Le revanchard

Le back montois prend enfin du plaisir en D1, quitte à saquer ceux qui lui ont fait du mal.

Août 2004, communiqué officiel du Lierse :  » Le président et Bertrand Crasson ont mis fin, de commun accord, au contrat du joueur.  » L’entraîneur est alors le fameux Paul Put qui ressent  » une certaine fatigue mentale  » chez l’ancien Diable Rouge. Et surtout, Put explique que Crasson a dû dégager à cause d’un petit jeune Bruxellois qui monte : Nicolas Timmermans.

 » Je n’avais aucun problème avec Crasson « , disait Put.  » Il continuait à s’entraîner comme un vrai pro. Mais avec son statut et son expérience, il avait du mal à supporter la concurrence de Timmermans. Pour rester motivé, il doit se sentir dans la peau d’un titulaire indiscutable. Je ne pouvais pas lui donner cette garantie. Parce que Timmermans est actuellement meilleur que lui, point à la ligne. C’est un joueur dont on va reparler dans le futur.  » Crasson fait encore une dernière pige au Brussels, l’année de trop, puis arrête définitivement.

Timmermans (29 ans), un vrai ket qui a grandi à Bruxelles, découvre le foot au Red Star Evere comme Crasson. Il passe vite à l’école de jeunes du RWDM : il y reste des Minimes à l’équipe Première. Patrick Thairet est le premier à croire en lui et lui offre son premier match en D1 lors de la saison 2001-2002 :  » Je l’entraînais déjà chez les Juniors et il jouait comme extérieur droit. Je l’ai fait descendre au back, toujours à droite. C’est là qu’il doit faire carrière.  »

Il s’impose et par la suite, Emilio Ferrera est aussi convaincu par son talent. Il a joué une bonne dizaine de matches avec le RWDM quand la faillite est prononcée. Il a été le meilleur jeune de la saison dans ce club mais personne d’autre en D1 ne veut de lui et il file alors à Strombeek, en D2. Une année difficile.

Pas d’argent à Courtrai : un contrat sans fixe, rien que des primes !

Son expérience au Lierse, de 2003 à 2006, est mitigée. Tout commence bien. Alors qu’il a été transféré pour se faire les dents avec la Réserve, il se retrouve dans le noyau A dès la préparation. Et Ferrera lui lance des fleurs :  » Timmermans est un futur grand défenseur. Il est grand, rapide, il possède une bonne technique. Sa relance est satisfaisante pour un arrière latéral. Mais il doit encore s’améliorer en un contre un, car il est parfois trop gentil.  » Durant sa première saison, il est le réserviste attitré de Crasson. Puis, il prend la place du maître. Mais son aventure se gâche quand il se brise le pied et doit être opéré deux fois. Il perd près d’un an et demi.

Le trop gentil montre alors les dents. La direction lierroise ne le prolonge pas et il se lâche au moment où il signe à Courtrai :  » C’est en jouant pour le Lierse que je me suis fracturé le pied. J’espérais qu’on allait me donner une nouvelle chance en fin de contrat. Mais non, ce club m’a purement et simplement laissé tomber. Je ne l’oublierai jamais.  »

Aucun club ne veut lui offrir cette nouvelle chance. Finalement, il rebondit à Courtrai, en D2. Les caisses sont vides là-bas, alors il accepte un contrat particulier : pas de fixe, seulement des primes. Il est bon pendant deux saisons, Hein Vanhaezebrouck en fait un pilier de l’équipe. Et le retour en D1 s’offre à lui : Westerlo est sous son charme.

Le Kuipje, son charmant Herman Wijnants, son brave Jan Ceulemans ? Il ne faut pas en parler à Timmermans. Quand il se remémore son année en Campine, il est plutôt question d’enfer, de dégoût. Bilan en championnat : un seul match. Quand il vide son casier, il dit :  » C’est une saison dont je n’ai vraiment pas envie de me souvenir. Elle m’a semblé très longue. Ma relation avec Ceulemans n’était pas bonne. Et comme il ne parle pas, je n’ai jamais su pourquoi je n’étais pas sur le terrain.  » Réponse du Caje :  » Les clubs ne sabotent jamais personne. Quand on fait venir un joueur, on croit en lui. Il y en a qui s’imposent plus lentement que prévu. Et d’autres qui ne percent jamais. Timmermans n’a pas eu beaucoup de chance, il s’est fait plusieurs petites blessures puis n’a jamais retrouvé toutes ses capacités physiques. Je ne pouvais rien faire d’autre que me passer de lui.  »

L’homme qui ne marque jamais expédie Mons en D1

Rudi Cossey le prend à Mons. Troisième retour en D2 après avoir goûté à la D1 ! A la fin de sa première saison, il joue le tour final et ne le gagne pas. Un an plus tard, bingo ! Et il marque le but de la montée. Lui qui ne score pratiquement jamais, qui n’avait jamais mis un goal en D1. Aujourd’hui, son bilan est presque parfait. Il a déjà joué près de 20 matches en championnat et participe à la magnifique aventure en Coupe de Belgique. Il a aussi enfin fait trembler les filets en première division.

Et si on le lui demande, il peut encore régler l’un ou l’autre compte, évacuer l’une ou l’autre frustration. Avant le match Westerlo-Mons, il ne s’est pas fait prier :  » Heureusement que je ne suis resté qu’un an là-bas. Une saison moyenne… euh… carrément pourrie. Maintenant, voir Westerlo basculer en D2 ne me poserait aucun problème. J’en serais même heureux. « 

PAR PIERRE DANVOYE

 » Le Lierse m’a laissé tomber, je ne l’oublierai jamais (…) Et si Westerlo basculait en D2, je serais heureux. « 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire