Le Prix du Jury

Le championnat s’est achevé samedi passé et les récompenses individuelles ont été décernées dimanche au casino de Spa lors du Gala du Footballeur Pro, organisé par Sport/Foot Magazine. Les vainqueurs parlent de la finale entre le Standard et le Club Bruges.

Le Coach de l’Année Hugo Broos :  » Si le Standard reste conquérant…  »

 » Il y a longtemps qu’on n’avait plus eu une telle affiche en finale. Un Standard-Bruges ! J’espère que le spectacle sera digne des équipes participantes. Les Brugeois auront le couteau sur la gorge et sont obligés de s’imposer, sous peine de disputer une prochaine saison vierge de toute compétition européenne. Le Standard, lui, n’a plus ce souci. Est-ce pour autant qu’il sera moins motivé ? Je ne le pense pas. Une troisième place, c’est bien, mais rien ne vaut un trophée. D’autant que les Liégeois attendent cela depuis tellement d’années.

Le facteur décisif sera, selon moi, la confiance qui animera les acteurs le jour du match. Je ne suis pas devin, je ne peux donc pas prédire quel sera l’état d’esprit des joueurs samedi prochain. La pression qui pèse sur Bruges peut se révéler une arme à double tranchant. Soit les joueurs seront hyper motivés en sachant qu’ils jouent leur saison sur un match, soit ils seront stressés par l’importance de l’enjeu. Les Liégeois, eux, sont déjà en confiance, d’autant qu’ils viennent de battre Bruges il y a dix jours en championnat. Le tout est de garder cet esprit conquérant.

Les deux équipes se connaissent parfaitement et il y a peu de chances qu’un élément de surprise puisse intervenir sur le plan tactique. La force de Bruges a, de tous temps, été son collectif et c’est sur celui-ci qu’il faudra tabler, davantage que sur un exploit de Balaban. La force du Standard, ce sont surtout ses individualités comme SergioConceiçao, Jovanovic ou Igor de Camargo, mais aussi un entrejeu très jeune et très talentueux, où Defour, Fellaini et Witsel communiquent leur enthousiasme.

A la place de Janevski ? Je m’efforcerais de rendre confiance aux joueurs après un championnat décevant, ce qu’il est déjà en train de faire depuis plusieurs semaines. J’essaierais de les convaincre qu’ils ont les moyens d’aller au bout. Et surtout, je leur demanderais de jouer leur jeu, sans essayer de le calquer sur celui du Standard. A la place de MichelPreud’homme, je m’efforcerais de trouver le juste milieu entre l’enthousiasme et l’excès de confiance. On sait que le Standard a parfois tendance à planer après une belle performance…  »

Le Footballeur Pro de l’Année Mémé Tchité :  » J’ai joué au Standard, mais je dois rester sportif  »

 » Je n’ai pas spécialement de favori pour cette finale. Je souhaite que le meilleur gagne, tout simplement. Qui est le meilleur, a priori ? Anderlecht, bien sûr, puisqu’on a remporté le championnat ! Derrière, une autre équipe a l’occasion de remporter un trophée.

Difficile d’émettre un pronostic. Je suis épaté par la réussite des jeunes Standardmen. Pour StevenDefour, c’était attendu, car il avait déjà démontré toute sa classe à Genk. Mais qui pouvait s’attendre à l’éclosion de MarouaneFellaini et d’ AxelWitsel ? Il leur reste un dernier effort à fournir pour que leur saison soit une réussite complète. Bruges est rompu à ce genre de match, mais sort d’une saison décevante. On pourrait penser que le Standard est mon favori de c£ur, puisque j’ai joué là-bas et que j’ai conservé des amis à Liège, mais je me dois de rester sportif et de souhaiter bonne chance à Bruges également « .

