Le partage du gâteau

Bruno Govers

Où vont les 300 millions de la Ligue des Champions?

Le week-end passé aura été marqué d’une pierre (mauve et) blanche pour le coach d’Anderlecht, Aimé Anthuenis. Non seulement ses joueurs ont battu ses anciens poulains du Racing Genk sur le score de 1 à 0, mais ils ont également consolidé leur avance sur le Club Brugeois, contraint une nouvelle fois au partage à Malines et relégué désormais à sept points des Sportingmen. Un bonheur ne venant jamais seul, Aimé Anthuenis a obtenu l’assurance aussi, dans la foulée, que son contrat au Parc Astrid, qui arrivait à échéance le 30 juin 2002, allait être reconduit pour deux années de plus…

« Je suis évidemment satisfait dans la mesure où j’ai trouvé ici un cadre d’expression idéal », précise Aimé Anthuenis. « Le propos, durant les trois prochaines années, sera de poursuivre sur la même voie en championnat, tout en tentant de réduire progressivement la distance qui nous sépare du sommet européen. Je n’ai pas exigé de garanties concernant le maintien ou l’acquisition de joueurs car je me rends fort bien compte que le club est tributaire du marché. Mais il y a des signes qui attestent d’une volonté évidente de progresser. Sans quoi, des garçons comme Jan Koller ou Walter Baseggio n’auraient pas d’ores et déjà prolongé leur bail au Parc Astrid ».

S’il arrive au bout de son mandat -et c’est tout le mal qu’on lui souhaite-, Aimé Anthuenis aura drivé les Mauves sans interruption pendant cinq ans, une performance que seuls l’Anglais BillGormlie (de 1950 à 1960) et le Français Pierre Sinibaldi (de 1960 à 1966) seront parvenus à réaliser.

« J’ai toujours soutenu que je voyais en Aimé Anthuenis le digne successeur de Pierre Sinibaldi », observe Michel Verschueren, le manager du Sporting. « Au plan des résultats, il marche indéniablement sur les traces de l’entraîneur corse, qui glana quatre titres en cinq campagnes, de 1962 à 1966. Mais en matière de méthode et de passion, il me fait furieusement penser à Tomislav Ivic. Car à l’image du Croate, Aimé Anthuenis vit son métier à 200%. Nonobstant son âge, l’homme a su garder intacte sa faim de résultats ».

L’aventure européenne d’Anderlecht en Ligue des Champions cette année n’aura pas seulement procuré une grande satisfaction sportive au club. Financièrement aussi, elle aura permis aux Mauves de gonfler leur budget de 850 millions à 1,42 milliard de francs belges, compte tenu, à la fois, des primes de participation (40 millions), de matches (160 millions), de victoires (54 millions), de la billetterie (214 millions) auxquels il convient encore d’ajouter, l’été prochain, une partie des droits de télévision perçus par l’UEFA.

Est-ce à dire que le Sporting a subitement acquis une autre dimension au niveau pécuniaire? Pas tout à fait, en ce sens qu’il faut bien sûr déduire de cette somme tous les frais accumulés en cours de route. Et à cet égard, le débours est quand même fort important aussi. A titre d’exemple, on mentionnera que la quote-part attribuée par l’UEFA pour une victoire -13,5 millions- est ristournée quasi intégralement aux joueurs, puisque ceux-ci avaient droit à 400.000 francs par succès au premier tour et un demi-million au second. A l’heure du bilan chiffré et après déduction des frais d’organisation et de déplacements, il ne subsiste finalement qu’une grosse moitié des revenus globaux.

« C’est un bonus appréciable, malgré tout, mais il ne faut pas oublier que ces derniers mois, nous avons déjà fait un effort non négligeable en prolongeant les contrats de Jan Koller et de Walter Baseggio« , dit le président Roger Vanden Stock. « Il entre dans nos intentions aussi d’entreprendre la même démarche en ce qui concerne Alin Stoica, qui arrive en fin de contrat en 2002. Mais Anderlecht n’est pas Byzance. En matière de budget, nous nous situons à l’arraché dans le Top 100 européen. Dès lors, il ne s’agit pas d’attendre des folies de notre part. D’autant plus que, par rapport aux nations footballistiquement fortes, nous ne sommes pas assurés d’office d’une place en Ligue des Champions. Tant que cette accession ne sera pas acquise, la prudence s’impose en matière de gestion. Mine de rien, nous revenons tout de même de loin ».

Allusion, évidemment au passif de 200 millions avec lequel les Mauves durent composer, à l’aube de l’an 2000. Un déficit qui ne les empêcha pas de consentir un effort particulier en embrigadant Jan Koller pour l’équivalent de 120 millions. Un montant coquet qu’ils proposèrent de rembourser en trois ans à Lokeren.

Bruno Govers

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire