Le Standard joue comme l’Anderlecht d’avant

Le champion en titre est moins bon que la saison dernière. Tellement moins bon que Frankie Vercauteren a dû quitter son poste, remplacé par son adjoint Ariel Jacobs. Aucun coach ne pouvait résister aux dernières semaines lamentables des Mauves. Battus 2-0 au Germinal Beerschot dimanche soir (alors qu’ils ont joué à 11 contre dix), ils n’ont même pas pu faire oublier leur soirée sans grandeur du jeudi d’avant au Danemark en Coupe de l’UEFA. Et avant ça, le jeu mauve avait trop souvent été ennuyeux au possible.

Après le 1-1 de la honte à Aalborg contre des adversaires faibles et au gardien quasi inexistant, Vercauteren osa parler du  » foot primitif  » de son terriblement modeste adversaire. Des Danois qui avaient inscrit les deux buts ! Et en fin de rencontre, les Mauves avaient bien failli être battus. C’était particulièrement mal venu du coach bruxellois de dire que son équipe avait mal joué parce que les autres pratiquaient un autre sport… En Ligue des Champions, Barcelone s’est promené face à Glasgow Rangers qui a pourtant aussi pratiqué un foot primitif. Mais le Barça a fait courir le ballon et c’est ça qu’on attend d’Anderlecht qu’il essaye de jouer au football et respecte son glorieux passé. Quand on a vu que Jonathan Legaer avait le droit de se les geler sur le banc danois, on aurait dû comprendre directement. Le 4-3-1-2 allait être resservi à la même mode défensive, avec trois médians collés à une défense qui jouait sur ses talons, tout près de Daniel Zitka ! Et dès qu’Anderlecht marqua – cadeau offert par Aalborg ! – il se replia. C’est devenu pathologique. Idem contre le Germinal Beerschot. Le Sporting joue constamment pour ne pas perdre parce qu’il ne sait plus ce qu’il faut faire pour gagner.

Le discours de Vercauteren avait fait son temps à Anderlecht. Nous l’avions souvent souligné, ne comprenant d’ailleurs pas pourquoi la direction avait annoncé que son coach terminerait la saison. Ce n’est pas la première fois que la confiance en Frankie était proclamée alors qu’il y avait le feu à la baraque, mais on n’avait jamais assisté à autant de contre-performances suivant ce type de confirmation. Impossible de tenir sa promesse pour un président Roger Vanden Stock qui doit désormais impérativement tenir un vrai discours sportif. Ses objectifs commerciaux sont atteints, mais il s’agit maintenant de satisfaire les supporters et son noyau. Pour commencer, Ahmed Hassan réclame dans ce numéro plus de considération pour la construction du jeu.

Au Standard, samedi contre Lokeren, Michel Preud’homme avait décidé de changer ses batteries. Du fait de la suspension d’ Axel Witsel, il a placé Grégory Dufer sur le flanc droit. Ce théorique 4-4-2 devait être décrypté en précisant que Marouane Fellaini est resté fort devant sa défense (Lokeren est fort en contre) et que Steven Defour jouait avec deux vrais flancs à ses côtés ( Salim Toama à gauche) derrière Milan Jovanovic et Igor de Camargo. Et on a vu le jeu le plus beau et le plus pur produit par une équipe belge depuis longtemps. Une/deux, collectif serré, etc.  » Avec moi dans l’axe, on a joué au foot « , a osé dire Defour sans fausse honte après le match.

Preud’homme, lui, estime toujours que son capitaine peut rendre des services dans toute la ligne médiane, mais la démonstration de samedi plaide pour une autre thèse. D’autant que Fellaini, bien concentré sur ses tâches défensives, n’est jamais venu perturber une construction rationnelle. Il avait tendance à monter bien à propos. Or, ce n’est qu’en montant rarement qu’il surprendra plus. Finalement, le seul regret de samedi à Sclessin est que la pelouse marécageuse empêcha le beau jeu d’être développé pendant 90 minutes, auquel cas Lokeren aurait explosé.

Preud’homme était heureux du résultat et de la façon mais cachait un peu sa joie en disant qu’il ne comptait pas nécessairement imposer ce type de jeu à l’avenir :  » La semaine d’avant, à Mouscron, on a eu des tonnes d’occasions de but en jouant différemment (NDLR : avec trois attaquants, dont de Camargo dans le rôle d’infiltreur) « . D’accord, mais samedi c’était comme si le Standard avait gagné en ne devant jouer que 30 minutes.

PAR JOHN BAETE

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