Le Standard, cache-misère du football wallon…

Guy Luzon, l’héritier de Mircea Rednic, continue sur sa lancée à la tête du Standard, auteur de quatre succès depuis le début du championnat. Ce brevet d’excellence, récompensé par la pole position, un maximum de points, et une défense invaincue, est complété par, jusqu’à présent, une bonne campagne européenne. Pourtant, les Rouches ont brassé leurs premières inquiétudes contre Louvain qui les a empêchés de développer leur jeu habituel. Ce maigre 1-0 maquille-t-il un simple assoupissement dominical ou marque-t-il les limites du turn over cher à l’entraîneur israélien ? Luzon, dont la gestuelle le long du terrain rappelle un peu celle, généralement appréciée à Sclessin, de Raymond Goethals, Tomislav Ivic, Michel Preud’homme ou Laszlo Bölöni, notamment, avec un zeste de jeunesse en plus, se pose certainement cette question. La réponse tombera lors des deux matches européens conte le FC Minsk, mais aussi à l’occasion du déplacement à Mons où le Standard sera, évidemment, attendu de pied ferme. Le leader y récoltera-t-il de quoi amasser un impressionnant 15 sur 15 au classement général ? Les Dragons cracheront-ils le feu ?

Au-delà de cela, ce choc du sud a toujours un effet de loupe de laboratoire. Paradoxalement, si les succès du Standard donnent une belle image du football wallon, ils en sont aussi le cache-misère. Mons recevra son prestigieux visiteur dans un stade à moitié terminé depuis trop longtemps. Cela offre un look catastrophique du club, qui mérite mieux, mais aussi de la région, et de la ville du Premier ministre, Elio DiRupo. Le contraste avec Gand est énorme. Il y a quelques années, les Buffalos étaient endettés jusqu’au cou. Ils disposent désormais d’un magnifique écrin qui attire beaucoup de monde et même la grande foule : c’est beau, c’est propre, c’est festif, on a envie de s’y rendre avec des amis, en famille. On a presque l’impression d’y être à l’étranger, de suivre un autre championnat. Cet outil offre aux Gantois une surface financière dont Mons ne peut que rêver dans sa demi-arène. Le public y est trop maigrichon : c’est inquiétant pour l’avenir.

Dès lors, l’écart sportif s’accroît, c’est inéluctable. On ne peut que tirer le diable par la queue avec le plus petit budget de D1. Il paraît pourtant que cela bouge, allons donc, mais il serait trop facile de miser avant tout sur les deniers publics : on voit ce que cela a donné à Charleroi. Le projet gantois, mené par Ivan De Witte et Michel Louwagie, a rassemblé toutes les forces vives de la ville et, surtout, des sponsors et un promoteur. Les clubs professionnels sont des entreprises comme les autres et le revendiquent : à eux dès lors d’assumer leur part de responsabilités financières (et même toutes) dans la modernisation de leurs stades. Mons ne bénéficie évidemment pas du maillage économique gantois mais cela ne peut pas expliquer cette léthargie dans l’indispensable modernisation du stade. Dans ces conditions, Enzo Scifo a un mérite fou. Il croise les doigts pour que le Tondreau soit rempli comme un oeuf samedi prochain. Cela aiderait son équipe à tenter l’impossible, terrasser les invaincus de Liège et lancer la mécanique en décrochant un premier succès ; oui, il en rêve.

Si le Tondreau n’a pas bonne mine, on peut en dire de même du stade du Pays de Charleroi. On devrait y tourner une séquences des  » travaux inutiles  » : que d’argent du contribuable jeté par la fenêtre depuis 1999. Tout ça pour ça, pour un stade d’une autre époque qui doit étonner ou faire sourire les visiteurs étrangers. Carolosareback : ils n’étaient même pas 6.000 pour recevoir Courtrai. A ce rythme-là, Felice Mazzu se croira bientôt revenu au White Star. L’équipe se cherche mais qui rêve de vivre un événement là-bas ? Or, le Mambourg a tellement souvent inspiré son équipe. Les Zèbres ont besoin de leurs supporters qui, eux, méritent d’être bien abrités. La D1, c’est un tableau de Rembrandt pour les clubs wallons : le Standard est dans le clair, Mons et Charleroi végètent dans l’obscur. Or, le talent ne manque pas dans le sud du pays : les joueurs wallons le prouvent dans les clubs flamands et en équipe nationale.

PAR PIERRE BILIC

Carolos are back ? Ils n’étaient même pas 6.000 lors de la visite de Courtrai…

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