Le verre de L’ESPOIR

Si les Dragons ne restent pas en D1, leur sort pourrait être comparable à celui du RBDB, mort en sursis sans le sou.

La semaine passée, les joueurs du Stade Tondreau ont vidé la caisse des amendes pour payer le verre de l’amitié à leurs supporters. Les fidèles de la cause montoise ont apprécié ce geste et ont éclusé joyeusement la cervoise qui soutient la D1. Et il n’était pas question de mise en bière du désir des Dragons de rester parmi l’élite. Même Olivier Werner, qui a signé un contrat de trois ans au Cercle de Bruges, a eu droit à des accolades :  » En fin de saison, je ne serai totalement heureux que si Mons reste en D1.  »

Les Dragons traversent une situation délicate tant sur le plan sportif que financier et existentiel. Le club trouvera-t-il de nouveaux investisseurs pour soutenir le président Leone ? Ce dernier mettra-t-il la clef sous le paillasson ? L’Albert ne devrait-il pas accueillir ce qui restera bientôt du RBDB ?

La campagne électorale en vue des élections de fin mai bat son plein : qui aura le courage de relancer l’idée d’un grand projet régional sans lequel le football professionnel n’a aucun avenir à Mons et dans le Borinage ? Il a été question de tout cela entre deux bières. Mais la première urgence concerne bien entendu les P03.

 » Je suis persuadé que Louvain nous convient mieux que Waasland Beveren « , soulignait Thomas Chatelle.  » L’équipe du Freethiel s’est totalement retrouvée sous la direction de Bob Peeters. Cette équipe a fait preuve d’une maturité salvatrice, comme contre le Standard.  »

Mons et Louvain ont affiché des progrès certains en fin de phase classique. Ivan Leko a même fait le buzz en décrochant un point au Lierse (à 9 contre 11) avant d’infliger une défaite à Anderlecht, synonyme de fin de règne pour John van den Brom. Leko a immédiatement acquis le statut de statut de stratège et de meneur d’homme.

Charismatique, il a imposé une griffe à la Peter Maes à Louvain. Le coach de Lokeren l’avait en si haute estime qu’il songea à lui comme T2 en cas de départ vers un grand club. Le caractère de Leko (36 ans) compense son manque d’expérience dans le métier. Cedomir Janevski (52 ans) est plus discret que son collègue de Louvain mais son parcours de coach est plus riche.

Janevski reste le dernier T1 du Club Bruges à avoir procuré un trophée dans la Venise du Nord : la Coupe de Belgique décrochée en 2007 face au Standard de Michel Preud’homme. Ce jour-là, un des grands axes de la tactique de Janevski consista à limiter le rayonnement de Marouane Fellaini dans la ligne médiane.

Par la suite, il multiplia les expériences, que ce soit en Serbie (Etoile Rouge de Belgrade), à Chypre (Paralimni, Ethnikos Achnas) et à la tête de l’équipe de Macédoine.

Janevski- Leko : un fameux duel

Contrairement à Leko, Janevski a mis du temps à trouver les solutions à Mons, qui a raté ses achats de l’été, ce qui coûta la tête d’Enzo Scifo. Les Dragons ont trouvé le bon rythme en fin de saison. L’expérience et le calme de Janevski prévaudront-ils face à la jeunesse et à la fougue de Leko ?

 » Je suis totalement confiant « , a précisé Janevski en rencontrant les supporters montois.  » Notre club a raté son début de saison et la reprise après la trêve hivernale. Cela dit, je suis très content de leur fin de phase classique. Il y a du sérieux, donc de l’application, et des préoccupations offensives, dans leur jeu.

Les choses sont en place et nous détenons des arguments importants pour des duels aussi particuliers que ceux des PO3. Louvain ne s’attendait pas à subir une défaite (2-3) chez nous à la fin de la phase classique du championnat. Notre football avait déjà posé des problèmes aux Louvanistes lors du match aller (2-2) : ces deux résultats prouvent que Mons détient des atouts. Et Louvain ne fait plus preuve de la même certitude d’y arriver. Quand on prend quatre points sur six face à un adversaire, c’est quand même plus que significatif.  »

Chatelle dispose lui aussi d’un bagage qui pèsera lors des PO3 :  » J’ai déjà vécu ce genre d’expérience avec Saint-Trond. Dans le cas présent, il sera important de bien négocier le premier match à Louvain. Ce sera déjà un tournant. OHL présente deux caractéristiques intéressantes : cette équipe a gagné 24 de ses 27 points à domicile. Elle y a marqué 21 de ses 30 buts.

