» LE TRASH-TALKEUR SE CONSIDÈRE COMME UN LEADER « 

Psychologue du sport, Jef Brouwers est habitué à travailler avec des sportifs professionnels. Et Dieu sait si ceux-ci peuvent avoir des personnalités différentes. Le spécialiste anversois en connaît un bout sur le trash-talking. Tantôt, il s’occupe de ceux qui usent et abusent de cet art. Tantôt, son attention se focalise sur ceux qui acceptent mal les provocations et les hurlements des trash talkeurs. Il nous a éclairé sur le phénomène.

Pourquoi un sportif peut-il user du trash-talking ?

Jef Brouwers : Il y a différentes raisons à cela. La première est qu’il tente, comme cela, de perturber ses adversaires. Il peut aussi parler tout haut et faire du bruit pour influencer ses équipiers, les tirer avec lui. Souvent, ce joueur se considère comme un leader et aspire à tenir un discours fédérateur auprès des siens. Il peut aussi, et c’est le cas dans les sports individuels, chercher à augmenter sa confiance tout en tentant de faire peur à l’autre. Cette pratique fait, en tout cas, partie intégrante du sport. Et pas seulement au plus haut niveau !  »

Des joueurs font-ils parfois appel à vos services parce qu’ils sont perturbés par des trash-talkeurs ?

Oui, c’est fréquent. Il y a la victime, à qui il faut donner des conseils pour qu’elle ne soit plus dérangée par les cris ou les provocations de l’autre. Mais on peut aussi travailler avec le trash-talkeur lui-même afin qu’il utilise sa capacité à parler à bon escient et pas à tort et à travers, que cela constitue une véritable force en plus dans son équipe.

Pouvez-vous nous donner un exemple de trash-talking efficace ?

L’exclusion de Zinédine Zidane en finale de la Coupe du Monde 2006 contre l’Italie. Il est provoqué durant tout le match par Marco Materrazzi, son adversaire direct, qui lui parle, le houspille sans arrêt. A la fin, Zidane n’en peut plus et donne ce coup de tête. Le défenseur italien avait réussi à venir à bout d’un joueur timide. Les sportifs introvertis sont d’ailleurs les plus enclins à perdre leur sang-froid dans ce genre de situation.

Le trash-talking fait vraiment partie des moeurs en basket. Pourquoi ?

Parce qu’il est un produit de la culture américaine. Regardez en NBA ! Mais même sur nos parquets, certains sont connus pour leur propension à faire du bruit. Aux Etats-Unis, on a toujours été habitués à cela. En basket, le spectateur perçoit cela plus facilement parce que l’on joue à l’intérieur, dans une salle bruyante, et que le terrain est petit. Mais, je le répète, le trash-talking existe dans tous les sports. En football, de nombreux entraîneurs y font appel durant tout le match qu’ils suivent le long du terrain. Bien sûr, parfois, le trash-talkeur va trop loin et cela se retourne contre lui.

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