LE STANDARD RESTE… LUI-MÊME

Sans nouveaux joueurs au coup d’envoi, le Club Bruges a développé un football mûr pour prendre sans problème la mesure du Standard à Sclessin. Les Bleus et Noirs ont renforcé leur noyau en profondeur mais misent sur la force de la continuité, pour le moment. Depuis le début de la compétition, ils misent largement sur les automatismes acquis la saison passée. Le Club joue avec les valeurs qui lui ont permis de se libérer après onze longues années sans titre : un moteur parfaitement huilé, avec une combinaison de puissance, d’abattage, d’inventivité et d’opportunisme.

C’est le football que veut voir Michel Preud’homme depuis son embauche il y a 40 mois. Longtemps, ses travaux de restauration ont paru sans fin. Régulièrement, on déplorait un manque de concentration. C’est le seul ennemi du Club Bruges dans la course vers un nouveau titre. Le climat dans lequel baigne le club semble plus serein que jamais.

Il en va bien autrement au Standard. Le club reste fidèle à lui-même : il vit dans l’agitation. Après sa douloureuse défaite contre le Club Bruges, Aleksandar Jankovic a déclaré qu’il avait déjà changé deux fois de système, deux fois de gardien et deux fois de capitaine et que peut-être le club allait-il finir par changer d’entraîneur. À quel point est-il désespéré pour tenir pareils propos ?

On peut se demander si Jankovic, dans cet environnement tumultueux, ne se heurte pas à ses limites d’entraîneur et n’est donc pas surestimé. Mais quel entraîneur parviendrait à redresser le cap de ce navire sans gouvernail ? Il y a exactement un an, on portait Yannick Ferrera aux nues. Lors du premier match suivant la trêve hivernale, les Rouches s’étaient imposés à Lokeren en exerçant un football de pressing moderne. Pourchasser l’adversaire, mettre la pression, se créer des occasions, jouer vite : on vantait Ferrera d’avoir mué une équipe de contre en formation dominante. Une semaine plus tard, le Standard était battu 0-3 par La Gantoise. Ces fluctuations ne datent pas d’hier.

Il est extrêmement difficile, pour n’importe quel entraîneur, de fonctionner dans ce chaudron. Avec des dirigeants qui ne font pas bloc en public et trop de turbulences en marge. Il n’est plus question depuis longtemps de vision en bord de Meuse. Tout le monde le sait mais personne n’y change quoi que ce soit.

Dimanche, c’est le fameux choc, toujours chargé, face à Anderlecht. Pétards, feux de Bengale, tifo répugnant, les événements traumatisants d’un passé récent sont encore dans toutes les mémoires. Il faut espérer que les esprits malades n’aient pas l’occasion d’utiliser encore le football comme podium de leurs frustrations. Le transfert d’Adrien Trebel a échauffé les esprits, même si, au Standard, tout le monde n’est pas convaincu que le départ du Français, qui n’était pas bien vu du vestiaire, constitue une perte.

Reste à voir si Trebel apparaîtra au coup d’envoi dimanche. Et comment il va être utilisé par Anderlecht. Avec 19 points sur 21, le Sporting présente un beau bulletin, même si contre Saint-Trond, son football a été médiocre par moments. Anderlecht doit trouver le moyen d’améliorer le spectacle. Il se repaît du superbe but de Nicolae Stanciu, qui a renforcé sa position et l’idée qu’il fonctionne mieux sans Sofiane Hanni. Les deux joueurs aiment avoir le ballon dans les pieds. C’est un problème à résoudre. Car comment Trebel va-t-il être inséré dans l’équipe ? A côté de Youri Tielemans, Leander Dendoncker reculant d’un cran ?

René Weiler va peut-être passer des nuits blanches mais il est possible qu’il trouve que ce genre de choix soit précisément l’aspect le plus passionnant de son métier. Le Suisse a commis des erreurs ces derniers mois mais il a le mérite de ne pas prêter attention aux noms. Ça n’a pas toujours été le cas de ses prédécesseurs au Sporting.

PAR JACQUES SYS

À quel point Jankovic est-il désespéré ?

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