Le prix à payer

Le back droit brésilien veut tout gagner et explique comment il compte s’y prendre.

« C’est le meilleur arrière latéral du monde « , affirme le président du FC Barcelone, Joan Laporta. Un argument suffisant pour réaliser le troisième transfert le plus cher de l’histoire du club l’été passé. Les joueurs qui précèdent Dani Alvés dans ce classement particulier, à savoir le Néerlandais Marc Overmars et l’Argentin Javier Saviola, n’ont pas triomphé au Barça. Le Brésilien (sous contrat jusqu’en 2012 avec une sa clause de résiliation de 90 millions d’euros) espère un dénouement plus heureux.  » J’espère gagner la Liga et la Ligue des Champions avec le FC Barcelone, et la Coupe du Monde avec la Seleçao « , avoue-t-il.  » Et aussi la Coupe du Roi !  »

A quand remonte votre premier contact avec un ballon ?

DaniAlvés : A très longtemps, mais je m’en souviens encore comme si c’était hier, car au Brésil, un ballon est synonyme de vie. Je devais avoir deux ans et mon père m’a fait cadeau de cette sphère. En le recevant, j’ai sauté de joie, car je me rendais compte du sacrifice qui avait été fait. On ne roulait pas sur l’or et ce ballon était un très beau cadeau.

Votre père Domingos était-il également footballeur ?

Il jouait très bien et tout le monde le voulait dans son équipe, mais il n’a jamais dépassé le niveau amateur. Son désir le plus cher était d’avoir un fils footballeur. Il tenta d’abord le coup avec mon frère aîné, puis avec moi. Je suis heureux d’avoir réalisé son rêve.

Durant vos premières saisons au FC Séville, vous étiez plutôt milieu droit. Cette position vous convenait-elle mieux ?

Je remplis le rôle que l’entraîneur veut bien me confier, mais cela fait un petit bout de temps que j’ai trouvé ma place de prédilection à l’arrière droit. D’autant que mon modèle a toujours été Cafù…

Etes-vous la même personne sur le terrain qu’en dehors ?

Non. En dehors du terrain, je suis très calme alors que sur la pelouse, il m’arrive de m’énerver, mais c’est dû au fait que je vis le football très intensément, avec une grande rage de vaincre.

Vous semblez effectivement avoir peu d’amis sur la pelouse…

( Ilrit) On se frotte parfois un peu parce qu’on est des compétiteurs. Une fois le match terminé, rien n’empêche de redevenir bons amis. Les disputes éventuelles doivent se limiter au terrain. On ne doit pas emporter ses différends avec soi lorsqu’on rentre à la maison.

 » Je n’ai pas emprunté la voie royale « 

Comment vous y prenez-vous pour maintenir le même rythme d’un bout à l’autre d’une rencontre ?

Je me le demande parfois moi-même… Je crois que c’est lié en partie aux obstacles que j’ai dû franchir pour arriver où je suis. La voie royale ne s’est pas ouverte devant moi, j’ai dû batailler ferme et je sais que la clef du succès réside dans un haut degré de concentration et une volonté de tous les instants.

Quels souvenirs gardez-vous de votre premier club pro au Brésil, Bahia ?

Sans Bahia, on ne parlerait pas de Dani Alvés à l’heure qu’il est. J’y ai débuté à 18 ans, et même si l’équipe n’évoluait pas au plus haut niveau, cela m’a ouvert les portes de l’Europe. Des recruteurs m’ont vu à l’£uvre.

Vous vous souvenez de la première fois où quelqu’un vous a parlé d’une possibilité de traverser l’Atlantique ?

Je me souviens surtout que, lorsqu’on m’a parlé du FC Séville, j’ai cherché des renseignements sur la ville : où elle se situait, à quoi elle ressemblait… C’était encore très vague… Heureusement, le transfert s’est réalisé et j’ai eu beaucoup de chance.

Vous avez vécu la meilleure période de ce club centenaire…

Au moment où j’ai débarqué en Andalousie, le club luttait pour son maintien. Ce n’était pas encore un grand d’Espagne, mais grâce à une gestion extraordinaire, des footballeurs de grand talent ont pu être engagé et l’équipe a gravi les échelons.

Quel fut le meilleur joueur que vous ayez côtoyé au FC Séville ?

Luis Fabiano. Il a converti en but bon nombre de mes passes et de mes centres. J’aimerais beaucoup rejouer un jour avec lui.

Avez-vous pardonné au président José Maria Del Nido de s’être aussi longtemps opposé à votre départ ?

Je n’ai pas à lui pardonner : il a fait son travail et a défendu les intérêts de son club. Il est vrai qu’à un certain moment, nos relations furent assez tendues, mais elles sont redevenues très cordiales. C’est un homme que j’admire beaucoup pour le travail qu’il a réalisé au FC Séville.

La chaleur de Séville, la sincérité de Barcelone

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez signé à Barcelone ?

Une sensation incroyable, parce que cela faisait trois ans que j’essayais de partir pour un grand club. Ce que j’ai le plus apprécié à Séville, c’est la chaleur avec laquelle les gens m’ont accueilli. Sous cet angle-là, cela me rappelait le Brésil. A Barcelone, ce qui me plaît, c’est la sincérité des gens. S’ils sont tes amis, ils le sont pour de vrai. Et s’ils te disent quelque chose, c’est parce qu’ils le pensent.

Et footballistiquement, quelle est la meilleure équipe : Séville qui a remporté cinq trophées ou le spectaculaire FC Barcelone de Pep Guardiola ?

