Le palier de 45 millions

Le marché belge des TV n’est pas compétitif et le produit football pas assez attractif pour aller plus haut.

C’est ce vendredi que les membres de la Ligue Pro se réuniront à nouveau pour choisir quelle orientation donner au dossier des droits de retransmission du football belge. Après le refus de se prononcer vendredi dernier, trois possibilités existent

-accepter la proposition Belgacom- RTBFVRT (45.7 millions : 36.7 millions de Belgacom, 8 millions du couple RTBFVRT et 1 million de revenus publicitaires),

-relancer un appel d’offres

-ne pas diffuser le football belge…

La Ligue est embarrassée mais a-t-elle le choix ? La grande réforme du championnat a été acceptée et la seconde étape devrait selon elle être une revalorisation des droits télé. Mais il y a dix jours, la Ligue hurla que la proposition de 45 millions était trop faible et qu’elle attendait au moins 50 millions. Or, la Ligue n’est pas en position de force pour négocier. Elle ne peut pas se permettre de se passer de retransmission et Belgacom reste le seul acteur en lice valable.

RTBF et RTL ? Pas les moyens de se payer les droits et de se doter de la structure pour assurer la diffusion des images. BeTV ? Coincé par le procès de Telenet, qui conteste l’obligation de partager ses images avec un tiers comme Belgacom. Un procès dont l’issue n’est pas attendue avant longtemps. Et tout simplement parce que Belgacom, grâce à l’aide de la RTBF et de la VRT, est aussi le seul opérateur qui a proposé une augmentation des droits.

 » Je me pose des questions sur le fonctionnement de la Ligue « , explique Jean-François Sacré, qui suit le déroulement du dossier pour le journal économique et financier L’Echo.  » L’augmentation par rapport au contrat précédent est de 25 %, ce qui est colossal. Même s’il en a les moyens, Belgacom n’a aucune raison de proposer plus. Pour moi, la Ligue joue un jeu dangereux et pourrait même faire changer d’avis Belgacom. Je me demande pourquoi elle se montre si gourmande. Parce que les clubs de D2 mettent la pression ? On a aussi l’impression que les clubs sont d’accord entre eux mais que les grands comme le Standard ou Anderlecht, mettent des bâtons dans les roues car ils veulent plus « .

Une attitude compréhensible si on se réfère à une enquête menée par L’Echo. Les grands comme Anderlecht (3,44 millions d’euros de rentrées pour un budget de 35 millions, soit 9,82 %) dépendent très peu des droits télé contrairement à des clubs comme Charleroi (30 % du budget) ou Westerlo (41.26 %). Ce qui ne veut pas dire que les petits n’ont pas de raisons de montrer les crocs. Si la réforme du championnat est adoptée, les frais supplémentaires ne seront pas à négliger : primes plus nombreuses et noyaux plus larges étant donné l’augmentation du nombre de matches, etc. Les sous de la télévision constituent donc un besoin vital aussi bien pour les petits que les grands. Même si la menace de voir les grands faire cavaliers seuls refait surface ?

 » Les clubs ne sont pas prêts pour une telle organisation « , poursuit Sacré.  » Les délais sont trop courts. Beaucoup de problèmes se poseraient : la question des droits des matches à l’extérieur, les droits d’équipes comme Roulers, Zulte Waregem, Mons, qui intéresseraient peu de personnes… « 

Le seul point positif pour la Ligue est le désir de Belgacom. Il y a trois ans, l’opérateur avait besoin du foot pour lancer son offre de TV sur internet. Aujourd’hui, Belgacom veut les droits car ils lui permettraient d’asseoir définitivement sa crédibilité. Sacré :  » Belgacom a entre 350.000 et 400.000 abonnés. Le prix des droits n’est pas démesuré par rapport à la qualité du produit football. Belgacom a déjà toute une structure en place. Mais l’opérateur ne fera pas flamber l’offre. Les prix stagnent partout. La France a renégocié ses droits et l’offre a peu augmenté : 668 millions d’euros après 653 millions. La France est d’ailleurs un championnat surcoté : c’est celui qui reçoit le plus d’argent après l’Angleterre alors que la qualité du jeu est loin d’être la même. En Belgique, on est passé de 15 à 36 et maintenant à 45 millions d’euros. Nous partions de très bas et cela représente une fameuse augmentation. Nous sommes sur le point d’atteindre un palier. Certains disent que nous pourrions au moins obtenir 69 millions d’euros comme les Pays-Bas. Mais nos voisins peuvent compter sur un championnat plus attirant que le nôtre « .

par simon barzyczak

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