Par contre, Louvain n’a décroché aucun succès à l’extérieur. Si nous forgeons un bon résultat d’entrée de jeu, Louvain doutera. Et une victoire nous ferait un bien fou. Mons pratique un bon football depuis plusieurs semaines Les deux clubs comptent de nombreux joueurs en fin de contrat. C’est mon cas. Je n’ai pas le moindre contact. Pour moi, il n’y qu’une priorité : Mons. J’espère encore jouer deux ans en D1.  »

Soucis pécuniaires

Mais il y a aussi l’envers du décor, avec les énormes soucis financiers montois. Un malheur ne venant pas seul, c’est tout le football de la région Mons Borinage qui est percuté par l’absence de trésorerie et de grands projets. Les problèmes de l’Albert et de Boussu Dour en D2 sont quasiment les mêmes : pas d’identification du public avec son équipe.

Le RBDB ne réunit que quelques dizaines de spectateurs à domicile. Paradoxalement, les ennuis des Borains permettront probablement à Seraing de retrouver la D2. Si Dominique Leone doit investir chaque année un million d’euros pour boucher les trous, la trésorerie de Boussu-Dour pique du nez depuis le départ de l’ancien président, André Arbonnier.

Là, l’ardoise s’élève à 500.000 euros et cela commence à faire beaucoup pour ceux qui devront effacer un jour les dettes fédérales. De plus, il s’agit déjà de trouver un budget de 500.000 euros pour la prochaine saison. Missions impossibles, que ce soit en D3 (si le RBDB donne son matricule à Seraing et reçoit celui de Verviers) ou même en Promotion. Boussu Dour a tenté en vain de résoudre son problème avec des sponsors régionaux.

 » Le mal est profond et il faut avoir le courage de tout remettre à plat « , nous a signalé une source proche du club.  » Boussu-Dour est tout au plus un club de Promotion égaré en D2. Nous avons vécu d’autres heures de gloire et même un quart de finale de Coupe de Belgique avant de replonger en P1. A l’époque, personne n’avait tiré les leçons de tout cela. Un club ne peut pas dépendre d’un homme, que ce soit Jean Zarzecki, Arbonnier. A Boussu-Dour il n’y a que des joueurs français : les gens ne viennent dès lors plus au stade.  »

Compte tenu des dernières tendances (mais tout peut changer rapidement), Verviers n’est plus intéressé par la vente de son matricule. Boussu-Dour prend donc la direction de la Promotion ou de la P1 en fonction des résultats de Seraing en fin de saison, ce qui ne devrait pas plaire aux bourgmestres PS de Boussu et CDH de Dour.

Un partage du Tondreau

Dans son malheur, l’Albert peut permettre à tout le monde de sortir de sortir de cette situation délicate par le haut. Présent au verre de l’amitié offert par les joueurs, Alain Lommers s’étonnait :  » Tout ce qui se passe dans la région m’intéresse. Notre priorité concerne le maintien en D1. Il y a des compétences dans la région de Mons Borinage, je l’ai toujours pensé. Nous avons eu des contacts avec Boussu-Dour mais ce fut plus que bref. Maintenant, c’est via la presse que je prends connaissance des éventuelles solutions sérésiennes ou verviétoises pour Boussu-Dour.  »

Sans s’avancer, Lommers songe probablement à un rapprochement, à un partage du Tondreau. D’autres ont songé à une fusion. A l’Albert, le sujet n’est pas abordé publiquement mais on devine ce que beaucoup pensent : ce serait une solution de sagesse. Des supporters montois nous ont dit :  » Peut-être mais il y a un tel esprit de clocher par ici. Il n’est pas certain du tout que les Borains viendraient au Tondreau.  »

C’est ce qui se disait naguère à Winterslag et Zulte avant la fusion avec Waterschei et Waregem. A Boussu-Dour, où Freddy Smets a présenté un repreneur, on a entendu :  » On ignore qui c’est mais c’est le moment d’être courageux et cela passe peut-être par des décisions impopulaires.  »

Pierre François examine pour l’instant la situation de Mons. Un communiqué du club précise à propos de sa mission de consultance :  » A la demande de la SA SGI et de son Président Domenico Leone, Monsieur Pierre François a été mandaté pour effectuer une mission de conseil auprès du RAEC Mons. Souhaitant analyser les raisons de la saison difficile du club, le Président du RAEC Mons a chargé Monsieur François d’évaluer les volets sportif, financier, fonctionnement interne, infrastructures…

L’expérience du football belge de Monsieur François (Standard de Liège, White Star Bruxelles…) s’avérera utile pour cette mission d’avis que ce dernier réalisera en pleine collaboration avec les employés du club.  » Pierre François, entend trouver les solutions pour que Leone reste à la tête de l’Albert qui jouera gros dès le coup d’envoi des PO3 à Louvain.?

PAR PIERRE BILIC – PHOTOS: BELGAIMAGE

Pierre François, entend trouver les solutions pour que Leone reste à la tête de l’Albert.

Boussu Dour a tenté en vain de résoudre son problème avec des sponsors régionaux.

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