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Le RSCA condamné par la FIFA

En 2017, Frank Acheampong quitte Anderlecht pour la Chine. Un transfert à 5,5 millions d’euros, mais pour lequel le Sporting doit désormais payer une amende.

Il peut s’en passer des choses, en onze minutes. C’est le temps qu’il a fallu à Frank pour se faire un nom : Acheampong. Le 11 août 2013, il foule la pelouse du Parc Astrid pour la deuxième fois, en entrant après 67 minutes d’un festival mauve. Le marquoir affiche 3-0 et, en face, les Buffalos de La Gantoise tirent la langue. Frank le sait, c’est son moment. À la 78e, Silvio Proto saisit le cuir et met la fusée sur orbite, au niveau de la ligne médiane. Le Ghanéen de 19 printemps fonce vers la surface, effectue une feinte de corps et décoche une frappe croisée, qui vient mourir dans le petit filet. Limpide. Frank Acheampong lance aussi bien sa carrière que la saison du RSC Anderlecht, ponctuée d’un deuxième titre national consécutif. Une autre époque, dont Franky fut l’une des attractions.

Si Anderlecht ne paie pas dans les délais impartis, il s’expose à une interdiction de transfert de trois mercatos.

Quatre ans plus tard, il déflore à lui tout seul le Zenit Saint-Pétersbourg, auteur d’un doublé, en seizièmes d’Europa League. Il réitère au tour suivant et c’est l’APOEL Nicosie qui s’incline. Si Manchester United s’occupe du sort du Sporting, éliminé en quarts, l’explosivité du gamin fait délier les cordons de la bourse du Tianjin Teda. Le club chinois veut attraper l’ailier supersonique et Herman Van Holsbeeck, alors manager bruxellois, imagine un deal rapide : un prêt de deux millions d’euros, avec une option sur un transfert définitif à 3,5 millions, pour un montant total de 5,5. La location est actée en juillet 2017 et l’option validée dès le mois de novembre.

Derrière, il y aurait une idée : contourner une clause de  » sell-on « , détenue par le premier club vendeur de Frank Acheampong. Après une formation au Ghana, Franky avait rejoint l’Asie du sud-est et le Buriram United, en 2011. Il reste un an et demi chez les septuples champions de Thaïlande, avant de tenter l’aventure en Europe. Le Celtic Glasgow l’invite à l’essai, il ne convainc pas, et le RSCA flaire le bon coup. Début 2013, Frank débarque en prêt à Neerpede. Le gaucher a six mois pour se faire les pieds chez les jeunes, puis ce sera les joies de la vie d’adulte. L’été venu, Anderlecht et Buriram se mettent d’accord : un million d’euros et 15% sur la revente de l’attaquant pour les Thaïlandais, soit la fameuse clause de  » sell-on  » qui aurait été dribblée.

En 2017, Herman Van Holsbeeck drague donc les Chinois de Tianjin pour bonifier son investissement ghanéen. Les représentants de Buriram se penchent sur le dossier courant 2019 et saisissent la FIFA dans la foulée. Selon les plaignants, le prêt de deux millions d’euros serait venu masquer le prix global du transfuge de Frank Acheampong (5,5 millions d’euros), afin que les 15% à la revente s’appliquent seulement sur son transfert définitif (3,5 millions). Le Sporting pensait ainsi devoir 525.000 euros à Buriram, plutôt que 825.000. Une pirouette de 300.000 euros, mais semble-t-il jugée insuffisante par les cerveaux anderlechtois, qui n’ont finalement viré que 449.500 euros sur le compte de leurs homologues thaïlandais. Le 11 août dernier, sept ans après le premier but de Franky, la FIFA donne raison au Buriram United FC et condamne le RSC Anderlecht à régler les 375.500 euros manquants, plus des intérêts gonflant la facture aux alentours de 425.000 euros. Le RSCA, qui n’a pas manifesté la volonté d’interjeter appel, dispose de 45 jours pour payer (à partir de la date de la décision) et s’expose, dans le cas contraire, à une interdiction de transfert de trois mercatos.

Lorsqu’il a ouvert les placards du Parc Astrid, fin 2017, Marc Coucke dit être tombé sur des cadavres. À ce moment-là, le dossier Acheampong devait probablement se trouver dans le fond d’un tiroir, mais les nouveaux locataires de la maison mauve ne se sont pas non plus empressés de faire la poussière. Peu réactifs dans le litige, ils balaient aujourd’hui l’idée de s’exprimer, par l’intermédiaire de leur porte-parole :  » Le club ne commente pas cette affaire pour l’instant « , déclare Jan Gatz, par mail, et dans la langue de Vondel. Herman Van Holsbeeck, parti plusieurs mois avant la plainte, affirme que  » cela ne [lui] dit rien du tout « , bien qu’il puisse avoir  » essayé de gagner le maximum pour le bien du club « , comme toujours. Seul le bureau belge Eleven & Law, composé de Thomas Spee et Menno Teunissen, défendant les intérêts de Buriram, confirme l’info : la décision est définitive et sans appel. Il peut vraiment s’en passer des choses, en onze minutes.

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