Le retour du Calcio polémique

Ces dernières années, la Juventus et Milan étaient devenus des anti-Inter. Aujourd’hui, ils sont redevenus des ennemis.

Forces. Si les années précédentes, on ne comptait plus les éclopés à l’issue du stage de préparation estival, cela n’a pas été le cas à la reprise en août 2011. Certes, Antonio Conte passe pour un spécialiste parce qu’il s’est entouré de grands pros de la mise en condition depuis plusieurs années mais la Juventus est l’équipe qui a enregistré – et de loin – le moins de blessures depuis l’entame de la compétition.

Le nouveau coach a certainement joué un rôle au niveau du mental. Sa philosophie se résume en une phrase :  » Vous êtes détestés par toute l’Italie mais comme vous êtes les plus forts vous allez gagner.  » Les jeunes plongent les pieds joints dans le piège et les vieux style Buffon, Chiellini et Pirlo foncent aussi. Le gardien veut prouver qu’il n’est pas fini et joue presque au niveau qui était le sien en 2006. Le défenseur a retrouvé le dash de ses débuts comme le prouvent les goals qu’il a mis cette saison. Enfin, le milieu n’a pas apprécié la manière dont il a été débarqué par Milan. On se souvient qu’à sa sortie du siège du club milanista, le 18 mai 2011, il a prononcé une phrase sibylline :  » Est-ce qu’ils vont me regretter ? J’espère que oui.  » Aujourd’hui, Pirlo est le moteur de la Juventus, qui n’abandonne jamais comme le prouvent les nombreux points pris en fin de rencontre.

Faiblesses. Les attaquants ne marquent pas beaucoup. L’animation de jeu prônée par Conte fait la part belle aux incursions des milieux mais le manque de réactivité des avants ne fait qu’inciter Marchisio et Vidal à multiplier les infiltrations. A l’exception de Matri (cf. la reprise de volée à Milan), les attaquants semblent être de grosses machines incapables de marquer un goal grâce à un geste acrobatique. Vucinic manque de continuité, Borriello ne combine pas assez, Quagliarella n’a pas retrouvé son niveau après sa grave blessure au genou droit et Del Piero est ignoré par le coach au grand dam des supporters. En fait, celui qui est généreux dans l’effort, tactiquement intelligent et bon techniquement, c’est Pepe. Le hic, c’est que le coach ne peut compter sur cet apport appréciable qu’avec parcimonie, le joueur étant souvent blessé.

On n’en parle pas assez ! On a raconté que Pirlo avait quitté Milan pour une question d’argent. Facile vu que les positions des deux parties étaient inconciliables : le joueur aurait réclamé un contrat de trois ans alors que le club lui proposait un bail d’un an avec un salaire revu à la baisse. En fait, il n’y a jamais eu de négociations. Pirlo a salué tout son monde quand Galliani, l’administrateur délégué de Milan, lui a dit :  » Tu peux rester mais tu dois changer de rôle.  » Pas question pour le joueur de quitter la place devant la défense que lui avait assignée Ancelotti. Milan a fait courir le bruit que Pirlo  » était fini, qu’il ne servait plus à rien « .

Même s’il ne joue pas constamment à un haut niveau, Pirlo semble régénéré par son transfert. Il insuffle sa soif de victoire à toute la ligne médiane ; à Vidal et à Marchisio qui, malgré un léger fléchissement en ce début d’année, a connu une croissance exponentielle. Enfin, le quatrième milieu navetteur, que ce soit le Paraguayen Estigarribia ou Giaccherini évolue dans un contexte favorable.

Coaching. Fana du 4-4-2, Conte a rapidement opté pour le 4-3-3 nettement plus adapté à son noyau. En fait, les deux extérieurs de l’entrejeu lui ont claqué dans les mains. Elia ne s’est jamais intégré et Krasic a carrément explosé. Dès la préparation, on a compris que le coach faisait une allergie au Serbe qui refusait de donner un coup de main en perte de balle. Tant pis si les dirigeants avaient fait de Krasic un des joueurs-phares dans la campagne d’abonnements, Conte l’a carrément mis de côté.