Le Jeune Pro de l’Année Lucas Biglia :  » J’aurais aimé assister à cette finale  »

 » Honnêtement, c’est une finale à laquelle j’aurais bien aimé assister, entre deux belles équipes. Mais pour moi, une belle saison s’est achevée et j’aspire à des vacances bien méritées. Bruges et le Standard furent deux rivaux coriaces pour Anderlecht, tout au long de la saison. On a rencontré les Brugeois à deux reprises (une victoire et un partage) et les Liégeois à quatre reprises (une victoire et un partage en championnat, mais deux défaites en Coupe). Si je considère essentiellement mon secteur de jeu, je constate que cette finale sera une opposition entre l’expérience brugeoise et la jeunesse liégeoise. Bruges sait peut-être mieux comment aborder ce genre de rencontre : des gens comme GaëtanEnglebert, PhilippeClement et IvanLeko n’en sont pas à leur coup d’essai, même JonathanBlondel a déjà disputé une finale. Pour Defour, Fellaini et Witsel, tout cela sera neuf, mais leur fougue et leur enthousiasme peuvent aussi se révéler des atouts.

Pour tout avouer, ce sont surtout les attaquants qui, dans les deux camps, m’ont le plus impressionné. Du côté brugeois, je suis sous le charme de BoskoBalaban, qui peut à tout moment faire basculer un match en faveur de son équipe. Du côté liégeois, j’admire MilanJovanovic, qui est capable d’écarteler une défense à lui tout seul. Je ne me risquerai pas à un pronostic : les deux équipes se tiennent de très près et la forme du jour sera déterminante « .

Le Prix du Fair-Play Frédéric Herpoel :  » Je vais supporter le Standard  »

FrédéricHerpoel :  » Il m’est très difficile d’évoquer cette finale, car j’avais tellement envie d’y participer. Ce sera dur pour moi de voir Bruges à notre place. Que nous a-t-il manqué ? On savait, dès la fin du match aller, que le but inscrit par Balaban à Gand avait complètement changé les données. Cela a joué dans nos têtes. On ne pouvait rien lâcher au match retour, mais au lieu de nous motiver, cela nous a paralysés. Certains avaient les jambes coupées à la perspective de voir leur rêve s’envoler… Je serai supporter du Standard parce qu’une victoire des Rouches propulserait La Gantoise en Coupe de l’UEFA, alors qu’en cas de victoire brugeoise, on perdrait tout.

Que doivent faire les Liégeois pour s’imposer ? Gagner les duels, ce que nous n’avons pas été capables de faire en demi-finales. Ce sont deux équipes qui se connaissent parfaitement et la différence se fera donc sur des détails. Quoi qu’on en dise, il y a de l’expérience dans les deux camps. La plupart des Brugeois n’en sont pas à leur première finale, mais les Liégeois ont également l’habitude des matches au sommet. Bruges aura la pression : les Blauw en Zwart sont obligés de gagner pour être européens. Mais les Liégeois ont tellement envie de décrocher un trophée…

Sont-ce deux équipes fair-play ? Vous savez, lorsqu’on dispute une finale, il faut de l’engagement : aller au bout de ses forces, faire preuve de caractère, aller parfois au contact aussi. Les fautes sont inévitables. Le tout est que cela reste dans les limites de la sportivité « .

Le Gardien de l’Année et 12e Homme Daniel Zitka :  » Et pourquoi pas un nouveau 4-4 ? »

 » Cela se jouera à peu de choses. J’ai vu la demi-finale retour entre Bruges et Gand. Les Brugeois ont mérité de l’emporter, ils ont pris le match en mains dès le départ et ont mis toute leur énergie pour remonter le handicap de deux buts qu’ils avaient concédé à l’aller. J’ai vu l’autre demi-finale d’encore plus près, forcément. On aurait dû inscrire deux buts à Sclessin pour se qualifier, on n’y est pas parvenu. Le Standard a donc également mérité sa qualification.

Le Standard et Bruges se sont rencontrés à Sclessin il y a dix jours. Le Standard l’a emporté et abordera donc la finale avec la conviction qu’il est capable de battre Bruges. Mais CedomirJanevski peut parfaitement tirer les leçons de cet échec. S’il parvient à apporter les corrections nécessaires, il se procurera peut-être un avantage. Mais peut-on réellement comparer une rencontre de championnat avec une finale de Coupe ? Il y a dix jours, le Standard jouait à domicile et avait absolument besoin des trois points pour s’assurer un ticket UEFA. Bruges jouait en déplacement et était déjà un peu résigné en championnat. L’important, pour les Flandriens, c’est la Coupe. Je ne dis pas qu’ils ont laissé aller le match à Sclessin, mais la motivation était clairement liégeoise.

