« Le titre conditionnera l’avenir! »

Ostende est bien parti pour réaliser le doublé coupe-championnat.

Ostende n’a rien changé à ses habitudes pour aborder la finale des playoffs. Deux entraînements par jour, de 10 à 12 heures et de 18 à 20 heures. Et, samedi, le bus pour Charleroi est parti de la côte à 17 heures.

 » Aaron McCarthy est assez superstitieux », rigole Christophe Beghin. « La dernière fois que nous étions partis plus tôt, en déjeunant en cours de route, c’était pour aller à Pepinster… et nous avions été battus. Nous nous étions mis nous-mêmes en difficulté : le match avait été pris à la légère. A Bree, nous n’avons pas assez respecté certains joueurs. Il y a eu certaines tensions dans le groupe lors du déplacement dans le Limbourg. Le lendemain, nous avons tous fait notre mea culpa. Nous avons eu une réunion entre joueurs, sans la présence du coach. Lors des deux matches suivants, nous avons rectifié le tir. Et à Charleroi, nous avons d’emblée pris le match au sérieux. McCarthy nous avait mis en garde: ce n’est pas parce que nous avions remporté les trois matches précédents face aux Spirous qu’il suffirait de paraître. Dans les playoffs, on repart à zéro. Charleroi possède énormément d’expérience. Sa moyenne d’âge, qui frôle les 30 ans, est très élevée. A Ostende, elle est beaucoup plus basse: 23 ou 24 ans. C’est l’expérience contre la jeunesse. Notre force, ce sont les rebonds et la vitesse. Deux qualités complémentaires: pour courir, il faut avoir le ballon. J.R. Holden et Ralph Biggs vont à 200 à l’heure. Nous avons aussi de fortes personnalités, avec en plus Virginijus Praskevicius et Mike Doyle, et lorsque tout ce beau monde consent à se mettre au service de la collectivité, l’adversaire éprouve des difficulés. L’arrivée prochaine de Michael Huger n’a apparemment pas trop perturbé J.R. Holden. A la limite, je me demande s’il était au courant. Cela s’est fait très vite. De toute façon, ce sont deux bons amis. Mais, en tant que joueurs, c’est le jour et la nuit. Autant J.R. Holden aime courir, autant Michael Huger affectionne le jeu placé. Il faudra s’y habituer la saison prochaine ».

Christophe Beghin est Bruxellois. Après une saison dans les équipes de jeunes du Fresh Air et une autre à Ganshoren, il est arrivé à l’Ajax Team d’Ostende. « J’avais déjà 16 ans lorsque je me suis inscrit au Fresh Air. Avant, j’avais joué pendant neuf ans au football, à Berchem Sainte-Agathe où j’habite: d’abord comme libero, puis comme gardien de but. Des problèmes ont surgi dans le club et j’ai eu envie de découvrir autre chose. Il a forcément fallu tout m’apprendre. Les recruteurs se sont d’emblée aperçus que j’étais fort mobile pour un joueur de ma taille. Dans un premier temps, on m’a appris les mouvements du pivot. A l’Ajax Team, j’ai perfectionné mon tir à mi-distance. J’ai entendu que l’école des jeunes d’Ostende avait été cataloguée parmi les trois meilleures d’Europe. J’allais à l’école comme n’importe quel adolescent de mon âge. Il y avait un premier entraînement avant l’école, à 6h30 du matin. Le soir, je retournais à l’entraînement. Après, il fallait encore faire ses devoirs et étudier ses leçons. Il faut beaucoup de courage pour arriver au bout. Lorsque je me suis inscrit… j’ignorais que c’était aussi dur! J’en ai bavé. Le plus difficile, pour un francophone qui n’avait aucune notion de néerlandais, c’était l’école.

Arrivé du football, Christophe Beghin n’a pas tardé à devenir international en basket. D’abord chez les jeunes, puis chez les A : « J’ai fêté ma première sélection l’an passé, lors du déplacement au Portugal. L’équipe a gagné, mais je ne suis pas monté au jeu. Trois jours plus tard, en Slovénie, j’ai joué… une minute. Mais l’équipe a perdu. A partir de la campagne 2000-2001, j’ai bénéficié d’une présence régulière ».

