Le rouquin polonais était un véritable poison.

E tienne Delangre :  » Une vareuse se détache du lot que j’ai accumulé durant ma carrière : celle, en laine, et numérotée du 11, de l’attaquant polonais de la Juventus, Zbigniew Boniek que j’ai eu l’occasion de rencontrer avec le Standard au deuxième tour de la Coupe des Champions, en 1982-83. Quelques mois plus tôt, à la Coupe du Monde, Zibi avait été, au stade des huitièmes de finale, le bourreau des Diables en prenant à son compte les trois goals de son pays contre nous et l’infortuné Théo Custers.

S’il ne planta aucune rose à Michel Preud’homme lors de la double confrontation qui avait opposé les Bianconeri aux Rouches, le rouquin turinois ne s’en était pas moins révélé un véritable poison en préparant astucieusement le terrain pour ses coéquipiers. A Sclessin, c’est Marco Tardelli qui avait défloré la marque avant que Simon Tahamata n’égalise sur penalty, en fin de rencontre. Lors du retour, en Italie, c’est Paolo Rossi qui avait fait mouche à deux reprises, tandis que nous-mêmes étions restés muets devant la cage défendue par le légendaire Dino Zoff.

Il est vrai que cette équipe de la Juve constituait déjà une référence à cette époque. Elle comptait dans ses rangs, ni plus ni moins, six éléments qui avaient été sacrés champions du monde en Espagne le même été : non seulement les trois joueurs italiens précités mais aussi Gaetano Scirea, Claudio Gentile et Antonio Cabrini. Avec Michel Platini comme régisseur en plus, et un puncheur de la trempe de Roberto Bettega, chacun aura compris que cette formation transalpine-là avait de la gueule !

Un autre nom qui me vient immédiatement à l’esprit est celui d’ Arnor Gudjohnsen, le père de l’actuel milieu offensif de Chelsea. A plusieurs reprises, et dans des contextes sensiblement différents, nos routes se sont croisées et, le moins que je puisse dire à ce propos, c’est que les souvenirs furent toujours douloureux avec lui. Aussi bien sur le terrain qu’en dehors des grounds puisqu’il nous est arrivé de partager nos malheurs. Comme à Bordeaux, dans les années 90. Moi-même, je m’y étais occasionné, sur place, une déchirure des ligaments lors d’un stage avec le RWDM. Lui, actif là-bas, se remettait dans le même temps d’une blessure au genou…

En deux autres circonstances, la chance ne fut pas non plus de mon côté. D’abord à l’occasion d’un huitième de finale de la Coupe de Belgique, entre le Standard et Anderlecht, où la décision s’était déroulée aux tirs au but, en faveur des Mauves, au beau milieu des eighties. Puis, je l’ai encore retrouvé sur mon chemin à l’époque où je coachais les Luxembourgeois de l’Avenir Beggen. Le hasard du tirage au sort avait voulu qu’on hérite des Suédois d’Orebro, dont il défendait les intérêts à ce moment. L’Islandais a quand même eu la délicatesse de m’offrir son maillot pour que je garde, malgré tout, un bon souvenir de cette double confrontation (il rit).

Pour le reste, je possède encore les tenues, non floquées – car ce n’était pas encore la coutume – d’opposants que j’ai rencontrés sur la scène européenne. J’ai par exemple le numéro 15 d’un joueur de Porto – je ne sais pas de qui il s’agit – hérité lors de notre quart de finale européen l’année où nous avions perdu la finale de la Coupe des Coupes à et contre Barcelone, en 1982. Idem pour un joueur du Dynamo Tbilissi, croisé lors du dernier carré de cette épreuve. Mais vous m’excuserez si je me rappelle encore moins son nom…  »

RECUEILLI PAR BRUNO GOVERS

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