LE RÉGIME DUNCAN

Monotones, ennuyeux, vieillissants, pas sexy… Les qualificatifs pour décrire les San Antonio Spurs sont rarement élogieux. Pourtant, les play-offs et les titres s’enchaînent dans le Texas.

Si les projecteurs ont été braqués toute la saison sur les Golden State Warriors et le record du meilleur bilan de l’histoire (73 victoires pour 9 défaites), les San Antonio Spurs sont restés dans l’ombre. Une place qui leur plaît. Pourtant, leur saison a également frôlé des records : 67 victoires (le meilleur de la franchise et le 5e de l’histoire) ainsi que 40 victoires et une seule petite défaite à domicile. Mais là où la différence se fait avec d’autres équipes, c’est que les Spurs sont au sommet depuis presque 20 ans et régulièrement cités parmi les favoris au titre. Comment tout cela a-t-il commencé ?

Flash-back en 1997. Après un début de saison catastrophique (3 victoires pour 15 défaites), le coach Bob Hill est viré par son General Manager, un certain Gregg Popovich. Celui-ci prend le poste d’entraîneur principal et termine la saison, plombée par les blessures des stars David Robinson et Sean Elliott. Bien qu’ayant peu de chances de l’obtenir, les Texans raflent par miracle le premier choix de draft l’année où un phénomène universitaire est attendu par tout le pays : Tim Duncan.

PRISE DE RISQUE ET GESTION DE L’EFFECTIF

Si l’arrivé de Big Fundamentals a évidemment changé la donne de la franchise, Gregg Popovich et R.C. Buford, le General Manager, ont su intelligemment entourer leur pépite, flairant les bons coups à la draft (Manu Ginobili, Tony Parker,…) et des transferts de joueurs inconnus ou mal utilisés (Boris Diaw, Danny Green,…). Mal-aimés au pays du show et du spectacle, les Spurs comptent de nombreux joueurs internationaux et développent un basket différent d’équipes comme les Cleveland Cavaliers de LeBron James ou les Oklahoma City Thunder de Kevin Durant et Russell Wesbtrook. Peu de 1 contre 5 à outrance pour les Texans qui jouent collectif et se partagent le ballon, cherchant toujours la passe supplémentaire pour libérer un coéquipier qui aura alors un tir facile.

Les Spurs innovent aussi, en n’hésitant pas à reposer leurs stars en fin de saison, quitte à décevoir les fans et les pontes de la NBA. David Stern, ancien commissaire NBA, avait donné une amende aux Spurs, expliquant que ces derniers n’avaient  » pas rendu service à la ligue et aux fans « , et que cela était  » contraire aux intérêts de la NBA « .Comme souvent, les Spurs n’ont pas bronché et ont continué à le faire. Shaquille O’Neal avait pris la défense du coach de San Antonio sur TNT :  » Popovich l’a toujours fait et il sait ce qui est le mieux pour son équipe. C’est son job de gérer ses joueurs et faire tout ce qu’il veut. Il pense plus loin.  » Peu importe le show, les Texans n’ont qu’un seul objectif en tête : le titre.

GAGNER MOINS POUR GAGNER PLUS

Après avoir gagné un 4e titre en 2007, Tim Duncan avait la possibilité de signer une extension de deux ans et gagner jusqu’à 51 millions. A la place, il a décidé de resigner pour 40 millions  » seulement  » afin de permettre à son équipe de se renforcer et de pouvoir conserver les autres joueurs majeurs comme Tony Parker et Manu Ginobili. Son coach disait à l’époque :  » Cela fait partie de notre esprit de famille de faire en sorte que tout le monde se sente bien. Duncan est quelqu’un de spécial et cet exemple démontre comment il réfléchit et où se trouvent ses priorités.  »

Avec le succès au bout, puisque les Spurs gagneront un nouveau titre en 2014 après avoir échoué en finale en 2013 face à Miami. Des Heat qui ont copié cette méthode lorsque LeBron James les a rejoints. James, DwyaneWade et ChrisBosh ont tous les trois accepté de diminuer leur salaire afin de jouer ensemble. Pour le succès que l’on connaît : 4 finales consécutives et 2 titres de champion. A la différence que le trio s’est ensuite séparé et que Wade et Bosh ont signé de meilleurs contrats après le retour de James à Cleveland.

Les Spurs ont, eux, continué sur cette voie, Duncan diminuant son salaire une nouvelle fois, tout comme Parker et Ginobili quand dans le même temps, Kobe Bryant resignait pour deux nouvelles saisons à 25 millions par an, plombant ainsi le futur de sa franchise. Résultat ? Les Lakers n’ont plus participé aux playoffs et les dernières saisons de Kobe ont été gâchées par les blessures. Dans le Texas, les Spurs ont pu signer LaMarcus Aldridge, LA star de la free-agency que tout le monde s’arrachait, et conserver Kawhi Leonard.

LE FUTUR DÉJÀ TRACÉ

Kawhi Leonard, une nouvelle trouvaille de Popovich et Buford. L’ailier, d’abord utilisé comme arme défensive, a pris une nouvelle ampleur depuis son titre de MVP des finales 2014, amplement mérité. Le double meilleur défenseur de la saison est le joueur numéro 1 des Spurs cette année. L’histoire d’amour entre le natif de L.A. et les Spurs n’a pourtant pas été évidente. Sélectionné par les Pacers à la draft 2011, il est échangé contre George Hill. Popovich a pourtant douté :  » Je mentirais si je vous disais que nous le voyions défenseur de l’année et capable de tirer à près de 50 % à 3pts. Nous ne savions pas qu’il pourrait apprendre si vite « , expliquait-il à ESPN.  » Il avait plus l’air d’un joueur intérieur qu’extérieur. Mais il avait surtout l’air de connaître le basket. Avec sa taille, son envergure, nous avons vu une carrure que l’on pourrait faire évoluer vers un joueur de périmètre. Nous avons tenté le coup. « 

Avec leur nouvelle trouvaille et l’addition d’Aldridge, les Spurs ont réussi une transition sans reconstruction pénible comme ont connu les Bulls ou les Lakers. Tim Duncan et Manu Ginobili prendront prochainement leur retraite tandis que Tony Parker a encore quelques saisons devant lui mais avec Leonard (24 ans), Aldridge (31) et Danny Green (28), les Spurs continueront à régulièrement viser le titre suprême. En play-offs pour la 19e saison consécutive (!), les Spurs seront toujours l’équipe à battre, l’équipe copiée et auront toujours une longueur d’avance sur les autres équipes. Mais tout cela, les Spurs et Gregg Popovich en premier s’en fichent complètement. Record, meilleur bilan, amour ou haine, etc… le plus important sera toujours de finir la saison avec une bague de champion. Peu importe le reste.

PAR GEORGES XOURAS – PHOTO REUTERS

Peu importe le show, les Spurs n’ont qu’un seul objectif en tête : le titre

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