» LE PROBLèME DE BRUGES, C’EST L’AUTOSATISFACTION « 

Après 13 journées de championnat, le Club Brugeois compte 13 points de retard sur le leader, Anderlecht. Comment les champions ont-ils pu tomber aussi bas ?

Georges Heylens : Le problème du Club, c’est l’autosatisfaction de ses joueurs et rien d’autre. Dès avant le début de la compétition, Gert Verheyen avait déjà annoncé la couleur, à ce propos, en affirmant que les Bleu et Noir éprouvent toujours des difficultés à confirmer au cours de la saison qui suit un titre. Et la campagne actuelle en est une magnifique illustration. Ça et là, j’ai lu ou entendu qu’il était question d’une usure du pouvoir du coach, Trond Sollied, ou d’une démythification de son système. Ce sont là autant de leurres. La vérité, c’est que les Bleu et Noir ne se font plus violence, aujourd’hui, que par à-coups. C’était le cas dans des matches où personne ne les attendait. Comme lors de la double confrontation contre le Borussia Dortmund, par exemple, on encore à l’occasion du déplacement européen à l’AC Milan. Désolé, mais si les Flandriens sont capables de mener à bien des missions pareilles, il n’est pas normal qu’ils courbent l’échine face à Heusden-Zolder ou, à l’image de ce qui s’est passé vendredi dernier, contre le GBA. Honnêtement, je ne pense pas qu’un changement dans le staff technique sera la panacée chez eux. Pourquoi faudrait-il donc mettre en doute les compétences d’un mentor qui était encore loué pour son approche récemment, lorsque ses ouailles frappèrent tout le monde de stupéfaction en prenant la mesure des Rossoneri à San Siro ? Les dirigeants brugeois seraient beaucoup plus inspirés, d’après moi, en adjoignant à leur effectif l’un ou l’autre élément de qualité. Il n’y a pas un club en Belgique qui dispose d’autant de solutions de rechange que les Brugeois à l’attaque. Je compte, en tout cas, au moins trois trios susceptibles d’être alignés aux avant-postes chez eux. Le hic, c’est qu’aucun n’est vraiment supérieur aux autres. Rune Lange ou Bengt Saeternes, c’est chou vert et vert chou. Et il n’en va pas autrement pour Sandy Martens et Gert Verheyen. D’autre part, ce qui vaut pour la division offensive est tout autant d’application aux autres secteurs. Nastja Ceh, Sergeï Serebrennikov ou Ivan Gvozdenovic : bien malin qui pourrait me dire lequel fait l’unanimité autour de son nom. Il y a trop de footballeurs du même type au stade Jan Breydel. Ce qui n’est évidemment pas sans susciter des grondements quand l’un a la préférence sur l’autre.

Bruges paraît bel et bien définitivement largué dans la course au titre, où seules deux équipes s’accrochent dans le sillage d’Anderlecht : le Standard et Genk. De part et d’autre, elles ont régalé leurs supporters le week-end passé : 3 à 0 d’un côté contre Westerlo et 4 à 0 de l’autre lors du derby limbourgeois devant St-Trond.

Aussi bien le Standard que Genk avaient beaucoup à se faire pardonner après leurs éliminations peu glorieuses en coupe de Belgique face, respectivement au Cercle Bruges et à Heusden-Zolder. Des deux, ce sont les Rouches qui, selon moi, ont le plus de chances de constituer une menace sérieuse pour les Mauve et Blanc jusqu’au bout de la compétition. Cela, en raison d’une qualité supérieure à l’arrière. Si Jan Moons, que je ne considère pourtant pas comme un ténor, n’avait pas réussi quelques prouesses face aux Trudonaires, jamais les Racingmen ne l’auraient emporté d’une manière aussi aisée.

Au rayon des bonnes surprises du week-end, on relèvera le succès de Charleroi à Lokeren.

C’est une victoire non pas en or mais plutôt en diamant, car acquise sur les terres mêmes d’un rival direct dans la lutte pour le maintien. Au double plan footballistique et psychologique, les Zèbres réalisent une opération fantastique puisqu’ils ont abandonné la lanterne rouge et qu’ils ont pris un ascendant moral sur Heusden-Zolder, à nouveau confronté avec le spectre de la descente après une période d’euphorie marquée par des triomphes sur le Club Brugeois en championnat et sur les voisins de Genk en Coupe. C’est d’autant plus cruel que le revers des Limbourgeois à Mouscron n’était pas réellement mérité. n

Propos recueillis par Bruno Govers

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