LE VIF DU SUJET

Après un hors-d’ouvre en Europe et au Maroc, le rallye débute vraiment en Mauritanie

Dès la publication du parcours officiel du Dakar 2005, tous les favoris û sur deux et quatre roues û se sont fixé un premier rendez-vous :  » Le rallye commencera vraiment le 5 janvier entre Smara et Zouerat !  » C’est là, sur une spéciale de près de 500 bornes, que surgiront les premières réelles difficultés après la mise en jambes en Espagne puis au Maroc.

 » Habituellement, le prologue en Europe compte pour du beurre car les écarts s’y calculent en secondes tandis que plus tard, on parlera en minutes, voire en heures « , explique notre compatriote Grégoire de Mévius.  » Quant aux pistes marocaines, elles sont superbes mais assez comparables à celles qu’on affronte en rallye traditionnel. Au point de vue pilotage, c’est un régal car il est possible de mettre la voiture en glisse et d’attaquer vraiment sans risquer une grosse casse mécanique. Cependant, les écarts sont rarement importants dans cette phase initiale de l’épreuve où, par contre, les concurrents trop fougueux peuvent connaître quelques mécomptes, voire perdre toutes leurs chances « .

Etape-marathon

En passant la frontière mauritanienne, la caravane entre dans le vif du sujet, d’autant qu’une étape-marathon Zouerat-Tichit-Tidjikja est programmée les jeudi 6 et vendredi 7 janvier. S’il est favorable au principe de ces longs efforts disputés uniquement au GPS et sans l’assistance des mécaniciens, de Mévius n’en apprécie pas certaines modalités :  » A l’arrivée à Tichit, les véhicules – motos, autos et camions – seront placés directement en parc fermé. Pas question donc d’intervenir sur la mécanique, seul le ravitaillement sera autorisé. Les concurrents contraints d’effectuer l’une ou l’autre opération de maintenance ne pourront le faire que le lendemain matin après avoir pris le départ vers Tidjikja. Mais là, ils seront en course et le temps passé à réparer sera directement comptabilisé au classement. J’aurais préféré que l’organisateur, tout en interdisant la présence des assistances, admette les réparations au bivouac pour autant qu’elles soient effectuées par les équipages eux-mêmes. Le Dakar y aurait retrouvé un peu de son esprit d’antan basé sur l’entraide et la solidarité. On aurait pu voir des pilotes officiels donnant un coup de main à des amateurs… ou l’inverse, des privés aidant les représentants d’une usine. Le rallye-raid doit conserver le côté aventure qui a fait sa légende. Sans cela, il ressemblera de plus en plus à une course traditionnelle…  »

Une course que le rallyman namurois, porte-drapeau de la délégation belge, a abordé avec l’ambition de se hisser dans le top 5 final :  » J’en suis à ma septième participation et si j’ai souvent occupé un rang intéressant en cours de route, je ne suis jamais parvenu à le garder jusqu’au bout. Ma meilleure performance demeure une 8e place, tant en 2001 que l’an dernier, j’aimerais améliorer ce résultat…  »

Concurrence féroce

S’alignant sur un pick-up Nissan 2003 préparé par le  » sorcier  » français André Dessoude, de Mévius veut se montrer fin stratège pour atteindre son objectif :  » Mon auto est a priori fiable, ce qui demeure un atout majeur dans une compétition de ce genre. Je vais donc laisser la situation se décanter en début de parcours et j’espère me retrouver en position favorable lorsque la caravane observera un jour de repos à Atar. Là, je saurai si je dois accélérer ou garder le même tempo « .

A l’instar de la plupart des spécialistes, notre compatriote pointe les pilotes officiels Mitsubishi comme grandissimes favoris de ce marathon des sables 2005 :  » Ils disposent d’une voiture très performante qui, à l’image de la Ferrari de Michaël Schumacher, est sans cesse améliorée par petites touches. Cela dit, ils ne sont pas à l’abri d’une mésaventure puisqu’on se souvient qu’en 2004 ils avaient connu de gros soucis de boîte de vitesses. Mais le talon d’Achille de cette équipe est sans doute la concurrence féroce qui oppose ses trois éléments de pointe : Stéphane Peterhansel, Hiroshi Masuoka et Luc Alphand ont tous envie de gagner et ne se feront aucun cadeau. Les autres ? Parmi les sociétaires du team officiel Nissan, j’accorde le plus de chances au Sud-Africain Giniel de Villiers, secondé par le Belge Jean-Marie Lurquin. Je crois en effet que Colin McRae manque encore d’expérience du désert tandis que Ari Vatanen, très pris par ses occupations politiques, n’a peut-être pas préparé son affaire avec le soin requis. Je me méfie aussi de VW qui aligne trois anciens vainqueurs Jutta Kleinschmidt, Bruno Saby et Juha Kankkunen. Enfin, il serait stupide de négliger les chances de Jean-Louis Schlesser : rusé, malin, expérimenté, il est le fer de lance d’un petit escadron de pilotes de buggies où je suis avec attention la prestation de mon ami Stéphane Henrard « .

Ce dernier constitue le deuxième atout belge. Son buggy VW TDi est fiable, performant et peu gourmand en carburant :  » Au départ de chaque étape, je n’emporte que 200 litres de mazout tandis que mes rivaux doivent en prévoir plus du double, cela me donne un sérieux avantage en poids. Autre atout dans mon jeu, je connais ma monture dans ses moindres détails car j’ai pu la préparer selon mes idées personnelles et l’adapter parfaitement à mon style. Je retrouve au volant de mon buggy les sensations que j’éprouvais au guidon de ma moto « .

Judoka de choc

Derrière ces deux chefs de file, notre délégation compte surtout sur Jacky Loomans pour briller parmi les équipages privés. Ce vétéran du Dakar, engagé sur un Bowler, a fait sensation en appelant à ses côtés… Gella Vandecaveye dont l’expérience automobile est proche du zéro absolu. Mais on connaît assez le caractère de l’ex-judoka pour se douter qu’elle a soigneusement préparé son affaire.

On suivra aussi Michel Van den Broeck et Pascal Feryn (Toyota Rav4), Albert Michiels et Patrick De Coninck (Bowler), Joost Van Cauwenberghe et Marc Devos (Toyota Land Cruiser), Bernard Dhondt et Raymond Geerts (Buggy Honda) sans oublier les nombreux équipiers enrôlés par des pilotes connus : Jean-Marc Fortin épaule le Polonais Krzysztof Holowczyk (Mitsubishi), Jean -Paul Forthome s’aligne aux côtés du Français Thierry Magnaldi (Buggy Honda) tandis que Eddy Chevaillier, Dany Colebunders et Tom Colsoul font partie des favoris en catégorie camions, le premier s’alignant sur un MAN et les deux autres étant intégrés au redoutable team DAF-De Rooy.

Côté motards, on attend toujours le successeur de Gaston Rahier, lauréat en1984 et 1985. Ils sont cependant une quinzaine à tenter le coup, emmenés par Jeroen Ramon (Yamaha 250), Jonas-Franck Beckers (KTM) et le vétéran Ronny Renders (KTM). Leur ambition se limite cependant à rejoindre le Lac Rose à Dakar et ils laisseront les pilotes officiels KTM s’expliquer entre eux pour la victoire. Reste à voir qui de Cyril Despres, Fabrizio Meoni, Marc Coma et autres Isidre Esteve Pujol aura le dernier mot.

Eric Faure

 » Le rallye-raid doit conserver le côté AVENTURE QUI A FAIT SA LéGENDE  »

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