Samedi prochain, on jouera sur terrain neutre. C’est donc un contexte particulier. Au niveau des spectateurs, ils seront équilibrés en nombre. Reste à voir s’ils seront aussi équilibrés en voix, mais on peut faire confiance aux sympathisants des deux camps. C’est du 50/50. Au niveau de la motivation, j’accorderai un léger avantage aux Brugeois. Ce match est crucial pour eux, puisqu’ils sont dans l’obligation de l’emporter pour être européens. Le Standard n’a pas ce souci : il a déjà conquis son ticket pour la Coupe de l’UEFA et jouera plus libéré. Cela peut aussi être un avantage. Dans le domaine mental, c’est donc également du 50/50.

Comparer les deux gardiens ? J’ai beaucoup de respect pour StijnStijnen et OlivierRenard. Le premier est le gardien des Diables Rouges et le second termine la saison en force. Aucun des deux n’aurait fait tache comme Gardien de l’Année.

J’espère que l’on verra une belle finale. Et pourquoi pas, un 4-4 comme lors du match de championnat au stade Jan Breydel ? Ce dénouement exceptionnel du match de championnat peut-il jouer dans les têtes ? Je ne le pense pas : six mois se sont déjà écoulés depuis et de vrais professionnels ne peuvent pas vivre avec des souvenirs « .

L’Arbitre de l’Année Jérôme Nzolo :  » Difficile pour un arbitre, mais tant pis !  »

 » Mi-décembre, j’ai sifflé Bruges au Lierse où il s’est imposé de justesse après avoir rapidement mené 0-2. Il a levé le pied et l’adversaire en a profité pour revenir à la marque. A partir de ce moment-là, j’ai pu apprécier le jusqu’au-boutisme des joueurs brugeois. ManasehIshiaku est très rapide, fort physiquement et possède une bonne technique mais il rate beaucoup trop d’occasions. BoskoBalaban est plus lent mais meilleur ballon au pied que le Nigérian et, surtout, il n’a pas besoin de trois occasions pour mettre un but. Au milieu, ils ont des battants à la limite de la sportivité : ils se donnent à fond. C’est dans ce registre que le Club s’exprime le mieux quand toutes ses composantes évoluent de manière solidaire. En fait, cette manière de jouer est culturelle et j’ai retrouvé cette mentalité lors de la demi-finale retour contre Gand. Les Brugeois ont évolué dans leur style préféré alors que jusque-là, ils ont donné l’impression de jouer comme s’ils n’attendaient plus rien du championnat.

J’ai arbitré le Standard à trois reprises : contre Eupen en Coupe, contre Lokeren à domicile et à Saint-Trond en déplacement. Cette confrontation face aux Canaris a été impeccable tant au niveau de l’engagement que du spectacle. Le principal défaut du Standard, c’est son manque de constance d’un match à l’autre mais également au cours d’une même rencontre. Le club liégeois possède un milieu de terrain diesel : je ne fais aucune référence à sa lenteur mais à sa résistance. Les médians courent du début jusqu’à la fin. J’ai été impressionné par tous ces jeunes qui parlent entre eux comme si cela faisait trois saisons qu’ils jouent ensemble. Ils me font penser à ces jeunes Africains de 14 ans qui quittent le village pour aller chercher de la nourriture pour leur famille et quand on leur dit qu’ils sont fous, ils rétorquent : -Et quoi, mes parents doivent manger, non ? Le power play du Standard est une réalité quand les défenseurs latéraux parviennent à monter. Mais aussi quand l’extrêmement fonceur Jovanovic ne s’entête pas trop et que De Camargo ne se limite pas au rôle de renard de surface et descend bas en phase de récupération. Car l’esprit d’équipe ne les habite pas tout le match « .

par daniel devos et nicolas ribaudo – photos: reporters

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