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Le paria devenu star

Lior Refaelov n’est pas le premier joueur qu’Anderlecht chipe à un autre club belge. En 2006, c’est Mbark Boussoufa que les Mauves débauchaient de La Gantoise.

Le 6 juin 2006, quelques heures avant qu’Anderlecht ne présente son nouveau joueur, Mbark Boussoufa, le téléphone de Georges Leekens sonne. C’est Boussoufa himself. Le joueur veut mettre l’entraîneur au courant de sa décision et le remercier de lui avoir offert sa chance. À ce moment-là, Ivan De Witte, le président de La Gantoise, n’est pas encore remis de sa déception, même si les quatre millions d’euros versés par Anderlecht lui rendent la pilule plus facile à avaler.

Boussoufa est alors le transfert mauve le plus cher de tous les temps. L’ailier marocain est chargé d’une lourde mission: il doit remplacer Pär Zetterberg. La même semaine, le Sporting enrôle également l’international Jelle Van Damme, qui évolue alors à Southampton. Anderlecht s’est directement qualifié pour la Ligue des Champions et dispose donc d’un large budget, gonflé par la vente de Vincent Kompany à Hambourg.

Quatre millions d’euros, la somme est considérable pour un footballeur dont personne ne voulait en Belgique, deux ans plus tôt. Surtout quand on sait que Chelsea, qui ne l’a jamais aligné et lui versait à peine 30.000 euros par an, n’avait rien réclamé pour son transfert. À l’époque, les Blues ont un accord de collaboration avec Westerlo, mais Jan Ceulemans trouve Bous’ trop petit. Le Caje a déjà en Mosia Boy Boy, un joueur au profil similaire et il convoite deux autres footballeurs excédentaires à Londres: Joe Keenan et Sebastian Kneissl.

Durant le printemps 2004, Boussoufa passe un test au Lierse pendant un match de réserves, mais Emilio Ferrera le fait descendre après une mi-temps. Le club lierrois ne lui offre pas de contrat. Ferrera est plutôt sous le charme du Camerounais Bernard Tchoutang, qui ne parviendra toutefois pas à obtenir son bon de sortie du Metalurg Donetsk. Dans la tribune du Lisp, un homme a toutefois noté le nom de Boussoufa, durant ce match: Georges Leekens, qui entraîne alors Mouscron.

Et Saint-Trond? Intéressés, les Canaris? Ils ne disent pas non, mais n’ont pas l’argent nécessaire. L’entraîneur du Cercle, Harm van Veldhoven, n’est pas intéressé lui non plus, pas plus que Genk. Boussoufa tente sa chance en D2, au KV Ostende. En 2006, le président Eddy Vergeylen confirme qu’on lui a proposé les services du Marocain en 2004, mais qu’il n’a pas passé de test ni même participé à un entraînement. C’est que le vent est violent au littoral, et qu’il faut de solides gaillards pour résister au rude football de la deuxième division. « Ici, on demande à un joueur combien il pèse et quel âge il a. Et il n’est pas très grand, hein ( 1m67, ndlr). Maintenant, tout le monde le convoite, mais c’était différent à l’époque. »

En août 2004, La Gantoise l’invite à passer un test. Georges Leekens en est devenu l’entraîneur et il se souvient du fameux match des réserves du Lierse. Boussoufa participe à un match des réserves contre Anderlecht et fait à nouveau bonne impression à Mac The Knife. Il se joue de plusieurs adversaires, parmi lesquels Yves Vanderhaeghe. Le lendemain, il s’entraîne avec le noyau A. « J’en ai vu assez en une demi-heure », tranche Leekens.

Boussoufa s’épanouit plus vite qu’attendu, reconnaît l’entraîneur. « Je pensais qu’il lui faudrait un an, mais durant ce laps de temps, le joueur qui ne pensait qu’à réaliser des actions s’est transformé en un homme qui permet à l’équipe de mieux tourner. » Leekens prédit même qu’Anderlecht ne sera pas le terminus de Boussoufa. « Certains joueurs poussent un soupir de soulagement quand ils reçoivent un contrat à Anderlecht. Bous’ est différent. C’est un battant, qui ne pense qu’à progresser. »

Ce printemps-là, quand Anderlecht effectue une évaluation des joueurs susceptibles de lui apporter une plus-value, il réduit sa liste à trois hommes. Il ne parvient pas à mettre la main sur Oguchi Onyewu et l’Ajax est disposé à offrir six millions pour Steven Defour, qui porte le maillot de Genk. Finalement, Defour rejoindra gratuitement le Standard, suscitant un bel émoi. Herman Van Holsbeeck, le manager d’Anderlecht, apprécie la maturité de Boussoufa, qui n’a pourtant que 22 ans. Cinq ans plus tard, le Sporting le vendra au club russe d’Anzhi pour huit millions, deux fois plus que ce qu’il a payé, et huit millions de plus que ce qu’il avait coûté à Gand en 2004. Leekens avait vu juste!

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