Le Standard a tout faux

Dimanche, au Cercle, les joueurs du Standard ne savaient plus à qui ou à quoi se raccrocher et c’est grave. Une seule circonstance atténuante : se retrouver à dix avant la mi-temps, juste après avoir encaissé un but. Mais à quoi tenait ce déséquilibre ? Seulement à une nouvelle blessure de StevenDefour et à une nouvelle exclusion d’ AxelWitsel ? Un club comme le Standard doit avoir les armes pour pallier les absences prévisibles d’un organisateur décidément souvent blessé et d’un médian qui ne désapprend pas à tacler de la semelle.

Franck Berrier a été attiré dans ce but mais il a dû être réopéré. Un cas identique, d’ailleurs, à celui de Tom De Mul, qui n’a toujours pas joué. Sur le plan des transferts, Lucien D’Onofrio n’a pas eu de réussite l’été dernier. Faut-il encore rappeler le vaudeville Emad Meteb ?

Cela dit, les déséquilibres de l’équipe se sont multipliés : personne pour remplacer efficacement Sinan Bolat, une défense régulièrement fragile et une attaque qui se cherche sans arrêt. Le Standard a tout faux cette année, même s’il ressort sans cesse l’excuse de l’équipe en construction et de ne viser que le top 6 ! Rappel : en début de saison, Sclessin avait effectué son mea culpa par rapport à la saison précédente. Plus question de partir avec le frein à main tiré et de se cacher derrière l’écran de fumée des points à diviser par deux pour les play-offs. Cette attitude du tout pour l’Europe n’avait même pas masqué l’effondrement de l’ère Bölöni.

Dominique D’Onofrio avait repris l’équipe en février sans rien redresser : la saison de Standard s’était diluée dans l’indifférence générale et la tristesse de partisans qui retombaient de très haut. Ce championnat devait relancer la mécanique : Lucien D’Onofrio transféra beaucoup dans les deux sens, fin de cycle oblige. Il maintint aussi son frère face à ce chantier, ne ralliant bien sûr pas la majorité des suffrages des supporters. Il pensa aussi aider son frère en lui adjoignant comme T2 un Sergio Conceiçao débutant dans le métier de coach.

L’enthousiasme et la passion peuvent donner le change un moment, quand le ballon tourne pour vous. Dans un bon jour, à Sclessin, le Standard peut faire très mal. Mais quand ce n’est pas le cas, il vaut mieux pouvoir compter sur une équipe stable en défense et un jeu qui crée des occasions réelles de but.

Dans le but de stabiliser sa défense, DD a effectué un nombre trop important de permutations pour imposer le calme indispensable car – au bout du compte – quel défenseur avait-il encore confiance en lui-même ? Impossible de bien jouer en ayant des arrière-pensées. Rien n’a été construit et parallèlement, on fit aussi défiler les gardiens après la blessure de Bolat. On douta même en interne des qualités et/ou de l’engagement de Sébastien Pocognoli, Daniel Oparé ou Koen Daerden. Mais le travail du T1 consiste bien à conserver tout le monde motivé et sur le qui-vive. S’il n’en est pas capable, il faillit à sa tâche.

L’entrejeu, le c£ur de l’équipe, n’a pas non plus su imposer une discipline de jeu à l’ensemble. Par manque de talent ? Attention de ne pas se contredire ! Le discours officiel – et populaire – confère tout de même bien des qualités aux Defour, Witsel et Carcela, non ? Quant à l’attaque, on a pu avoir l’impression que les joueurs allaient se bousculer, mais quand MemeTchité s’est blessé, personne ne s’est imposé sauf Cyriac. Et dire que Christian Benteke a dû partir pour laisser de la place aux nouveaux venus !

Mais les attaquants ne marquent que quand ils ont des balles de but, suite à une construction du jeu choisie par l’entraîneur. DD est l’avocat d’un jeu très direct, sans véritable construction et pour que ça marche, il faut des automatismes en béton, basés sur des titulaires confirmés et un gros travail de répétition. Or, ces automatismes sont absents et DD hésite énormément dans ses choix. C’est très mauvais signe : un entraîneur est là pour amener la clarté dans le jeu et les sélections. La confusion règne. De plus, on veut masquer des insuffisances en adressant comme reproche le fait de ne pas assez mouiller le maillot du Standard de Liège…

Par contre, comme l’équipe ne se crée pas d’occasions de but franches et encaisse toujours, le verdict est limpide : le cadre technique est insuffisant. Dimanche, au Cercle, on a vu des Rouches convaincus du fait qu’ils étaient mauvais. Ce n’est pas la première fois, c’est classique : les joueurs n’ont plus confiance en eux. Si ça ne change pas, ils vont inexorablement s’en prendre à leur entraîneur, estimant que c’est lui qui les rend mauvais.

Faut-il en arriver là ? Si Lucien D’Onofrio juge son frère, il se juge lui-même ; aux yeux de tous. Il demeure certes un monstre de patience, mais il reste ambitieux, autrement il n’aurait pas attiré un Jelle Van Damme. Lundi dernier, Trond Sollied (un coach pour lequel il a du respect) était toujours sans club. Cela le laissait-il insensible ?

PAR JOHN BAETE

Si Lucien D’Onofrio juge son frère, il se juge lui-même ; aux yeux de tous.

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