Le rêve de nouveaux temples

Si tous les projets se concrétisent, 13 des 16 clubs de D1 joueront dans un stade neuf ou rénové d’ici 2016. Tour d’horizon de travaux indispensables.

Depuis l’EURO 2000, les infrastructures belges n’ont plus évolué alors que les Pays-Bas possèdent l’Amsterdam ArenA, le Kuip de Rotterdam, complètement rénové, et le flambant neuf Gelredome d’Arnhem. Liège, Charleroi, Bruxelles et Bruges, qui accueillaient l’EURO, se sont contentées de rafistoler les arènes existantes.

The HollandBelgium Bid, la bible de la candidature belgo-néerlandaise pour le Mondial 2018, semble enfin faire bouger les choses. Les clubs réclament depuis longtemps de nouveaux stades mais ils dépendent de la bonne volonté des pouvoirs publics et/ou d’investisseurs privés. Le 2 décembre, la FIFA annoncera à qui elle octroie l’organisation de la Coupe du Monde 2018. Les différents niveaux de pouvoir ont garanti qu’ils soutiendraient la majorité des projets, même sans Mondial, mais la prudence est de mise car le financement concret de ces arènes ne sera à l’agenda qu’en 2011, dans la plupart des cas.

Sport/Foot Magazine a établi un état des lieux avec tous les clubs de l’élite. Vous le trouverez dans les encadrés.

Le chemin de croix de Gand

Le stade Artevelde de Gand ne compte encore que 400 poteaux souterrains. L’aspect financier n’a été réglé qu’en juin dernier grâce à un coup de pouce de la Ville et de Ghelamco, société d’investissement. Le stade sera prêt en 2012-2013, avec une capacité de 21.000 places ou de 42.000 si la Belgique organise le Mondial. Véritable chemin de croix ? Le président de Gand, Ivan De Witte, nuance :  » Il a fallu sept ans pour commencer vraiment les travaux : le financement, les permis de bâtir, tout ça ne s’obtient pas en un an ou deux. Enfin, le nouveau stade nous permettra d’augmenter notre budget de 50 %. Quand nous avons reçu le Dinamo Kiev, ses dirigeants avaient l’impression d’être reçus dans une ville en voie de développement.  »

Le stade coûte 70 millions, dont 15 sont assumés par Gand.  » Aucun club belge n’a les moyens de financer son propre stade. Sans l’organisation du Mondial, compte tenu des économies que le pays doit réaliser, je crains que le football belge ne poursuive sa traversée du désert. « 

Du pain et des jeuxà Bruges

Bruges a enrôlé Gilbert De Neve comme coordinateur du projet :  » Les travaux commenceront en 2013 et seront achevés en 2016, Mondial ou pas. Le financement sera sans doute assuré par le public et le privé.  »

Patrick Orlans, le manager opérationnel du Club :  » Nous ne brusquons rien. Nous travaillons avec la Ville et avec le Cercle. Nous voulons accroître notre budget par une capacité plus importante, pas par une augmentation des prix. Du pain moderne et des jeux à des prix démocratiques. Un stade de 40.000 places peut faire la différence entre la Ligue des Champions ou rien…  »

Yvan Vandamme, le manager du Cercle, est plus prudent :  » Eriger un stade pour les deux est une décision politique. Nous avons des exigences : rester à Bruges et louer le stade à la Ville, sans dépendre du Club. Enfin, l’école des jeunes doit aussi rejoindre le nouveau site. Ce dernier point reste en suspens.  »

Rénovation par la Ville à Anvers et Charleroi

Anvers n’a pas digéré d’avoir été tenue à l’écart de l’EURO 2000 et a un projet : un stade de 25.000 places (ou de 44.000 en cas de Mondial) sur le site de Petroleum Sud. Un groupe de travail réunit des représentants de l’Antwerp et du Germinal Beerschot, le ministre du Sport Philippe Muyters, le bourgmestre Patrick Janssens et deux échevins.

