Le patriarche et ses gamins

Ses épaules sont-elles assez larges ? Le succès du finaliste malheureux de 2004 dépend du petit régisseur Deco. Mais la Seleccao a aussi un jeune dieu sous la main.

C’est prometteur.  » Nous avons progressé mentalement « , affirme Luiz Felipe Scolari, le sélectionneur du Portugal.  » Je fais confiance à mon équipe comme jamais auparavant « . La quatrième place de sa Seleccao au Mondial 2006 a séduit le coach de 59 ans, encore plus que la finale 2004 devant le public portugais. Ces dernières années, le vieillissement du noyau a entraîné sa mue mais dans les situations décisives d’un grand tournoi, le culot et l’audace sont souvent payants.

L’équipe

Scolari martèle l’importance de l’esprit d’équipe :  » Si nous ne parvenons pas à étaler celui-ci, nous ne gagnerons rien « . On comprend ainsi qu’il ait renoncé à Maniche, le médian, qui reste de toute façon sur une saison médiocre à l’Inter, entre pelouse et banc. Scolari souhaite établir un équilibre entre les capacités footballistiques individuelles et le sens social des joueurs.  » Si j’estime un joueur important pour le groupe, je le reprends, qu’il soit titulaire dans son club ou pas « , poursuit l’ancien champion du monde.

La sélection de Scolari est belle à voir. Jeune, cette phalange va tenter de se profiler dans les Alpes. La génération en or des Luis Figo, Pauleta et Joao Pinto a sombré dans l’oubli. Leurs successeurs, Pepe (Real), Ricardo Quaresma (Porto) et CristianoRonaldo veulent conquérir leur place au panthéon.

La tactique

Luiz Felipe Scolari préfère voir son équipe évoluer en 4-3-3 mais il envisage la possibilité de muer son occupation en 3-4-3, même s’il n’a encore jamais testé cette tactique dans un match important. Les attaquants peuvent se consacrer à leurs élans. Deco assume le rôle de meneur de jeu, derrière eux.

Agé de 30 ans, il doit fluidifier le football de la Seleccao. En 4-3-3, Deco, d’origine brésilienne, bénéficie d’une double couverture. Il est irremplaçable et fait partie de l’équipe, au même titre que la moustache de Scolari colle au visage de celui-ci. Aucun autre acteur n’est à même de déterminer le rythme comme il le fait.

Les plus

Posséder le meilleur joueur du monde en son rang peut rasséréner un groupe. Cristiano Ronaldo, le jeune dieu du football, ailier futé, attire autant l’attention sur le terrain que le défilé d’une cohorte de mannequins durant la semaine de la mode milanaise.

Cristiano Ronaldo émarge à l’attaque, un segment de l’équipe qui déborde de qualité. Les variantes sont infinies. Peu importe qui Scolari aligne, ce sont des footballeurs de talent – même si parfois, c’est au détriment de la force de pénétration. Simao, Nani, Ronaldo, Hugo Almeida, Ricardo Quaresma, Nuno Gomes : le panel est large.

Ricardo Carvalho, Paulo Ferreira et JoséBosingwa, tous les trois à Chelsea (Bosingwa a signé pour l’année prochaine), composent la défense. Ces trois éléments peuvent compter sur le soutien de Pepe, qui devrait enfin muer le trio défensif des Blues en ensemble stable.

Les moins

Contrairement aux tournois précédents, le Portugal n’a pas d’automatismes suffisants, dans aucun compartiment. A l’EURO 2004, Scolari pouvait s’appuyer sur quelques blocs solides, en défense (Paulo Ferreira, Ricardo Carvalho et Jorge Andrade) comme dans l’entrejeu (Deco, Costinha et Maniche). Aujourd’hui, plusieurs positions sont entourées d’un point d’interrogation. Qui placer à l’arrière gauche ? L’inexpérimenté Jorge Riberio ou Paulo Ferreira ? Qui doit prendre place dans le but ? Ricardo ou Quim ? Ce ne sont que quelques questions parmi tant d’autres.

En insistant sur la pensée collective, le coach risque de mettre à nu une faiblesse du noyau : il n’a pas de personnalité dirigeante, mûre, respectée par les autres pour sa valeur sportive et son aura. Deco, Ricardo Carvalho et Cristiano Ronaldo ne possèdent pas le rayonnement d’un Rui Costa. En plus, la moitié des joueurs repris n’a pas participé à un seul tournoi jusqu’à présent.

Dès le biberon, on insuffle une maxime aux Portugais : Mourir en beauté. Souvent, les internationaux doués individuellement essaient de sauver le groupe par une action personnelle. En cas de réussite, toute l’équipe en récolte les lauriers mais cette mauvaise habitude est souvent le péché mignon (et fatal) des Portugais.

Particulier

Sous la direction de Scolari, la sélection a été imbibée de foi. Le Brésilien est profondément croyant. La Madonne de Caravaggio est sa sainte patronne. Elle aurait été active près de Farroupilha, une ville brésilienne du département de Rio Grande do Sul. Pendant les trajets entre l’hôtel et le stade, le sélectionneur fait jouer de la musique spirituelle afin de préparer mentalement ses joueurs.

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