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Le pompier de fer

Le passé sur les bancs de touche de Fernando Hierro, nouveau leader de la Roja, est plutôt léger.

L’urgence s’étant invitée dans le camp espagnol, le choix ne pouvait évidemment pas être parfait. Pour remplacer Julen Lopetegui, mis à la porte de la Selección à deux jours de l’entrée des Ibères sur les pelouses russes, la RFEF, fédération espagnole de football, a donc préféré son directeur technique Fernando Hierro à son coach des espoirs, Albert Celades, lequel ne s’était pas franchement distingué lors du dernier EURO U21, où il avait plus capitalisé sur les talents conjoints de Marco Asensio, Saúl Niguez et Dani Ceballos que sur ses idées de jeu pour atteindre la finale.

Vainqueur de trois Ligues des Champions sous les couleurs du Real Madrid, l’ancien capitaine du Real est pourtant loin d’arborer un palmarès équivalent depuis qu’il a raccroché les crampons. Sa seule expérience de coach, Hierro l’a vécue en deuxième division espagnole, sur le banc du Real Oviedo. À l’époque, les dirigeants veulent placer une main de fer à la tête d’un vestiaire difficile, et Hierro porte sa réputation de grognard jusqu’à sa carte d’identité ( » hierro  » signifie  » fer  » en espagnol, ndlr).

Pourtant, une fois à la tête de l’équipe des Asturies, Fernando se montre plutôt proche de ses hommes, et construit un esprit de groupe suffisant pour faire du stade Carlos Tartiere une forteresse imprenable. Intraitable à domicile, l’équipe de Hierro souffre en déplacement, ce qui lui coûte une potentielle montée en Liga et met un terme rapide à l’expérience de l’ancien porteur du brassard de la Casa Blanca, seulement riche d’une saison sur un banc de touche.

C’est surtout dans le costume plus distant du directeur technique que Fernando Hierro a mené sa seconde vie. Il occupe ces fonctions à la Fédération lors des sacres espagnols de 2008 et 2010, avant de plonger dans le quotidien d’un club avec Málaga, dans sa région natale. En Andalousie, l’expérience tourne court, et il retournera finalement au Bernabeú, pour devenir l’adjoint de Carlo Ancelotti après qu’un certain Zinédine Zidane soit parti se faire les dents à la tête de la Castilla, l’équipe B du club. Une année à Oviedo plus tard, Hierro est revenu à son poste de directeur technique national, avant de quitter l’ombre des tribunes pour jouer le rôle du pompier-sélectionneur.

Face au Portugal, Hierro s’est avancé avec le onze préparé par Lopetegui. Nacho et Koke étaient présents dès le coup d’envoi, conformément aux plans du sélectionneur déchu, et Diego Costa était préféré à Iago Aspas à la pointe du dispositif espagnol, malgré les réticences d’une partie des cadres de la Roja, qui trouvent que le manque de finesse du Colchonero dans les combinaisons pénalise le football de toque de l’Espagne.

Hierro a préféré écouter la voix de son ancien sélectionneur, malgré les ratés chroniques du mariage entre Costa et la Roja depuis quatre ans. Le Brésilien de naissance l’a remercié avec un doublé, mélange de puissance et d’opportunisme, planté face à un Portugal dont le départ en fanfare aurait pu rappeler à l’Espagne ses vieux démons nés lors des deux dernières grandes compétitions. Le mariage du feu et du fer.

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