« LE TOP, c’est Lukaku »

Les choix intimes du meilleur buteur du championnat avant le choc !

Q ui sera votre plus dangereux rival pour le titre ? Anderlecht, le Club Bruges ou le Standard ?Jelle Vossen : Anderlecht reste au-dessus du lot et largement favori. C’est là qu’il y a le plus de qualités et ce ne sont pas quelques défaites qui m’ont fait changer d’avis. Le Standard, le Club et Gand ont plus ou moins les mêmes atouts que Genk, ce sera peut-être serré pour la deuxième place. Nous avons fait une démonstration à Gand, pris un point à Bruges en jouant une partie du match à dix et venons de battre le Standard : c’est bien mais ce n’est pas pour cela que je nous estime, sur le long terme, supérieurs à ces équipes.

Genk champion : 25, 50 ou 75 % de chances ?

25 %. En début de saison, l’ambition était de se qualifier pour les play-offs 1. Il faut rester calme. Avec la division des points par deux à la fin de la phase classique, les écarts ne seront de toute façon pas énormes si nous sommes toujours en tête. La nouvelle formule du championnat risque de nous être défavorable, mais bon, elle a avantagé Genk la saison dernière puisqu’elle a permis à l’équipe d’être européenne à la fin d’une année difficile.

Quand Frankie Vercauteren dit que le noyau de Genk est trop étriqué, il a raison, tort ou en partie raison ?

Un noyau limité, c’est un inconvénient dès qu’il y a des blessés ou des suspendus car les réservistes ne sont peut-être pas du même niveau que les titulaires. Mais c’est un avantage quand tout va bien car il y a moins de mécontents le week-end et ça favorise une bonne ambiance.

Qui est l’attaquant belge le plus doué ? Romelu Lukaku, toi ou un autre ?

Lukaku sans hésiter. Il a tout ce qu’un grand attaquant doit avoir : une carcasse énorme, une puissance folle, la vitesse, le jeu de tête. On l’a critiqué ces derniers temps mais mon opinion sur lui est toujours la même. Avoir montré déjà autant de choses à 17 ans, il faut le faire. Il est phénoménal. Ce n’est pas à moi de me mettre dans un trio pareil. En deuxième place, je choisirais Eden Hazard, surtout pour sa technique fantastique. Puis Jonathan Legear : il est magnifique quand il est en forme.

Tu prendrais quelle qualité chez Lukaku ? Sa puissance, sa valeur sur le marché des transferts ou son statut de joueur d’Anderlecht ?

Sa puissance. Je sais que c’est un élément que je dois travailler pour encore m’améliorer. En championnat de Belgique, ça passe encore. Mais dans les matches internationaux, il me manque quelque chose. Quand tu affrontes des défenseurs de l’équipe d’Allemagne, tu vois mieux où tu te situes. Et même aux entraînements des Diables, j’ai vu clair quand je me suis retrouvé en face d’armoires à glace comme Daniel Van Buyten ou Vincent Kompany.

Les plus beaux buteurs : Ibrahimovic, Zidane, Beckham

Tes trois matches références cette saison ?

Le premier en championnat, contre le Germinal Beerschot. Marvin Ogunjimi était suspendu, c’est pour cela que j’ai joué. J’ai mis deux buts, le deuxième dans les dernières minutes, et nous avons gagné 2-1. Je citerais aussi ma première titularisation avec les Diables, au Kazakhstan. Avant ce jour-là, il y avait encore des doutes quant à mon vrai niveau. J’ai amené les deux goals de la victoire. Et notre déplacement à Porto en Europa League : on nous donnait peu de chances contre une vraie grosse équipe mais nous n’avons pas été ridicules et j’ai marqué deux fois.

Quel entraîneur a eu le plus d’impact sur ta carrière ? Ronny Van Geneugden, Glen De Boeck ou Vercauteren ?

Impossible de les classer car leurs rôles ont été différents. J’ai eu Van Geneugden pendant trois ans en Espoirs à Genk, il m’a formé. De Boeck m’a relancé au Cercle après une période difficile ici. Il m’a rendu confiance et m’a offert l’occasion de devenir un vrai titulaire en D1. Je dois aussi beaucoup à Vercauteren : on ne parlerait pas de moi aujourd’hui s’il ne m’avait pas mis dans son équipe de base.

Les trois plus beaux buteurs de l’histoire du football ?

