Le médian défensif carolo redécouvre la D1 et démontre qu’il a énormément progressé depuis son arrivée en Belgique en 2011.

Jamais le mot roc n’aura été aussi approprié pour décrire un footballeur. La musculature est impressionnante, le physique imposant. Aujourd’hui, la D1 découvre le Ghanéen Abraham Kumedor. Prénom de prophète. Un signe pour Charleroi qui se cherche un messie pour le guider vers le maintien. A 27 ans, ce médian défensif pur jus a déjà eu le temps de montrer qu’il avait le niveau pour l’élite. Certains le voient même aller plus haut.

Pour lui, l’aventure belge commence au c£ur de l’hiver. Il y a un an et demi, déjà. Nous sommes fin janvier 2011. A l’époque, Charleroi file vers la D2. Abbas Bayat décide, pour une fois, de sortir le chéquier et de confier les intérêts de son club à l’agent israélien Dudu Dahan, qui fait notamment venir trois Israéliens ( Dudu Biton, Mathan Ohayon et Tamir Cahalon). Dans sa besace, il apporte également un joueur de 25 ans, noir comme le charbon de son nouvel eldorado, arrivé du championnat anonyme du Monténégro.  » Je l’avais scouté pendant six mois et je l’ai proposé à Charleroi « , explique Dahan,  » Finalement, le deal s’est conclu dans les dernières heures du mercato. Abbas et Mehdi sont arrivés en jet privé, l’ont rencontré à l’aéroport, ont signé le contrat et l’ont ramené en jet pour pouvoir l’affilier à temps.  » Et voilà comment un joueur ghanéen, passé par l’Ethiopie et le Monténégro aboutit à Charleroi.

Car, à 25 ans, Kumedor avait déjà bien bourlingué, débutant sa carrière au pays, à Heart of Lions, petit club de Kpandu.  » Toute ma famille habite à Accra, la capitale, mais on vient de la région du Volta où l’on parle l’Ewe, la même langue qu’au Togo tout proche « , explique-t-il. Avec Heart of Lions, Kumedor va passer de la deuxième à la première division. En deux ans, il se fait un nom. De quoi attirer la convoitise de Saint-Georges, club phare d’Ethiopie.  » Je n’ai pas connu de problème d’adaptation en arrivant là-bas. Pourtant, je changeais de dimension. Saint-Georges était habitué à jouer le titre chaque saison et à disputer la Ligue des Champions africaine. C’est pour cette raison que je suis parti là-bas.  » Il y restera trois ans et demi. Le temps de devenir champion à trois reprises. Mais s’il a choisi ce club, c’est surtout grâce à la présence de l’entraîneur néerlandais Hans van der Pluym qui l’avait déjà coaché au Ghana et l’a pris dans ses bagages.

De l’Afrique à Charleroi en passant par le Monténégro

Pourtant, au bout de trois ans et demi, un problème de contrat l’oblige à retourner six mois à la case départ, à Heart of Lions. Juste le temps de se refaire une santé pour l’étape suivante : l’Europe. Ce sera dans un premier temps la capitale du Monténégro, Podgorica, où il évolue sous les couleurs de Buducnost. Un titre de champion lors de la première saison officielle du championnat monténégrin et trois belles années pour le joueur ghanéen. Jusqu’en janvier 2011 où il débarque à Charleroi.  » Malgré le mauvais classement du club, il n’a pas fallu longtemps pour me convaincre « , affirme-t-il.  » Avec Podgorica, je pouvais disputer la Coupe d’Europe mais on ne passait souvent qu’un tour maximum. Le championnat belge est différent. Charleroi va me permettre de me faire un nom et je sais que les clubs belges ont la possibilité d’aller plus loin sur la scène européenne. « 

A 27 ans, il voit donc loin. Oubliés les débuts compliqués sous le maillot carolo.  » Il manquait de rythme et de vivacité « , se souvient l’ancien entraîneur des Zèbres, Tibor Balog.  » Lors de son premier match, à Courtrai, j’avais dû l’utiliser au poste de back droit. Il s’était complètement troué. A l’époque, il gagnait beaucoup de duels mais il manquait de relance et commettait énormément de fautes. Il a dû s’adapter. Il ne parlait qu’anglais et il est arrivé en même temps que beaucoup de nouveaux. Les anciens n’acceptaient pas que les renforts prennent leur place. Et comme les résultats ne suivaient pas, le clivage entre anciens et nouveaux s’est accentué. Mais en D2, il s’est érigé en pilier de cette formation, comme récupérateur devant la défense. Son jeu est devenu plus clair, ses relances plus précises et il ne perd plus aucun ballon.  » Et puis, il y a ce physique impressionnant.  » Il a encore pris du muscle « , continue Balog,  » et dans les duels, il a commencé à avoir une présence énorme. Cela peut lui jouer des tours car parfois il a tendance à trop jouer sur son physique et pas assez avec sa tête mais avec le temps, il a optimisé son cerveau.  »

Après une année réussie en D2, Kumedor continue sur sa lancée. Avec Ederson, il forme un duo complémentaire. Ederson infiltre, Kumedor ramasse. Et, parfois, il pointe le bout du nez dans le rectangle adverse, comme à Courtrai où c’est lui qui a offert ses trois premiers points au Sporting.

PAR STÉPHANE VANDE VELDE – PHOTO : IMAGEGLOBE

 » En D2, il s’est fortement amélioré. Son jeu est devenu plus clair, ses relances plus précises et il ne perd plus aucun ballon  » (Tibor Balog)

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