LE STANDARD EN PROGRES

Pierre Bilic

Notre consultant fait le parallèle entre résultats et stabilité de noyau.

Bruges et le Standard ont connu des fortunes diverses en Coupe de l’UEFA…

Emilio Ferrera: Bruges s’est défait d’un adversaire facile. Le CSKA Kiev n’était qu’un oiseau pour le chat. Le Standard a été bon durant près d’une heure contre Bordeaux et aurait pu mener 2-0. Au lieu de cela, ce fut 0-1 sur un contre suivi d’un corner terminé par Dugarry. Malgré tout, les Liégeois sont en progrès. Seul Bruges continue son aventure européenne. Ce n’est pas glorieux pour le foot belge mais c’est ainsi et, par rapport à Anderlecht et au Standard, Bruges a gardé, en gros, le même groupe que la saison passée: même si cette équipe n’est pas géniale, cela explique sa stabilité et sa régularité.

Un club vous a-t-il spécialement épaté lors de cette première phase de la Ligue des Champions?

Je citerai deux noms: le Celtic de Glasgow et Lille, même s’ils se retrouvent en UEFA. Celtic Glasgow-Juventus fut un match somptueux et je regrette l’élimination des Ecossais qui animent toujours le spectacle. J’y vois la preuve que les clubs des petits pays peuvent briller. Si le Celtic et les Rangers prennent part un jour à la Premier League, ce serait bon pour leurs finances mais sportivement parlant, il y a moyen de faire de bonnes choses en Ecosse.

Lille m’a emballé. Son brio est à mettre avant tout à l’actif de Halilhodzic. On dit que Cygan intéresse de grands clubs et que ça pourrait disloquer les Nordistes. Le départ d’un joueur ne fera pas le malheur de Lille. Par contre, ce club devra s’inquiéter le jour où Halilhodzic partira. Sa réussite fait penser à celle de Cuper autrefois à Majorque.

Manchester aura du mal à trouver « the right man in the right place » pour remplacer Ferguson en fin de saison. Les grands coaches actuels parlent surtout de discipline. Or, Manchester vit aussi de la fantaisie de ses génies. Je me demande si un Capello, le favori, habitué à la rigueur italienne, aime cela. Un coach comme Cruijff aurait fait merveille à Manchester mais il n’est plus entraîneur et cette race est en voie de disparition.

La LC était un bon test pour Anderlecht

Anderlecht sort de la Ligue des Champions avec des bleus au coeur: c’est grave, docteur?

Avec trois petits points sur 18, on ne peut pas aller plus loin. Tout le monde savait que le groupe était en chantier depuis le départ, en été, d’une cargaison de valeurs sûres. Cela ne pardonne pas à ce niveau et d’autres clubs de haut niveau payent aussi la même facture. On ne crée pas une équipe d’un coup de baguette magique: ce serait trop simple. L’ensemble précédent a mûri durant trois ans avant de révéler ses possibilités. Quand Dheedene est arrivé à Anderlecht, c’était l’indifférence mais il est parti par la grande porte. Radzinski, Goor et Koller sont devenus des vedettes à Anderlecht.

Aimé Anthuenis a prolongé le boulot de Jean Dockx et Frankie Vercauteren qui coulèrent la dalle de béton. La donne a beaucoup changé cet été mais ce ne sont pas des unijambistes. Il y a Mornar, Dindane, Stoica, Baseggio, Crasson, Ilic, De Boeck, De Wilde, Jestrovic, etc. Mornar est un danger permanent. Donnez-lui un peu de temps et il sera aussi utile, dans un autre registre, que Radzinski. Dindane est le plus déroutant des dribbleurs, etc.

Ce sont tous des joueurs dont les potentialités ne se discutent pas. Il faut unir tout cela dans un moule tactique et collectif: ça prend du temps. Il ne faut rien jeter via de vaines polémiques internes mais tout reconstruire. Ce sera le nouveau défi d’Anthuenis: est-il capable de façonner une nouvelle équipe avec ce matériel? Là réside le thème essentiel pour les Bruxellois. Pour répondre à cette importante question, il faudra attendre la fin de la saison. Il était impossible de le faire avant la Ligue des Champions.

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Pierre Bilic

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