LE PETIT CHEF D’ORCHESTRE

Fabio Cannavaro a disputé dimanche dernier, lors de la finale, son 100e match en équipe nationale. Le défenseur de la Juventus est sans conteste le joueur le plus efficace du tournoi. A une époque où les arrières sont de plus en plus grands, Cannavaro, à peine 1m76, est imbattable dans les airs. Il combine détente extrême et capacité d’anticipation hors du commun pour dominer les duels sans devoir commettre trop de fautes.

Il a pourtant longtemps dû évoluer dans l’ombre d’ Alessandro Nesta, où personne ne remarquait ses qualités. Après la blessure du défenseur de l’AC Milan, le capitaine s’est transformé très rapidement en leader de sa défense. Pour lui, peu importe qui évolue à ses côtés. Il dirige la man£uvre et mentalement il est très fort. Le fait d’avoir été entendu par la justice italienne dans le cadre du scandale de corruption et d’avoir eu des mots gentils pour Luciano Moggi (l’ex-boss de la Juventus, ndlr) ne se remarque pas du tout à une certaine nervosité dans son jeu ou quoi que ce soit d’autre. Et dire que certains estimaient qu’il devait être exclu de la sélection.

La carrière de Fabio Cannavaro comporte plusieurs zones d’ombre. Juste avant la finale de la Coupe de l’UEFA en 1999 avec Parme, une vidéo surgit de nulle part, montrant Cannavaro dans une chambre d’hôtel, posant avec plusieurs seringues à injection à ses côtés. Le joueur rétorqua qu’il s’agissait d’une blague. Il ne put contenir son émotion lorsqu’il apprit, lors de cette Coupe du Monde, que son ancien coéquipier et actuel manager de la Juventus Gianluca Pessotto avait tenté de se suicider. Le message lui fut transmis lors d’une conférence de presse qu’il annula subito presto.

Un jour, Cannavaro a déclaré que son rêve consistait à défendre tellement bien dans un match que son gardien n’ait absolument rien à faire. Cannavaro, une masse de muscles de 79 kg, privilégie le football défensif. Il peut parler avec passion des défenses en béton, comme s’il s’agissait d’une forme d’art. Cela paraît étrange car Cannavaro, qui était ramasseur de balles à Naples lorsque Diego Maradona enflammait le Sud de l’Italie, commença comme attaquant dans ce club. Il reçut un contrat à Naples de manière impromptue : lors d’une rencontre entre une sélection des meilleurs jeunes du club et l’équipe première, il attaqua tellement les chevilles de Maradona que l’entraîneur napolitain voulut le renvoyer. Mais Maradona tendit une perche à son jeune opposant et Cannavaro signa son contrat pro. Il passa ensuite par Parme et l’Inter Milan où il aboutit sur une voie de garage avant de se relancer de la manière que l’on sait à la Juventus.

J. SYS

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