailleurs son titre. En Belgique, comme il y a moins de candidats aux médailles, ça ferait la une.

Par contre, si tu ne décroches que la médaille de bronze, tu te fais démolir. J’aime autant ne pas me mettre une telle pression. D’autant qu’en voile, on n’a jamais toutes les cartes en main. Ce n’est pas comme dans une piscine, où les circonstances sont toujours les mêmes. Là, quand tu es en grande forme, tu peux déclarer avec certitude que tu vas gagner une médaille.

Ça ne veut pas dire que je ne vise pas le sommet, hein. Je ne m’entraîne pas quatre à cinq heures par jour ici dans l’optique de terminer quatrième à Tokyo. Mais je préfère ne pas parler de ça. Je me concentre sur l’évolution.

 » Il faut savourer l’événement…  »

Fanny, votre coach nous a dit que vous mettiez vos ambitions sur papier.

Lecluyse : Oui, depuis longtemps d’ailleurs. En 2015, à six semaines de l’EURO en petit bassin, je lui ai envoyé par mail les paroles de l’hymne national belge en ajoutant : Entraîne-toi (elle rit). J’étais convaincue que j’allais devenir championne d’Europe et ce fut le cas. En 2018, avant le championnat du monde en petit bassin, j’ai écrit sur une carte : Je vise le podium. Et j’ai décroché la médaille de bronze. Je sais donc que quand j’ai un objectif en tête, je peux l’atteindre.

Sur le porte-clefs accroché à votre sac, on peut lire :  » Crois-en toi, tu es la meilleure.  »

Lecluyse : C’est ma maman qui me l’a offert. Et Victor m’a encore aidée à avoir davantage confiance en moi. Il m’a dit de ne pas avoir peur d’exprimer mes ambitions. Mais je n’ai encore jamais décroché de médaille en grand bassin alors, je ne vais pas crier trop fort. Je veux d’abord me concentrer sur l’entraînement, puis sur la finale olympique, mon objectif principal. Après, on verra où ça me mène.

Ce sont vos troisièmes JO. Emma, elle, en est à sa première participation. En 2012, vous avez été paralysée par ce méga-événement et par les attentes placées en vous. Quel conseil lui donneriez-vous ?

Lecluyse : Je me souviens encore qu’en mars de cette année-là, Michel Louwagie, le président de la fédération belge de natation, avait dit à la télévision : Nous attendons de Fanny qu’elle arrive en finale, peut-être même qu’elle décroche une médaille. En l’entendant, je m’étais mise à pleurer car, à ce moment-là, j’étais mal dans ma peau : les entraînements se passaient mal, j’avais des examens de passage pour la première fois de ma vie… Mais ça, Louwagie n’en savait rien. Ses paroles ont mis tellement de pression sur mes épaules avant les Jeux…

Emma Plasschaert :
Emma Plasschaert :  » Ce sont les facteurs externes non contrôlables, comme les changements de vent ou de courants subits qui font que j’aime la voile. « © BELGAIMAGE

Donc, mon conseil, c’est : Profite, Emma. Moi-même, je tente de le faire plus que jamais, en partie grâce à Victor. Il faut savourer l’événement, prendre conscience de la chance qu’on a de pouvoir faire ce qu’on aime, de réaliser un rêve que des millions de personnes ont fait, de prendre part au plus grand événement sportif du monde. Alors, Emma, fais-le d’abord pour toi, parce que tu le veux. Ne pense pas à ce que les autres attendent de toi. Et dis-toi bien que, si tu devais échouer, ce n’est pas la fin du monde. Le vrai bonheur, il est en dehors du sport, dans ta relation avec Matt. Pareil pour moi avec Victor. C’est quelque chose de rassurant et de motivant à la fois.

En voile, si tu te donnes à fond comme le lapin Duracell dès le premier jour, tu n’a plus d’énergie après trois jours.  » Emma Plasschaert

 » …et pouvoir relativiser  »

Plasschaert : Matt et moi, on se dit la même chose, Fanny. Il faut tout relativiser. Il y a tellement de problèmes plus graves dans le monde. Quand on se rend compte à quel point un sportif de haut niveau est privilégié et qu’on a la chance, comme nous, de partager sa vie avec quelqu’un qui vit le même rêve, pourquoi stresser ?

De plus, je suis préparée à tous les scénarios possibles. J’ai déjà énormément parlé des Jeux Olympiques avec beaucoup de monde, notamment avec Evi Van Acker. À tel point que j’ai un peu l’impression d’y avoir déjà participé moi-même.

Vous faites preuve d’une sérénité étonnante à un an des Jeux.