Forces. Les personnes qui ont été surprises par sa prestation contre Arsenal n’ont manifestement pas suivi Milan depuis le début de la saison. Il n’y a pas de doute, c’est l’équipe qui produit le meilleur football de Serie A. Un véritable cocktail de force physique, d’expérience et de technique avec en plus la possibilité d’aligner plusieurs joueurs à différents postes avec le même rendement. S’il y a un point faible, c’est à l’arrière gauche où l’irrégulier Antonini n’a jamais constitué une garantie bien qu’il ait été préféré à Taïwo. Arrivé libre de transfert de Marseille durant l’été 2011, le Nigérian a déjà été prêté à QPR en janvier. Et depuis lors, c’est l’international algérien Mesbah, acheté à Lecce, qui est titulaire.

S’il y a de la qualité dans chaque ligne ( ThiagoSilva est au top chez les arrières centraux), Ibrahimovic est au sommet de son art. Malgré son prétendu burn out en octobre, il n’a pas connu le même passage à vide que les autres saisons, surtout en Ligue des Champions. A certains moments, le Suédois a carrément couvert les lacunes offensives de son équipe.

Faiblesses. La moyenne d’âge du noyau est assez élevée et les joueurs appelés à jouer les roues de secours ( Seedorf, Zambrotta) ne courent plus les ailes déployées. Autre gros souci : le nombre de blessures. Milan arrive largement en tête du classement des équipes ayant dû se passer des services de ses joueurs à cause de pépins physiques plus ou moins graves. On ne parle pas de Nesta – il ne joue plus qu’un match sur deux – mais de Pato dont on ne compte plus les ennuis, de Boateng qui a collectionné les rechutes et d’ Aquilani, l’homme à la cheville de verre. Et si on ajoute à cela les  » disparitions  » de Gattuso et de Cassano, qui ont jeté la suspicion sur les pratiques du fameux Milanlab, on peut estimer que tout cela a pesé sur le rendement de l’équipe. Enfin, malgré son sale caractère qui lui a déjà valu plusieurs suspensions (la dernière de trois journées pour une baffe à Aronica de Naples vient de prendre fin), Ibra est seul devant. La deuxième pointe fait défaut : bon manieur de ballon, Robinho est très inconstant, El Shaarawy doit encore progresser, Inzaghi est au terminus, Maxi Lopez vient d’arriver et semble préférer jouer un peu plus en retrait, Pato n’a pas le feeling avec le Suédois et Cassano est out.

On n’en parle pas assez ! Quand quelques heures avant la fin du mercato d’été, Milan annonce qu’il a acquis Nocerino, la grande majorité des supporters milanisti se demande à quoi il va bien servir. Formé à la Juventus de 1998 à 2002, ce milieu a été baladé de club en club, ne jouant que quelques matches par-ci par-là à l’exception de la saison 2006-2007 à Piacenza, qui a acquis la moitié de la valeur du transfert du joueur. Propriétaire de l’autre moitié, la Juventus débourse 3,7 millions pour s’offrir Nocerino à titre définitif. Elle lui fait confiance mais malgré une saison intéressante, la Vieille Dame le liquide en mai 2008 à Palerme dans le cadre du transfert d’ Amauri. Valeur estimée du joueur : 500.000 euros ! Trois ans plus tard, Milan l’achète pour le même montant plus la valeur d’un joueur estimée elle aussi à 500.000 euros. Bref, un joueur de 27 ans valant un million même s’il a déjà été appelé en équipe nationale pour des matches amicaux, ça ne doit pas valoir grand-chose. Aujourd’hui, Nocerino est le deuxième meilleur buteur de Milan et lui, il ne tire pas les penalties.

Coaching. Allegri est resté fidèle à son 4-3-1-2. Certains prétendent qu’il s’obstine à aligner deux avants parce que Berlusconi l’exige. C’est possible mais s’il est vrai qu’ Ancelotti a été remballé parce qu’il ne titularisait qu’un seul attaquant, Allegri a toujours joué avec deux pointes même quand il était à Cagliari.

PAR NICOLAS RIBAUDO – PHOTOS : IMAGEGLOBE

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