» LE RIDICULE NE TUE PAS À L’ANTWERP « 

Après René Desaeyere et Doy Pera-zic, l’Antwerp vient de se doter d’un troisième coach, depuis le début de la saison, en la personne de Marc Grosjean. Faut-il en rire ou en pleurer ?

Il est heureux que le ridicule ne tue pas sans quoi le président de l’Antwerp, Eddy Wauters, aurait déjà passé l’arme à gauche depuis longtemps. Cette saison, il avait d’emblée fait fort en désignant un successeur à Henk Houwaart le jour même de la reprise des entraînements, début juillet passé. A présent, il a remis le couvert en attendant la toute dernière minute avant de trouver une solution de remplacement à Doy Perazic. Je suis évidemment heureux pour Marc Grosjean, dont le travail louable à La Louvière d’abord, puis à Mons, a manifestement marqué les imaginations ailleurs que dans le Hainaut. Mais sa tâche ne sera pas simple à Deurne dans la mesure où il devra y composer avec l’omniprésence et l’omnipotence d’un président qui s’est toujours gaussé de connaître le football comme nul autre. S’il en est réellement ainsi, il devrait peut-être expliquer comment il s’y est pris ces derniers mois pour assembler le noyau anversois le plus médiocre de ces 15 dernières années. C’est là, d’après moi, que se situe le réel problème des Rouge et Blanc : leur effectif ne tient manifestement pas la route et, dans ces conditions, il est trop facile de tirer sur l’entraîneur, qu’il s’appelle René Desaeyere, Doy Perazic ou, désormais, Marc Grosjean. Le problème est d’autant plus épineux que les autres mal lotis, à l’exception de Charleroi, sont en train de remuer ciel et terre pour inverser la tendance : à Mons, bon nombre d’éléments ont été mis à l’essai récemment et, du côté de Lokeren, on est même passé carrément aux actes, déjà, avec les transferts de Filip De Wilde, Mladen Kovacecic, Dusko Djurisic et José Tailson.

Le nom le plus célèbre est évidemment celui de Filip De Wilde qui revient au bercail après une aventure de très courte durée en Autriche. Que pensez-vous de ce retour ?

Professionnel jusqu’au bout des ongles, je ne doute pas un seul instant de la valeur de Filip De Wilde qui, s’il évolue à son meilleur niveau, est garant de la prise de points pour son équipe, une caractéristique qui n’était précisément pas l’apanage de tous ceux qui se sont relayés jusqu’à présent dans les buts lokerenois, qu’il s’agisse de Mladen Dabanovic, Zvonko Milojevic ou Sven Van der Jeugt. Mais le problème, à Daknam, risque peut-être de se poser à un autre niveau. En effet, comment vont donc réagir à cette arrivée ceux qui, naguère, avaient déserté le Parc Astrid parce qu’ils y étaient barrés par Filip De Wilde ? Je ne crois pas que Zvonko Milojevic et Sven Van der Jeugt voient cette concurrence d’un £il favorable. Ils la supportaient peut-être tant bien que mal à Anderlecht mais à Lokeren, c’est une autre histoire. Dans le même ordre d’idées, je me demande aussi comment les Standardmen vont réagir à la venue de Danny Boffin. Dans un passé récent, les correctifs apportés au groupe de Première n’avaient pas toujours été bien perçus par les valeurs sûres. Et la belle mécanique liégeoise s’était quelquefois grippée après coup. J’ose espérer qu’il n’en sera pas de même cette fois-ci.

Le transfert le plus ronflant de ce début d’année est, bien sûr, le passage de Gneri Yaya Touré de Beveren à Shaktar Donetsk. Une mutation qui a d’ores et déjà fait couler beaucoup d’encre.

Son manager, Serge Trimpont, aurait préféré le voir à Modène plutôt qu’en Ukraine, semble-t-il. Mais hormis la médiatisation, plus importante en Italie qu’en Europe de l’Est, l’Ivoirien perd-il vraiment au change ? Le Shaktar Donetsk n’est quand même pas le premier club venu. L’année passée, qu’on s’en souvienne, il avait disputé les préliminaires de la Ligue des Champions contre le Club Brugeois en étant drivé par un coach italien aussi réputé que Nevio Scala. Ce n’est quand même pas rien. Dès lors, je ne crois pas qu’il ira s’enterrer là-bas. Sur le plan sportif, du moins. Humainement, c’est autre chose car pour la première fois de sa vie, il devra se débrouiller seul, sans ses amis ivoiriens à ses côtés comme ce fut le cas à Beveren. Mais les Africains ne sont-ils justement pas capables de s’adapter partout ?

Propos recueillis par Bruno Govers

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