Le rêve bleu

Et si Leicester allait jusqu’au bout ? La question se pose, tant les Foxes repoussent chaque semaine l’échéance d’un effondrement que tout le monde leur prédit.

 » On ressemble à une cave qui se bat contre des villas avec piscine.  » Claudio Ranieri semble toujours avoir du mal à y croire. Le terrible mois de janvier anglais se termine, et Leicester est toujours en lutte pour le titre en Premier League. L’été dernier, l’équipe a pourtant perdu ses deux cerveaux : celui du banc de touche – Nigel Pearson – et celui du rond central après le départ d’Esteban Cambiasso pour la Grèce. Une Grèce d’où a débarqué Ranieri, après une campagne de qualification honteuse marquée par une défaite face aux Iles Féroé.

Rien ne prédisait à Leicester un autre destin que la lutte pour le maintien. Et pourtant, l’histoire folle a pris forme dans un 4-4-2 articulé autour du football hyperactif de Jamie Vardy. L’attaquant anglais n’est pas seulement le buteur des Foxes, mais aussi celui qui définit leur jeu. Grâce à ses appels en profondeur et à son incroyable activité sur le front de l’attaque, l’équipe exploite les transitions à merveille et ne s’embarrasse pas d’une construction de jeu élaborée. La technique de Riyad Mahrez est sans doute plus léchée que le jeu de Vardy, mais elle peut surtout s’exprimer grâce aux lignes étirées par les courses en profondeur du meilleur buteur du Royaume.

Leicester rend hommage aux traditions des Iles avec son football direct. Et tant pis si avec 69,7 % de passes réussies, les Foxes sont les plus imprécis de Premier League. Ranieri a italianisé son équipe avec deux lignes de quatre placées très bas, afin de permettre à RobertHuth et WesMorgan de faire parler leurs centimètres dans la surface. Loin du rectangle, la charnière centrale serait trop exposée pour paraître solide. Leicester abandonne donc la possession (44 % de moyenne), coupe les trajectoires adverses (21,5 interceptions par match, la meilleure moyenne d’Angleterre) et puis court. Beaucoup, partout.

Au milieu, quand Vardy ne parvient pas à surprendre la défense, c’est N’Golo Kanté qui dévore les deuxièmes ballons. Le médian franco-malien est déstructuré, mais son énergie est compensée par le travail tactique de DannyDrinkwater devant la défense, qui fait au King Power Stadium ce que Nemanja Matic n’arrive plus à faire à Stamford Bridge.

 » En ce moment, c’est la meilleure équipe du championnat « , affirme Sir Alex Ferguson.  » Mais la question est : combien de temps cela peut-il durer ?  » On prédisait l’enfer aux Foxes avec un noyau trop étriqué pour répondre aux exigences de janvier, mais les hommes de Ranieri sont encore là. La faute, aussi, à des ténors qui ne répondent pas présents, entre un City qui ne sait toujours pas défendre avec Yaya Touré et un Arsenal qui ne parvient pas à assumer le statut de favori.

 » C’est comme si personne ne voulait être champion « , conclut Ranieri. L’histoire typique d’une saison de transition. Celles où se créent les plus grandes surprises.

PAR GUILLAUME GAUTIER

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