» Le système des play-offs est absurde ! « 

Arrivé en janvier et immédiatement titularisé par Enzo Scifo, le Corse revient sur son parcours mais évoque aussi ses ambitions.

Décontracté, souriant, Grégory Lorenzi a l’accent chantant du sud et le verbe facile. Arrivé en Belgique à Mouscron en 2004, le Corse est rapidement retourné en France avant de faire son come-back en Jupiler League en début d’année.

En Belgique, on t’a découvert à Mouscron mais tu as été formé à Bastia puis Nantes.

Oui. A l’époque, mon père était vice-président de Bastia et j’ai donc débuté là-bas. A 13 ans, j’ai eu l’opportunité de rejoindre Nantes et d’intégrer le meilleur centre de formation de France. C’était une référence. Je n’ai pas hésité une seconde. Je m’étais préparé à partir, à quitter le cocon familial. Je ne regrette pas parce j’ai reçu une excellente formation et ça m’a endurci. Je me suis créé une force de caractère qui m’a beaucoup servi pour la suite dans ma carrière.

Tu étais même international chez les jeunes.

J’ai fait toutes les sélections jusqu’en moins de 20 ans. On avait une bonne génération mais on n’a jamais fait de résultats probants. C’était une bonne expérience mais sans plus. Tu peux être capitaine en sélection puis complètement sortir du circuit et arrêter le foot. Dans ma promotion, il y avait notamment Jérémy Toulalan (Malaga) et Jérémie Aliadière (Lorient) qui jouait à Arsenal à l’époque. On n’avait pas une génération dorée comme les 87. Aucun de nous n’est encore en équipe de France actuellement.

Comment te retrouves-tu à Mouscron ?

Nantes m’a proposé un contrat pro d’un an mais l’équipe tournait bien, jouait la Ligue des Champions et, à ma position, il y avait des gars comme Mario Yepes, Sylvain Armand, Nestor Fabbri ou Nicolas Gillet. Des joueurs avec beaucoup d’expérience qui étaient indétrônables pour un jeune comme moi. Je pouvais rester en France, en Ligue 2 mais Mouscron est arrivé avec une proposition. Ce qui m’a motivé c’est la première division. Mouscron était troisième et le discours de Georges Leekens m’a convaincu. Et puis, pour moi, la Belgique, ce n’est pas l’étranger : on parle français et c’est juste à côté de la frontière.

Comment ça s’est passé ?

Super bien. Je suis arrivé dans un groupe avec une bonne mentalité, je me suis bien acclimaté. Le coach m’a rapidement donné des responsabilités. Leekens m’appréciait : j’étais sérieux, je ne l’ouvrais pas et je voulais aller de l’avant. A la fin de la saison, j’ai eu un contact avec Roda mais j’ai préféré rester sur ma lancée et confirmer même si je sentais que c’était la fin d’un cycle avec les départs de Mbo Mpenza, Luigi Pieroni, Steve Dugardein et Christophe Grégoire. J’ai à nouveau fait une saison pleine mais les résultats étaient moins bons.

De la Ligue 2 à la Ligue 1

Tu retournes alors à Bastia.

Je sentais que le club n’avait plus autant d’ambitions qu’à mon arrivée et Bastia c’était le choix du coeur. Les Corses venaient de descendre en L2 et l’objectif était la montée. Le club avait gardé un noyau assez consistant. On a été dans les trois premiers jusqu’à 6-7 journées de la fin avant de s’écrouler. Dans ces cas-là, on sait qu’on est parti pour végéter longtemps en L2. J’ai quand même fait trois années pleines là-bas. Arrivé en fin de contrat, je pouvais prolonger pour trois ans mais je me suis dit que j’avais besoin d’un autre challenge.

Pourquoi opter pour Brest ?

J’avais plusieurs propositions de L2 et même de L1 comme Saint-Etienne ou Le Mans mais c’était plus pour être un joueur de complément dans l’effectif. J’ai choisi Brest dont le projet m’a séduit et ce choix fut le bon puisqu’on est monté en L1 dès ma deuxième année. Ça reste un super souvenir. On n’avait peut-être pas la meilleure équipe sur papier mais ce fut une fantastique expérience humaine. C’est notre solidarité et notre cohésion qui ont fait notre réussite.

Tu n’as quand même pas toujours été titulaire en Bretagne ?

