LE PROCÈS

Uli Hoeness s’est lui-même dénoncé au fisc allemand début 2013, mais pour quelque 3 millions déposés sur un compte suisse. L’instruction de 14 mois a débouché sur un procès-éclair, au terme duquel le président du Bayern a été condamné à trois ans et demi de prison ainsi qu’à une amende de 28,4 millions, la défense ayant révélé un montant plus élevé à l’entame du procès.  » J’ai spéculé en Bourse. Je suis accro. Mais comme la Bourse fluctue, il a fallu attendre la dernière minute pour connaître le montant exact.  »

La sanction a fait sensation en Allemagne : la chaîne de télévision ARD y a consacré les deux tiers de son JT ainsi qu’une émission spéciale d’un quart d’heure, Brennpunkt, retardant d’autant la programmation de toute la soirée. C’est exceptionnel : ces derniers temps, seule la problématique de l’Ukraine et de la Crimée ont fait l’objet d’une attention similaire -l’Allemagne est très liée à la Russie économico-politiquement.

Hoeness ne s’est pas cantonné dans le rôle de la victime : le lendemain du verdict, il renonçait à l’appel et démissionnait de tous ses mandats au Bayern,  » afin de ne pas nuire à ce qui reste l’oeuvre de ma vie.  » Pourquoi un homme aussi puissant et riche accepte-t-il aussi facilement la prison ? D’une part, il a reçu une éducation catholique assez stricte, comme son épouse Susi. Il n’hésite jamais à venir en aide aux nécessiteux, qu’il s’agisse de clubs, comme le Borussia Dortmund, qui a bénéficié de l’aide du Bayern quand il était au bord de la faillite, ou d’associations caritatives.

Avant une assemblée générale du Bayern, Karl-Heinz Rummenigge l’a un jour appelé  » Le Père Teresa du Tegernsee  » – le lac au bord duquel il réside. Hoeness a déclaré  » respecter la justice. J’ai commis une terrible erreur et je veux en payer les conséquences. C’est conforme à mon sens des convenances et des responsabilités.  » Susi a ajouté :  » Il n’y avait aucune autre voie possible.  »

Certains médias allemands pensent que l’ampleur de la fraude est supérieure à ce qui a été déclaré et soulignent que certaines réponses, sur la provenance de l’argent, sont restées sans réponse. Renoncer à un pourvoi en appel éviterait d’approfondir le sujet. Ce ne sont là que rumeurs, toutefois.

Concrètement, Hoeness va recevoir une invitation à se présenter en prison, tel jour à telle heure. L’Allemagne n’est pas coutumière du bracelet électronique : c’est la prison. Il ne bénéficiera pas d’une cellule individuelle et pourrait même en partager une avec un criminel endurci, dans le pire des cas. Toutefois, s’il fait preuve de bonne conduite, il peut obtenir un régime de semi-liberté après quelques mois : il pourrait porter ses vêtements personnels et bénéficier de sorties régulières.

S’il trouve un travail – au Bayern, par exemple, ou dans son usine de saucisses, HoWeWurstwaren, il ne devra réintégrer la prison que pour y passer la nuit. Il pourra sans doute même séjourner dans un institut semi-ouvert situé à Munich même. En Allemagne, la libération conditionnelle n’est accordée qu’aux deux tiers de la peine, parfois après la moitié. La Bavière n’accepte généralement qu’aux deux tiers mais Hoeness y est particulièrement apprécié. Un homme d’affaires condamné à huit ans et demi de prison pour escroquerie a récemment retrouvé l’essentiel de sa liberté au bout d’un an et demi.

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