Herman Kesters, le président du Germinal, affirme que le stade coûtera 100 millions, sans dévoiler son mode de financement.  » La Ville et le Port sont prêts à investir mais il est encore trop tôt pour déterminer les parts de chacun.  »

La Ville de Charleroi possède les plans d’un complexe sportif multifonctionnel, la Porte des Sports, sur un ancien domaine industriel à Marchienne-au-Pont. Ici aussi, le nombre de places dépendra de l’attribution du Mondial : 25.000 ou 44.000. Le projet actuel réunit le Sporting et l’Olympic, pensionnaire de D3. Le complexe comprendrait des espaces commerciaux, des bureaux, un hall omnisports et un restaurant.

Les plans sont alléchants mais qui va financer ce projet ? Le président du Sporting, Abbas Bayat, préfère ne faire aucun commentaire sur le projet ni sur son financement. La Région wallonne est prête à assumer les frais d’assainissement du terrain et à accorder en sus dix millions. C’est un signal prometteur mais il ne représente d’une petite partie d’un coût estimé entre 100 et 150 millions. Très endettée, la Ville ne devrait pas intervenir ou peu. Il faut donc trouver des investisseurs privés, à moins que la Région ou l’Etat n’interviennent pour concrétiser le rêve de Porte des Sports. Le dossier est au frigo jusqu’en décembre et pourrait y rester si le Mondial n’était pas attribué à la Belgique et aux Pays-Bas.

Réalisme liégeois et rêves limbourgeois

Le Standard rêve depuis longtemps d’un nouveau stade. La direction a étudié divers sites aux alentours de Liège avant de décider de rester à Sclessin, en décembre 2009.  » Faute de site où pouvoir bâtir vite, nous avons opté pour la solution suscitant le moins de résistances « , explique le directeur général, Pierre François.  » La tribune 2, indépendante du reste du stade, va être remplacée par une nouvelle construction bouclant complètement l’arène. En fonction du Mondial, nous porterons notre capacité à 35 ou 40.000 sièges avec des places en plus pour la presse et les VIP.  »

Le coût ne devrait pas dépasser 60 millions.  » Nous pouvons compter sur les pouvoirs publics pour une série de travaux aux alentours. Nous rassemblons les permis mais nous ne pouvons pas encore avancer de date de début des travaux. « 

Genk n’élargira son stade que si la Belgique accueille le Mondial.  » La capacité actuelle nous satisfait « , commente Erik Gerits, directeur de l’organisation du Racing Genk.  » Mais en cas de Mondial, la Cristal Arena pourrait accueillir 44.000 personnes. Un anneau se grefferait au stade existant et la façade extérieure du stade serait modernisée. Ensuite, nous pourrions réduire la capacité à 32.000 spectateurs sans trop de frais. Tous les bourgmestres de la province se sont réunis. Nous voulons absolument que le Mondial se joue aussi dans le Limbourg. Nous comptons sur la Ville, sur la province et les pouvoirs publics pour les 60 millions que coûterait l’agrandissement. Le Racing peut ajouter dix millions, en plus du stade. Peu de clubs sont propriétaires de leur stade, nous consentons donc un sérieux effort.  »

Projets complets

Ne pouvant se cantonner au soutien des grands clubs et des stades éventuellement hôtes du Mondial, le gouvernement flamand va octroyer une aide à six stades d’entraînement, sous forme d’un prêt de cinq millions. Le cabinet de Muyters a approuvé en avril les dossiers de Zulte Waregem, Lokeren, Malines, Saint-Trond, Westerlo et Oud Heverlee Louvain (D2).

Les clubs ne sont pas ravis : le gouvernement précédent dégageait des subsides et maintenant, c’est devenu un emprunt. Le président de Saint-Trond, Roland Duchâtelet, ne mâche pas ses mots :  » Le gouvernement flamand n’est pas fiable puisqu’il change les règles en cours de jeu. Nous financerons nous-mêmes la suite des travaux, même si l’emprunt est bienvenu. En 2011, nous aménagerons la vieille tribune selon le même principe. L’hôtel nous rapporte plus que prévu et tous les espaces disponibles sont loués.  »

Le stade Arc-en-ciel de Waregem doit accueillir un nouveau complexe de 12.500 personnes. Les travaux débuteront dans un an. Le stade étant ancré en ville, le club a pris l’avis des riverains et des commerçants. Comme Saint-Trond, Zulte Waregem a un projet global, basé sur ceux de clubs de même taille. Le stade offrira plus de confort et de possibilités commerciales. Il comprendra un hôtel et un bowling, notamment.

