Le sens du passement…

Portugal-Belgique sur la looooongue route de l’élimination pour l’Euro 2008 (encore 8 matches après celui-ci !), revoici ma manie en deux temps : le premier chapitre a été pondu avant le match et le second après, je le jure sur la tête précieuse de Daniel Van Buyten dont nous aurons besoin pour défendre et scorer… et dont lui-même aura bien besoin pour réfléchir un max à ne pas gaffer.

Chapitre 1, 24 mars 2007, 18 h.

Je lis que Felipe Scolari se méfie du bloc belge et je souris, qui chez nous prononce encore le mot bloc en parlant des nôtres ? J’y crois et je n’y crois plus. J’y crois parce que sur un match de foot, un moins bon peut toujours battre un meilleur que lui. Je n’y crois plus parce que, même en cas de victoire et même avec la manière, nous cafouillons et cafouillerons encore trop régulièrement pour arracher la 2e place d’un groupe où nous sommes 5e actuellement.

Stijn Stijnen a mis de l’huile sur le feu, mais en même temps du beurre dans les épinards de nos papotages footosophiques. Je suis maintenant sûr que René Vandereycken va l’aligner. Peut-être VDE envisageait-il Logan Bailly avant que le Brugeois annonce sa fatwah sur Cristiano Ronaldo : mais notre coach aime trop la provoc et l’odeur du soufre pour désormais se priver du Gus Gustin des Flandres ; les huées d’avant-match enivrent déjà René ! Au passage, je remarque aussi que les papotages à ce propos convergent tous pour trouver que Stijn n’aurait pas dû DIRE ce qu’il a dit, mais ne s’offusquent guère qu’il ait pu le PENSER : toute la déontologie réaliste de notre joli sport préféré est dans cette nuance ! Remember d’ailleurs Khalid Boulahrouz lors du dernier Portugal-Hollande : le gars de Chelsea n’avait rien dit dans les gazettes, il maîtrisait suffisamment la langue de bois pour ne pas plaisanter avec un journaleux fouteur de bordel et de gros titres : mais il avait tenté l’assassinat EFFECTIF sur C. Ronaldo tout en début de match !

Allez, à tout à l’heure, je veux croire au 0-0, bon courage après la Brabançonne. Durant celle-ci, j’extirperai mon séant de mon fauteuil et, droit et fixe, j’aurai une pensée émue pour le 40ème forfait d’ Emile Mpenza. Sacrée performance.

Chapitre 2, 24 mars 2007, 23 h 50.

Notre chemin de croix se poursuit, et il ne prendra pas fin dans quinze jours quand Christ ressuscitera ! Rien pourtant, en première mi-temps, ne laissait prévoir le score de la seconde. Durant 45′, nos footballeurs avaient été belges au sens le plus historique du terme : organisés, défensifs, limités, valeureux, résistants, inviolés… Puis un patatras gros comme un building : une biesse de relance dans l’axe, un contre collectif portugais mené si rondement que même la vitesse de l’éclair apparaîtrait lente, ensuite une conviction d’impuissance qui tout à coup submerge tout, et transforme une courte défaite en grosse dégelée qui fait flipper.

N’empêche que la différence entre eux et nous n’est pas criante à tous les coins de jeu, elle se borne en fait à deux noms d’attaquants, vous les citeriez comme moi. Ronaldo et ce Ricardo Quaresma sont à la fois solistes, rapides et hyper techniques, tandis qu’un Belge comme ça, ça n’existe pas : ni en Flandre, ni en Wallonie, ni dans les Fourons, ne nous débinons pas via notre communautarisme de loosers ! En Belgique, l’expression  » gagner les duels  » ne se comprend que dans un sens, elle signifie  » arracher les ballons  » : mais faudra bien comprendre un jour que ça signifie aussi  » niquer régulièrement l’adversaire direct, tout seul comme un grand en un contre un, par le biais d’un dribble inventé tout en slalomant à fond de balle comme un dératé  » !

Je propose qu’on oublie, ces dix prochaines années, l’initiation à cette tarte à la crème qu’est la défense dite  » de zone  » : elle n’aboutit qu’à nous faire zoner dans la zone rouge du classement FIFA ! Et qu’on axe désormais toute notre formation des jeunes sur des stages intensifs de passements de jambes du matin au soir ! Qu’entre 6 et 12 ans au moins, on leur interdise les passes aux partenaires, qu’on engueule les couillons qui lâchent leur balle illico, qu’on les contraigne à l’individualisme forcené balle au pied ! Et peut-être qu’à l’EURO 2020, maîtrisant enfin le sens du passement de jambes, nous serons capables de battre les Serbes, les Portugais, les Polonais,… les Finlandais ! En attendant, ces quatre-là vont tenter de se qualifier sans nous. Notre 5e place du groupe est désormais menacée par le Kazakhstan, mais nous résisterons. Sacrée performance.

par bernard jeunejean

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