Plasschaert : Je suis beaucoup plus calme depuis que j’ai mis mes études ( ingénieur industriel à l’université de Gand, ndlr) entre parenthèses, jusqu’à Tokyo. J’ai plus de temps pour réfléchir à mes entraînements et à mes compétitions avec mon coach, pour trouver des améliorations à apporter. Ça fait la différence.

Lecluyse : Depuis que j’ai mon diplôme d’institutrice d’école primaire en poche, j’ai beaucoup moins de souci. Je suis perfectionniste alors, je voulais aussi mener ces études à bien mais ça me stressait.

De plus, avec ma psychologue du sport ( Eva Maenhoudt, ndlr), je travaille de façon proactive afin de prévenir le stress en compétition. J’utilise des techniques de respiration ou je fais des mini-siestes, j’écoute de la musique apaisante, Wind & Leaves, par exemple. Dans ces moments-là, j’oublie tout et je m’endors.

Autre technique utilisée en psychologie du sport : la visualisation. Vous êtes-vous déjà imaginées sur le podium olympique avec une médaille d’or autour du cou ?

Plasschaert : J’applique cette technique avec mon psychologue ( Jef Brouwers, ndlr) mais je ne me projette pas aux Jeux. Je revois plutôt des victoires antérieures, comme celle du test event sur le plan d’eau olympique d’Enoshima, l’été dernier. Je visualise aussi surtout ma technique, mes manoeuvres sur l’eau. Ici aussi, le message est identique : je ne dois pas me concentrer sur mon objectif mais sur la façon dont je veux l’atteindre.

Lecluyse : C’est vrai. La clef de la réussite, à Tokyo, ce sera ma technique. Donc, c’est ce que je visualise avant tout. Je ferme les yeux, chrono en main, et je compte dans ma tête le nombre de fréquences sur 50 mètres tout en essayant d’approcher le plus possible mon meilleur temps sur 200 mètres brasse ( 2’23 »76, ndlr).

 » Lequel de nos sports est le plus dur mentalement ?  »

Emma, vous avez évoqué le fait que des facteurs externes, non contrôlables, pouvaient déterminer le résultat en voile. Ça doit être frustrant, non ?

Plasschaert : Il faut l’accepter, c’est propre à ce sport. Il faut tenter de garder son calme par rapport à cela. Je me dis aussi que c’est justement ces changements de vent ou de courant subits qui font que j’aime ce sport. Le plus difficile à accepter, c’est la poisse : une collision, des bateaux du jury dans le chemin, une bouée qui se détache…

Donc, avec mon coach, on travaille beaucoup mes facultés d’adaptation sur les plan technique, tactique et mental. Je dois me concentrer sur ce que je vois, pas sur ce que je pense qui va se passer. Ça m’oblige à être très concentrée et alerte pendant six jours.

Lecluyse : À ce niveau, c’est très différent en natation : je dois tout donner sur deux bonnes minutes pendant deux ou trois jours. Pour ça, je dois être gonflée à bloc. La moindre faute est souvent fatale, ce qui augmente la pression. Emma, sur six jours, a droit à l’erreur. Il est donc difficile de dire quel est le sport le plus honnête ou le plus dur mentalement.

Plasschaert : Il y a une différence : en voile, si tu te donnes à fond comme le lapin Duracell dès le premier jour, tu n’a plus d’énergie après trois jours. Il faut donc doser ses efforts et son niveau de stress pendant une semaine pour obtenir le meilleur résultat. Ce n’est pas simple mais j’y parviens de plus en plus.

Votre coach, Mark Littlejohn, nous a dit :  » Dans quelques années, Emma doit être capable de maîtriser son sport dans tous les domaines. Becoming a master in sailing.  » Pour lui, votre objectif, ça doit être ça. Plus que les médailles.

Plasschaert : Quand il m’a dit ça, j’y ai beaucoup réfléchi. Mais il a raison. Et cela m’ouvre des perspectives. Après Tokyo, il y aura Paris 2024 et peut-être même Los Angeles 2028. Je dois continuer à progresser jusqu’à ce que je devienne master. Alors, les résultats viendront d’eux-mêmes.

 » Établir un protocole avec copains et coaches  »

Aux Jeux, vous naviguerez exactement en même temps que votre compagnon, Matt, inscrit en classe Laser. Et vous, Fanny, vous disputerez votre 200 mètres brasse quelques heures après le contre-la-montre de Victor, s’il est sélectionné. Est-ce un avantage ou risquez-vous d’être déconcentrées ?

Lecluyse : Mon problème, entre guillemets, c’est que je suis plus tendue que Victor, comme le jour de sa tentative contre le record du monde de l’heure. Le matin, à l’entraînement, mon coach avait vu que j’étais stressée. Au championnat du monde contre la montre, ça allait déjà mieux mais quand Victor est tombé, j’ai commencé à m’énerver. Ça me bouffe de l’énergie et nager le même jour n’est donc pas l’idéal. Du coup, je ne devrais pas regarder la course mais ce serait quand même regrettable de ne pas le voir décrocher une médaille olympique. Nous devons donc encore décider ce que nous allons faire, s’il va à Tokyo.