D’abord Zlatan Ibrahimovic. Posséder une technique pareille quand on est aussi grand, c’est incroyable. Je pense régulièrement au fameux but qu’il avait mis avec l’Ajax en 2007, contre NAC Breda : il dribble la moitié de l’équipe et dépose le ballon au fond. Je dirais aussi Zinédine Zidane : tout en ayant un jeu simple, il savait tout faire et aussi marquer. Son goal en finale de la Ligue des Champions, avec le Real contre Leverkusen en 2002, est un modèle absolu : une fantastique volée du gauche, son mauvais pied. Tu peux essayer ça un millier de fois, tu auras peu de chances de réussir. Et David Beckham pour ses coups francs. Tout le monde savait où il allait les placer mais ils entraient quand même.

Tes trois plus beaux buts depuis l’été ?

En tête, celui contre l’Autriche, mon premier avec les Diables. Il tombe sur une phase d’une pureté remarquable. Une très longue passe de Kompany, le centre parfait d’Ogunjimi, de la gauche, et ma reprise en un temps. Ensuite, un but semblable à Porto, mais avec le centre de Dugary arrivé de la droite. En trois, mon goal contre le Standard : une passe extrêmement précise de Kevin De Bruyne dans le dos des défenseurs, et je frappe pour conclure la contre-attaque parfaite.

Tu marqueras combien de goals cette saison ? 20, 30 ou 40 ?

Si on compte le championnat, la Coupe d’Europe et les Diables, j’en suis déjà à 19. Donc, 30, ça me paraît réaliste.

Comment préfères-tu jouer ? Seul devant, dans une attaque à deux pointes ou derrière un seul attaquant de pointe ?

Pas seul en pointe. Ogunjimi et Romelu sont forts dans ce rôle-là, moi je ne pourrais pas l’assumer. Dans les deux autres systèmes, je peux me débrouiller, et de toute façon, la différence est assez minime. Si je joue trois mètres plus haut, on peut dire que Genk aligne deux pointes. Si je suis trois mètres plus bas, on dit qu’Ogunjimi est le seul attaquant profond et que je tourne dans son dos.

Vossen/Ogunjimi : sexy comme Sonck/Dagano

Le duo offensif le plus sexy de l’histoire de Genk ? Souleymane Oulare/Branko Strupar, Moumouni Dagano/Wesley Sonck, Ogunjimi/Vossen ?

Je n’ai pas bien connu Strupar et Oulare, j’étais trop jeune. Par contre, je me souviens bien de Sonck et Dagano. J’étais ramasseur de balles pour les matches de Ligue des Champions contre l’AS Rome et le Real Madrid. Des souvenirs fantastiques. J’étais derrière un but, et sur les phases arrêtées de Genk, j’avais Iker Casillas et Roberto Carlos à quelques centimètres ! Sonck et Dagano, c’était quelque chose. Aujourd’hui, on compare parfois Ogunjimi à Dagano et moi à Sonck car les rôles sont un peu les mêmes. C’est flatteur, et si je pouvais faire la même carrière que Sonck… Quel bonheur !

Le joueur Ogunjimi en trois facettes.

Rapidité. Presque impossible de lui chiper le ballon. Voleur de buts.

Et l’homme en trois facettes ?

Ami. Aucune arrogance alors qu’il donne parfois l’impression inverse. Discrétion : il cherche souvent l’ombre.

Les chances que tu sois toujours à Genk en février ? 30, 70 ou 100 % ?

90 % (il rigole). Je pars du principe que je suis ici pour un bon moment. J’ai resigné pour cinq ans, je me sens bien dans ce club, j’ai la confiance de l’entraîneur, les supporters m’adorent. Je ne vois pas pourquoi je devrais m’encombrer la tête avec un transfert. Mais bon, si une équipe vient avec une offre phénoménale, je vois mal Genk refuser.

Les trois raisons pour lesquelles De Bruyne a bien fait de rester cet été ?

Il jouait tous les matches avant sa mononucléose et il aura encore des possibilités de gros transfert s’il continue à jouer comme il l’a fait maintenant. Et s’il patiente encore avant de s’en aller, il sera totalement prêt au moment de changer d’air.

Quel joueur de Genk a le plus de valeur sur le marché des transferts ? De Bruyne, Ogunjimi ou toi ?

En ce moment, c’est sans doute De Bruyne ou moi. Je suis meilleur buteur de l’équipe en tête, je suis devenu international et je n’ai que 21 ans. Ogunjimi a deux ans de plus et marque moins. De Bruyne, lui, est encore plus en avance : à 19 ans, il faut voir le niveau des clubs qui s’intéressent à lui : c’est révélateur.

