Le renvoi d’entraîneur est l’arme des faibles

Sir Alex Ferguson pourrait fort bien fêter bientôt ses 20 ans d’entraînement à Manchester United. L’Ecossais y avait débuté en 1986 et remporta en 1993 le premier de sept titres de Premier League (sans oublier la Ligue des Champions 1999).

Le club du nord de l’Angleterre au passé ô combien prestigieux a donc attendu sept saisons avant de remporter son premier titre sous Ferguson. Depuis, ce fut l’avalanche de distinctions. Man U pose un sacré exemple en la matière. La patience est une vertu en sport. Mais il faut également que les atomes crochus existent pour qu’elle s’installe.

Et Ferguson s’est toujours senti très bien à Manchester où il partage notamment l’intérêt pour les courses hippiques et la propriété de certains chevaux de course de premier rang avec l’un ou l’autre actionnaire important du club.

Qu’on comprenne bien ce qui précède: si Ferguson n’avait pas été un winning manager, il ne serait jamais resté aussi longtemps à Man U et n’aurait jamais gagné assez d’argent pour s’acheter des purs-sangs.

Gagner est une chose, se voir offrir le temps de faire ses preuves en est une autre. Et puis, il y a aussi le matériel humain mis à disposition. Ferguson avait d’abord dû faire ses preuves à St. Mirren et Aberdeen (trois titres) avant de débarquer chez les Red Devils.

Le deuxième coach de D1 après Robert Waseige a donc été viré la semaine passée: Harm Van Veldhoven, 40 ans, un Belge d’origine hollandaise qui a joué 213 matches en D1 pour Lommel entre 92 et 99 avant de le coacher à partir de janvier 2000. Il a été prié de laisser la place nette à Jos Heyligen, 55 ans, également un ancien bon joueur de D1 (Beerschot, Antwerp, Beringen, Thor Waterschei) mais qui se planta récemment à Genk en ne tenant que six mois en 1999. Coach de neuf clubs au total de sa carrière, il en driva deux autres en D1 : Lommel en 93-94 et Westerlo en 96-99, toujours en apôtre d’un football dynamique et offensif.

Cette saison, il était directeur technique de Geel, en D2, et ne pensait jamais revenir en D1 après son échec à Genk. La preuve est qu’il passa (et rata) les examens d’agent de joueur à l’Union Belge.

Van Veldhoven était forcément écoeuré d’avoir été débarqué: « On ne jouait pas si mal, l’ambiance était bonne…évidemment on avait ramassé une raclée contre Malines ». Il n’était pas le genre de coach à faire des ronds de jambes avec ses dirigeants, qui expliquèrent avoir « beaucoup investi dans cette équipe et vouloir des résultats ». Beaucoup investi avec l’arrivée de Dimitri de Condé et Bruno Brocken cet été? Une treizième place n’était pas assez bonne pour des dirigeants hués par leurs supporters samedi soir. Mais le club a battu le Standard 1-0.

Dimanche soir, au moment de boucler ce numéro, d’autres coaches de D1 étaient en danger. Le premier, dont le club est dernier, était Etienne Delangre. Mais Abbas Bayat était aux Etats-Unis et ne rentrait qu’en début de semaine. Avec une décision radicale à prendre en plein jet lag? On le sait déjà ou on le saura bientôt. Mais il n’y a pas que Delangre. Les coaches de toutes les équipes de bas de classement sont en danger. Dominique D’Onofrio est calme parce qu’il sait qu’il est au Standard ad interim et Jan Ceulemans ne s’en fait pas parce qu’il est comme ça et que les dirigeants de Westerlo ont affirmé qu’ils ne changeraient rien.

Mais on attend des décisions de la part de ceux du Standard…qui ont vraiment peur de se mouiller. Mais il est temps: on dénote des grenouillages dans les vestiaires qui proviennent de l’insatisfaction croissante des joueurs par rapport aux résultats. Or, quand un groupe a la sensation qu’on l’utilise mal, c’est vraiment le début de la fin pour l’entraîneur. Il ne serait donc pas normal que DD termine la saison dans sa position actuelle.

Quoiqu’il arrive, à Sclessin comme au Mambourg, il s’agit de s’asseoir et de réfléchir aux options prises. En ce qui concerne les Zèbres, Enzo Scifo a ses idées…

John Baete

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