Non, j’y ai connu des hauts mais aussi des bas : des blessures, des périodes sur le banc. J’ai même été prêté à deux reprises : à Bastia et à Arles-Avignon.

Pourquoi quitter Brest ?

Après Arles, j’ai fait une bonne saison en L1 avec le maintien à la clé. Cette année, une page s’est tournée. On a vécu une aventure de 5 ans avec un groupe. On s’est retrouvé avec huit joueurs en fin de contrat et malheureusement on n’a été que deux à être prolongés. Il y a eu une certaine cassure. J’ai joué dix matches comme titulaire mais je n’étais pas satisfait, pas épanoui. L’entraîneur, Landry Chauvin, est un coach de centre de formation mais tu ne peux pas avoir le même discours avec des mecs de 25-30 ans qu’avec des mecs de 18 ans. Ça ne passait pas du tout. J’ai donc décidé de partir.

Retour en Belgique

Comment aboutis-tu à Mons ?

Dans ma tête, j’avais toujours eu un goût d’inachevé en Belgique. Ça parait bizarre pour beaucoup de mes proches mais c’est comme ça. Mons m’a contacté. Il y a cinq ans j’aurais dit non de suite, je n’avais pas une bonne image du club. Mais, depuis la remontée, le club s’est professionnalisé, structuré petit à petit.

Enzo Scifo comme coach, ça joue ?

Je l’ai eu au téléphone et ça a pesé dans ma décision. S’il a décidé de venir ici c’est qu’il croit au projet, qu’il a des garanties par rapport aux ambitions du club. Je retrouve aussi Geert Broeckaert et Franky Vandendriessche que j’ai connus à Mouscron. Et puis le club était classé à la porte des PO1 donc il y avait un intérêt à jouer. C’était la condition pour revenir en Belgique.

Tu as immédiatement eu beaucoup de responsabilités.

Par l’expérience que j’ai, je sais tirer mon épingle du jeu en défense centrale. Je pense avoir assez de recul pour comprendre ce que le coach attend de moi. Je peux apporter un plus. Je viens de L1, ça aurait été illogique de ne pas apporter quelque chose qui se sente sur le terrain.

Hormis le dernier match contre Genk, ton arrivée coïncide avec une solidité défensive enfin trouvée ?

Ce n’est pas moi qui ai tout révolutionné. J’ai peut être apporté du calme. Certains ont haussé leur niveau de jeu vu la concurrence. On est plus attentifs, plus réguliers. Il y a eu une prise de conscience générale qu’il fallait arrêter l’hémorragie. Mais il ne faut pas se satisfaire de ça. Je veux montrer que je suis encore capable de mieux.

Le tirage ne vous a pas gâté. Quel est l’objectif de ces PO2 ?

C’est une bonne saison pour Mons. On ne doit pas se mettre de pression. Il faut de l’ambition entre nous et voir où ça nous mène. On a hâte que ça commence et une chose est certaine : il faudra compter sur nous pour ne rien lâcher et ne pas finir la saison en roue libre. On n’est pas gâtés par le tirage, c’est vrai, et ça prouve que le système est absurde. On termine septièmes et on est dans la poule la plus difficile. Je ne vois pas pourquoi Zulte Waregem, qui a été le plus régulier sur la saison, peut se retrouver à ne pas jouer l’Europe alors qu’une équipe qui a joué le maintien peut se retrouver en Europa League. C’est incompréhensible mais ça ne me fait pas peur. Toute façon pour aller au bout, il faut être meilleur que tous les autres. Personnellement, je préfère jouer de bonnes équipes.

Et le futur plus lointain, comment tu le vois ?

On a une équipe compétitive. Ça laisse de bonnes perspectives pour la suite. Si le club continue à recruter malin, on est capable de jouer les trouble-fête dans les 6 premiers. Zulte Waregem, Lokeren ou, précédemment, Courtrai l’ont démontré. On n’a rien à leur envier même si on ne sera jamais un club du top 5. Personnellement, j’ai encore de l’ambition, je veux aller le plus haut possible. En France, il y a tant de joueurs sur le carreau qu’aujourd’hui, tant que je prends du plaisir sur le terrain, je vis ces moments à fond sans me poser de questions.

PAR JULES MONNIER – PHOTOS: IMAGEGLOBE

 » Je viens de L1, ça aurait été illogique de ne pas apporter quelque chose.  »

 » Il y a cinq ans j’aurais dit non de suite, je n’avais pas une bonne image de Mons.  »

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