Les trois impressions que tu ressentirais si tu étais dans la peau d’Elyaniv Barda cette saison ?

Une déception énorme : j’ai aussi connu des périodes où je ne jouais pas. Une motivation terrible pour prouver à l’entraîneur que je mérite d’avoir plus souvent ma chance. Mais aussi de la satisfaction en voyant que l’équipe tourne.

Fracture, finale de Coupe perdue, pas d’Euro : les 3 meurtrissures

Ton père te critique souvent. Quels sont ses trois principaux reproches ?

Il est dur quand j’essaye de marquer moi-même alors qu’un coéquipier est mieux placé. Il n’apprécie pas non plus quand je tacle, il me rappelle chaque fois que c’est comme ça que je me suis cassé la jambe, la saison dernière. Mais c’est plus fort que moi. Quand je perds le ballon, je veux à tout prix le récupérer et je me laisse parfois emporter par ma fougue. Mon père me dit aussi que je dois être plus calme quand j’ai la balle. Ça va déjà mieux qu’avant, je me précipite moins, mais j’ai encore des progrès à faire.

Vanhaezebrouck ne voulait pas de toi à Genk l’année dernière. Il n’avait rien compris, il a eu une très bonne idée en te laissant partir au Cercle ou tu n’as pas envie d’en parler ?

Pas trop envie d’évoquer le sujet, non… Chaque entraîneur a sa vision et je ne faisais pas partie de ses plans : il faut respecter tout cela. Entre-temps, j’ai assez prouvé ce que je valais. Mais je n’ai aucun sentiment de revanche. Nous sommes allés jouer à Courtrai le week-end passé, et pour moi, ce n’était pas un match contre Vanhaezebrouck.

Les trois jours les plus tristes de ta carrière ?

Ma fracture de la jambe avec le Cercle, sur le terrain de Lokeren. Je perds le ballon, Sulejman Smajic le prend et s’en va, je le rattrape et je tacle par derrière en voulant mettre dehors. Mais mes studs restent accrochés dans le gazon et c’est la fracture. Peut-être due au synthétique. Je ne pourrai pas oublier non plus la finale de Coupe de Belgique perdue l’an dernier contre Gand : j’avais l’impression d’avoir fait une saison fantastique avec le Cercle mais je n’ai pas eu la cerise. Et il y a eu une déchirure à l’aine à trois jours de la phase finale de l’EURO -17. J’avais Toby Alderweireld, Vadis Odjidja et Axel Witsel dans l’équipe, nous formions sa colonne vertébrale. Nous avions bossé deux ans pour nous qualifier et ma frustration a été énorme.

Le prochain Diable de Genk, c’est Thibaut Courtois, David Hubert ou un autre ?

Peut-être Hubert. Il me fait beaucoup penser à Timmy Simons : il calme les choses dès que ça chauffe devant la défense. Mais il y a un autre candidat sérieux pour succéder à Simons en équipe nationale : Odjidja. Ce sera le plus grand concurrent d’Hubert.

Les chances de qualification des Diables pour l’EURO ? 25, 50 ou 75 % ?

50 %. Nous avons montré qu’il ne nous manquait pas grand-chose par rapport aux équipes qui jouent la tête du groupe. Nous devrions avoir deux ou trois points de plus et les perspectives seraient alors déjà différentes. Maintenant, il est impératif d’aller gagner en Autriche et de battre l’Azerbaïdjan chez nous. Puis nous recevrons la Turquie et ce sera peut-être le moment charnière.

Après les incidents de Genk-Standard, comment va évoluer ta relation avec Sinan Bolat ? Elle sera toujours comme avant, moins bonne qu’avant ou meilleure qu’avant ?

Nous n’avons plus eu de contact depuis. Je le laisse réfléchir à ce qu’il a fait. C’est dommage car c’est un gars fantastique et nous nous entendions très bien quand il jouait à Genk. Mais son exclusion était logique. Le règlement dit bien que si tu menaces un adversaire, tu voles dehors. Moi, je ne lui ai rien dit de mal, je n’ai sûrement pas fait d’allusion à sa mère, comme on l’a écrit. Lui a effectivement menacé de me tuer. Sa réaction m’a complètement surpris.

PAR PIERRE DANVOYE

 » En match contre les Allemands, et même à l’entraînement contre Kompany et Van Buyten, j’ai compris qu’il me manquait encore du body. « 

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