La copie de Malines et le projet de Lambrecht

Malines déménagera vraisemblablement dans un nouveau stade le long de la R6, arène qu’il partagerait avec le Racing Malines.  » Ce serait la copie de la Blue Water Arena, le stade du club danois d’Esbjerg. Notre stade actuel est délabré et son entretien nous coûte très cher « , explique le président du FC Malinois, Johan Timmermans. La Ville coordonne le projet, dont l’exécution devrait commencer dans quatre ans. Il y aura 12.000 places assises et 6.000 debout, l’idéal selon les normes malinoises. Coût : 20 millions. Chaque club apportera 2,5 millions.

Westerlo souhaite porter sa capacité à 12.000 places. Le manager Herman Wijnants dégage une idée centrale :  » Eriger des bâtiments qui ne servent qu’une fois toutes les deux semaines n’a pas de sens. Il faut des espaces VIP où nous puissions accueillir les jeunes en journée. Autre piste, un centre de revalidation privé, ouvert au club mais aussi aux particuliers.  » Il n’y a pas de délais ni de projets concrets.

La Communauté flamande a aussi approuvé le dossier de Lokeren. Les projets sont prêts puisque le club avait présenté un master plan en 2008. Le président Roger Lambrecht souhaite une capacité de 12.500 personnes mais le moteur crachote. La première phase, la construction d’une nouvelle tribune derrière le but, un espace dissimulé par un rideau publicitaire, est annoncée depuis deux ans mais n’a pas encore vraiment démarré.

Anderlecht et les autres ?

Seuls quatre clubs de D1 ne sont pas repris pour accueillir des matches ou des entraînements durant le Mondial 2018. Parmi eux, Anderlecht, qui a dévoilé ses projets en mars dernier. D’ici 2013, le champion veut amener la capacité du stade Constant Vanden Stock à 30.000 places en ajoutant un troisième anneau à l’arène existante. Le Sporting profiterait de la construction pour rafraîchir tout le stade. Lors de la présentation officielle des plans, on ignorait encore si les travaux se dérouleraient en une ou deux phases et quand ils débuteraient. Pendant les travaux, le stade ne pourra accueillir de match. Anderlecht n’a pas souhaité nous faire part de l’avancement des demandes de permis de bâtir ni de l’évolution du dossier.

Ces dernières années, Courtrai s’est surtout attelé à rendre le vieux stade des Eperons d’Or digne de la D1.  » Les tribunes sont rafraîchies, le terrain est chauffé et nous installons de nouveaux business seats « , précise le président Joseph Allijns.

A l’occasion de son retour parmi l’élite, le Lierse a également effectué quelques travaux.  » Nous installons une nouvelle tribune visiteurs, nous aménageons davantage de parkings pour les voitures et les vélos et nous enjolivons nos espaces business « , précise l’administrateur Victor Van Sande.  » Le Lisp nous offre encore une petite latitude d’agrandissement mais nous devrions partir si nous étions victimes de notre succès et si nous rejoignions le top 6 endéans les cinq ans. Nous menons déjà des négociations concrètes mais il est difficile de trouver 15 à 25 hectares sur un site récréatif.  »

Reste l’autre promu, Eupen.  » Cet été, nous avons investi dans le chauffage du terrain et l’éclairage. A la fin du mois, nous entamons la construction de la tribune « , raconte le manager Manfred Theissen.  » Nous serons alors en ordre avec les exigences de la D1 mais il nous reste beaucoup de travail. Si nous nous maintenons, il faudra vraiment nous attaquer à la cafétéria et offrir un meilleur accueil aux entreprises et aux sponsors.  »

par bregt vermeulen

« L’aménagement de Sclessin n’est pas la solution idéale mais la plus réaliste. (Pierre François) « 

« Si nous n’obtenons pas le Mondial 2018, la Belgique restera dans le désert. (Ivan De Witte) »

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