Le FC Barcelone, pour la qualité de son football et les joueurs qui composent l’équipe. Néanmoins, il faut prendre en considération le fait que cette équipe n’en est encore qu’à son début. Les chiffres ne mentent jamais, il faudra donc attendre que ce Barça-ci se construire un palmarès pour pouvoir effectuer des comparaisons.

Oseriez-vous affirmer que, potentiellement, ce Barça-ci est aujourd’hui la meilleure équipe du monde ?

Au niveau des joueurs, certainement. Et de loin. Beaucoup de joueurs sont les n°1 mondiaux à leur poste.

Et Lionel Messi, est-il le n°1 mondial toutes catégories ?

Pour moi, oui. Leo est le meilleur joueur du monde, mais il doit le prouver en remportant des trophées. Pour cette raison, je pense que l’élection de Cristiano Ronaldo comme Ballon d’Or 2008 était méritée. Mais je crois aussi que les récompenses individuelles ne tarderont pas à arriver pour mon coéquipier également, car sur le terrain, ses prestations sont réellement impressionnantes.

Précisément, il joue devant vous…

A Séville, j’avais déjà un coéquipier de luxe en la personne de Jesus Navas. Lui aussi était un joueur de grand talent, mais il devait encore mûrir. Messi, en comparaison, est déjà très mûr. Peut-être parce qu’il a débuté très tôt et qu’il a joué des rencontres importantes avec son équipe nationale alors qu’il n’était qu’un gamin. C’est très facile de s’entendre avec lui sur le terrain.

Hormis Messi, quel est le footballeur qui vous a le plus surpris à Barcelone ?

Xavi Hernandez et Andrés Iniesta. Le premier est le maître du ballon et le second a une passe millimétrée dans les pieds. Les superlatifs me manquent. Ce sont deux éléments in-contournables de l’équipe.

Et Guardiola ?

On remarque tout de suite qu’il a été footballeur lui-même. C’est un homme très intelligent, doté d’un grand pouvoir de persuasion, et même s’il a su gagner le respect, il fait partie intégrante du groupe.

A un niveau personnel, avec qui avez-vous le plus d’atomes crochus ?

Je m’entends bien avec tout le monde, mais j’ai tissé des liens privilégiés avec Messi, Sylvinho, Pinto et Martin Caceres.

 » Messi et Iniesta au Real ? Foutaises ! « 

Récemment, vous avez qualifiés de  » stupides  » les rumeurs provenant de Madrid et affirmant que Messi et Iniesta pourraient signer au Real.

Ils ne quitteront jamais le Barça, ils ont trop de respect pour ce club et ils savent qu’ils y sont éminemment appréciés. Un joueur aime être heureux, se sentir apprécié et jouer dans un grand club. S’ils réunissent les trois conditions, pourquoi partiraient-ils ? En outre, il ne s’agit pas de joueurs récemment transférés, mais formés au club et ayant construit leur vie à Barcelone… Peut-être, un jour, le club souhaitera-t-il lui-même vendre ces joueurs. Mais un footballeur a toujours d’autres options que celle consistant à signer chez le rival ancestral. Personnellement, je ne signerai jamais au Betis, par exemple. Si c’était mon unique option, je préférerais retourner au Brésil.

Et si le Real Madrid vous contactait ?

Même réponse : non. J’ai eu la possibilité de signer pour ce club, mais la transaction ne s’est pas réalisée et aujourd’hui, le train est passé. Je suis heureux à Barcelone.

Les supporters s’inquiètent d’une possible remontée du Real en championnat.

Il ne faut pas s’inquiéter. Nous sommes en position privilégiée : il vaut mieux être devant que derrière. Nous savons qu’il faudra lutter jusqu’au bout pour remporter le titre. Mais, que l’on soit champion avec trois ou douze points d’avance, peu m’importe.

Pensez-vous le Real Madrid capable de remporter tous les matches qui leur restent ?

Si les Madrilènes parviennent à rester invaincus pendant 20 matches, il faudra leur tirer un grand coup de chapeau. Mais cela ne signifie pas encore qu’ils seront champions.

Et la Ligue des Champions ?

Nous avons franchi avec brio l’obstacle du Bayern Munich. Aujourd’hui, on est seuls face à trois clubs anglais. On n’a plus le choix : il faudra battre les meilleurs.

Jouer la demi-finale retour à Stamford Bridge constitue-t-il un handicap ?

Généralement, jouer le match décisif à domicile est considéré comme un avantage. Mais ce n’est pas toujours le cas.

Trois trophées à gagner

Quels sont vos rêves en matière footballistique ?

C’est très facile : gagner la Liga et la Ligue des Champions avec le FC Barcelone, ainsi que la Coupe du Monde avec le Brésil. Si je peux ajouter à cela quelques trophées supplémentaires, je ne cracherais pas dessus. Evidemment, les trois titres précités feraient déjà mon bonheur. ( Ilrit)

Comment voyez-vous le Brésil en 2010 ? L’Espagne pourrait-elle être le principal rival de la Seleçao ?

L’Espagne est championne d’Europe, il faudra donc la considérer comme l’un des favoris. Le Brésil figure toujours parmi les favoris, mais il ne faut pas trop y penser car l’excès de confiance est nuisible. On doit se qualifier et partir en Afrique du Sud avec l’ambition de donner le meilleur de soi-même, tout simplement.

Que diriez-vous d’une finale contre Puyol, Xavi et Iniesta ?

Ce serait très spécial. Et l’assurance d’un grand spectacle. Croisons les doigts.

par jose devesa (esm) – photos: reporters

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