Fin juillet, Victor était au bout du rouleau après un printemps très agité. Cela ne vous a pas empêchée d’atteindre la finale aux championnats du monde.

Lecluyse : Parce que je n’étais au courant de rien ! Quand j’appelais Victor, qui était en stage avec son équipe, il me disait que tout allait bien, qu’il était juste un peu fatigué. Après, j’ai lu dans le journal qu’il avait quitté le stage et qu’il ne participerait pas au championnat d’Europe. Je ne lui en ai pas voulu car nous avions déjà pris une décision à ce sujet : si l’un de nous deux se sent mal, il ne le dit pas à l’autre si celui-ci doit disputer une épreuve importante.

Plasschaert : Avant les Jeux, Matt et moi allons également établir un protocole du genre avec nos coaches. Nous allons décider quand nous allons nous voir avant, pendant et après les régates. Ce que nous allons nous dire ou pas. Imaginons par exemple qu’il se passe quelque chose de grave dans la famille de l’un d’entre nous. Que ferons-nous ? Nous voulons être prêts à affronter toute situation, aussi inattendue soit elle.

Si tout est déterminé avec précision, le fait d’être en compétition au même moment constitue un avantage. Supposons que Matt soit bien parti pour décrocher la médaille d’or : j’aurai tendance à vouloir en faire autant. Et s’il échoue, je me dirai que je dois gagner une médaille pour nous deux. Enfin, si nous loupons le podium tous les deux, nous nous soutiendrons mutuellement. Dans un environnement hyper-compétitif où il n’y a pas d’ami, ce n’est pas négligeable. Parler un peu à son amoureux, ça peut faire des merveilles.

Ce qui m’embêterait le plus, c’est que l’un d’entre nous décroche la médaille d’or et que l’autre soit déçu. Comme au Mondial 2018 : j’ai gagné et Matt a terminé deuxième de toute justesse. Il a failli louper les Jeux. Il lui a fallu un bout de temps avant de pouvoir parler de sa déception.

Donc, la seule solution, c’est que le 2 août 2020, vous soyez tous les deux champions olympiques.

Plasschaert : Chuut, on ne parle pas de ça. ( elle rit).

Emma Plasschaert et Fanny Lecluyse pendant le stage olympique de Belek, en décembre.
Emma Plasschaert et Fanny Lecluyse pendant le stage olympique de Belek, en décembre.© BELGAIMAGE

 » Apprendre à se faire mal et repousser le seuil de la douleur  »

Emma, selon votre coach, une de vos grandes qualités c’est d’être présente dans les moments cruciaux. Comment faites-vous ?

Plasschaert : La voile, c’est souvent plus mental que physique. On doit trouver au fond de soi la force de repousser le seuil de la douleur. On a les cuisses pleines d’acide lactique mais, pendant dix ou quinze minutes, il faut tirer sur la voile pour aller un peu plus vite et battre les autres. J’y arrive davantage aujourd’hui que par le passé parce que je m’entraîne mieux, j’ai davantage confiance en moi et je suis devenue une tueuse. Mais ces 5 %, on ne peut les utiliser qu’en course. C’est quelque chose qui se construit et qu’on garde en réserve pour les grands rendez-vous : les Jeux ou les championnats du monde.

Est-ce différent en natation, Fanny ?

Lecluyse : Oui. Parfois, je souffre davantage à l’entraînement qu’en compétition. Si on compare avec des séries de trois-quarts d’heure, une course de deux bonnes minutes, ça ne représente pas grand-chose. Quand j’ai battu mon record de Belgique en demi-finale des championnats du monde, j’étais tellement contente que je ne sentais pas la fatigue. La forme, ça s’acquiert en travaillant dur. C’est là qu’on apprend à se faire mal. Mon coach peut retirer les séries les plus dures de mon programme, je sais que si je veux une médaille, je devrai souffrir.

A-t-on tendance à sous-estimer l’aspect physique en voile, Emma ?

Plasschaert : Oui car les gens nous voient parfois à l’oeuvre quand il n’y a pas de vent et que notre coeur bat à 100 pulsations/minute. Là, c’est la technique et la stratégie qui comptent. Mais à partir de trois à quatre beaufort, il faut tout donner. L’acide lactique s’accumule, le pouls grimpe à 170 de moyenne, avec des pics à 185. Faire ça deux heures par jour pendant six jours, c’est dur, même si c’est ce que j’aime le mieux car je suis une des navigatrices les plus fortes physiquement. C’est comme ça que je suis devenue championne du monde.

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