LE VIEUX GUERRIER

Le Norvégien (33 ans), qui est déjà transité trois fois par la Belgique, se donne une dernière chance :  » Je dois encore jouer mes meilleurs matches « .

En mars 2006, Petter Rudi disputait son 46e et dernier match pour le compte de l’équipe nationale de Norvège. Une sélection gagnée alors qu’il tentait de sauver Molde FK, son club d’origine, de la rétrogradation. Il n’y est pas arrivé et s’est mis en tête de poursuivre sa carrière au plus haut niveau. La Gantoise lui a offert cette chance. Il y a retrouvé quelques anciens équipiers comme Davy De Beule, Djordje Svetlicic et Sandy Martens. Et voici dix jours, à Mouscron, il a surgi du banc pour inscrire son premier but de la saison.

Petter Rudi : Ce but m’a comblé de bonheur. Je sortais de deux semaines intenses : un nouveau club, de nouveaux joueurs, l’espoir de retrouver rapidement la forme. C’étaient beaucoup de choses en peu de temps. J’espère être au top rapidement mais c’est difficile à dire car je n’ai pas disputé qu’une seule rencontre pendant deux mois et demi. Je n’ai pas perdu trop de puissance ni de fond, mais je sens bien que je manque de rythme. Je m’y attendais et, dans quelques semaines, je devrais être à 100 %.

Pourquoi êtes-vous revenu à La Gantoise ?

J’avais plusieurs possibilités mais je voulais jouer à un bon niveau et, comme j’étais déjà venu trois fois en Belgique par le passé, je savais à quoi m’attendre. De plus, je gardais un bon souvenir de mon passage par Gand, il y a dix ans. Ma décision ne fut pas difficile à prendre car je ne voulais plus jouer en Scandinavie. Le championnat n’y dure que cinq à six mois et, à mon âge, on veut jouer des rencontres officielles, pas des matches amicaux comme c’est le cas en Norvège où on ne dispute que 25 matches de championnat, dont six de janvier à mai. Je veux jouer beaucoup, essayer d’être presque toujours à 100 % et éviter les blessures. Mais il y a trois ans, lorsque je suis retourné à Molde, c’était pour y terminer ma carrière…

Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

Je pensais que ce serait différent mais je me sens toujours très bien. Avant de quitter la Belgique pour l’Austria Vienne, je me suis gravement blessé au genou en heurtant un autre joueur au Germinal Beerschot. Pendant deux mois, j’ai marché avec des béquilles et, une fois en Autriche, je me suis entraîné à fond pour retrouver mon niveau. Directement avec le ballon. Mais je me suis mis à boiter et l’état de mon genou n’a fait qu’empirer. J’avais exagéré. Après six mois, je suis donc rentré en Norvège. Aujourd’hui, je me sens à nouveau prêt à rejouer au plus haut niveau. Mes blessures aux genoux m’ont fait louper deux gros transferts mais je me sens comme un jeune homme de 22 ans et je pense que je peux encore jouer deux ou trois ans. Au Germinal Beerschot, c’était juste une collision et je suis guéri. A Lokeren, j’ai joué trop longtemps alors que j’étais blessé. Je n’ai pas prêté attention aux symptômes. J’ai alors été opéré des deux genoux et n’ai pas pu jouer pendant un an. Après six ou sept mois, j’étais même convaincu que je ne rejouerais jamais mais, après un an, je suis parti au Germinal Beerschot et, depuis, je n’ai plus jamais eu mal. Je fais chaque semaine des exercices afin que mes genoux restent sains pour éviter de retomber dans une tendinite que j’avais juste sous la rotule. Au cours des trois dernières saisons, à l’exception d’une élongation qui m’a tenu à l’écart des terrains pendant trois semaines, je n’ai raté aucun match et aucun entraînement. Bon, assez parlé de blessures.

On connaît vos qualités : volume de course, transition défense/attaque, engagement, vision du jeu, passes rapides et décisives… Mais Nebosja Pavlovic, Patrice Noukeu, Randall Azofeifa et Alin Stoica peuvent tous jouer au centre du jeu. Combien de chances vous donnez-vous d’être titulaire ?

Je veux y arriver. Jusqu’à présent, j’ai focalisé mes efforts sur mon retour en condition. L’équipe est bien classée et il ne sera pas facile d’y gagner une place mais si je n’y croyais pas, je ne serais pas venu (il rit).

A Mouscron, pour votre deuxième match, vous avez marqué mais ce n’est pas une habitude. N’est-ce pas étonnant, pour un médian offensif ?

Je privilégie toujours la passe. Si c’est une qualité, cela peut aussi être un point faible. Je devrais tenter plus souvent ma chance mais ce n’est pas mon style. J’ai une fois inscrit sept ou huit buts sur une saison en Angleterre : c’est donc exceptionnel. Il n’est pas trop tard pour changer (il grimace). En tout cas, mes blessures m’ont appris à apprécier davantage les matches. Je sais que dans trois ou quatre ans, tout s’arrêtera et je veux terminer en beauté. Quand on est jeune, on ne se rend pas compte, on n’éprouve pas le besoin d’apprécier. On prend du plaisir mais, aujourd’hui, je veux jouer chaque match comme si c’était le dernier.

On dit que vous êtes très fort lorsqu’il s’agit de prendre une décision dans une période de stress.

J’ai entamé une formation en psychologie de la réussite et j’espère la poursuivre cet été pour présenter le dernier examen dans un an et demi. Ce cours fait partie du baccalauréat en management du sport. Je commence seulement à penser à ce que je ferai après ma carrière et je ne veux donc pas trop en parler. J’aime encore trop le foot et, dans ces cas-là, mieux vaut ne pas tirer trop de plans sur la comète.

Vous avez 33 ans, vous auriez pu choisir un petit club sans concurrence, être le roi et avoir une cour autour de vous. Cela ne vous aurait pas plu ?

Je voulais une équipe qui preste. Etre titulaire, ce n’est pas mener un combat. Je sais que si je ne suis pas victime d’une blessure grave, je vais montrer le meilleur de moi-même. Je dois encore jouer mes meilleurs. Si je suis chaque semaine sur le banc, pas de problème car, si je suis proche de mon meilleur niveau et que les autres sont encore meilleurs, c’est que l’équipe est forte. Alors, nous serons bien classés…

RAOUL DE GROOTE

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