Il dispute sa deuxième saison avec Ostende. Comme Thomas Van den Spiegel, il avait joué à Alost précédemment. « Mais une seule saison! En fait, j’avais des contacts très avancés avec Pepinster. Mais Mark Vanmoerkerke, qui m’avait connu lorsque j’évoluais à l’Ajax Team, est devenu le manager d’Alost et m’a emmené avec lui au Forum. J’ai très peu joué là-bas. J’étais trop jeune. C’était la grande équipe d’Alost, avec beaucoup de joueurs dont le nom se terminait en ic… J’étais le cinquième pivot et un peu le souffre-douleur et comme je parlais très mal l’anglais, ce n’était pas évident. Mais j’ai appris énormément avec Vlado Djurovic. On peut dire qu’en travaillant avec celui-là, on se forge le caractère. Il n’y avait pas intérêt à blaguer avec lui… »

Lucien Van Kersschaever, toujours à l’affût de jeunes pivots auxquels il pourrait apprendre le métier, est ensuite venu chercher Christophe pour jouer à Ostende. « Nous avons beaucoup travaillé durant l’été, avec Piet De Bel et Thomas Van den Spiegel. Lorsque la saison a débuté, il m’a donné ma chance et je l’ai progressivement saisie. Je me sentais plus à l’aise à Ostende qu’à Alost. Comme j’avais évolué à l’Ajax Team, je connaissais déjà plusieurs joueurs ».

L’annonce du limogeage de Van Kersschaever, cet hiver, fut perçue comme une onde de choc : « Nous venions de gagner un match à Ypres, mais son sort était probablement déjà scellé depuis la lourde défaite concédée contre Pau-Orthez en Suproligue, trois jours plus tôt. Je me souviens que, dans le bus qui nous ramenait d’Ypres, il avait reçu un coup de téléphone. En descendant du bus, il nous a serré la main et nous a dit: -Messieurs, au revoir, j’ai été ravi de travailler avec vous! Le lendemain, il y avait un autre coach à l’entraînement. McCarthy a un caractère très différent. Il parle beaucoup et essaye de mettre tous les joueurs sur la même longueur d’ondes. Ce n’est pas évident: on ne peut pas demander à J.R. Holden, qui a l’habitude de prendre 15 à 20 tirs par match, de se limiter à trois. Aaron McCarthy fait des remarques collectives alors que Van Kersschaever s’adresse aux joueurs de manière plus individuelle. Van Kers est davantage un formateur. Mais je crois que si Van Kers était resté, nous aurions obtenu les mêmes résultats. Notre baisse de régime au coeur de l’hiver était-elle sa faute? L’an passé, nous avions atteint les finales des playoffs et de la Coupe de Belgique. Avec cette équipe-là, c’était déjà un succès. En début de saison, d’aucuns nous avaient catalogué comme candidats à la relégation. En déplacement, les supporters adverses rigolaient: -Ils sont venus avec leur équipe Juniors!, s’exclamaient-ils. Finalement, nous avons perdu trois matches. Et ce n’est pas la faute de Van Kers si Thomas Van den Spiegel était malade pendant les playoffs. Mais à Ostende, la pression est plus forte qu’ailleurs. Les dirigeants ont beaucoup investi pour engager des joueurs comme Virginijus Praskevicius et Gert Kullamae. Ils veulent des résultats ».

Beghin a déjà choisi de demeurer à Ostende : « J’ai eu des contacts avec Mons, Liège et… Charleroi! Mais plutôt pour dans deux ans. Les contacts les plus concrets furent établis avec Mons. J’avais déjà un projet de contrat sous la main. Si j’ai choisi de demeurer à Ostende, c’est pour participer aux compétitions européennes. Du côté temps de jeu, j’ai obtenu certaines garanties. On m’a assuré qu’on tournerait avec trois pivots la saison prochaine. Encore faudra-t-il voir qui sera coach d’Ostende… L’équipe dépendra de notre participation à l’Euroligue. J’ai entendu que certains joueurs seraient disposés à rester si le club participait à la ligue européenne la plus prestigieuse. Et d’autres seront tentés de venir chez nous, dans ce cas-là. Le titre va donc conditionner beaucoup de choses ».

Daniel Devos

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire