Le nouveau Kalusha

Le Zimbabwéen s’impose au Cercle de façon spectaculaire. Ce milieu droit très dangereux devant le but évoque son éclosion chez nous et nous parle de son pays.

C’est un des éléments les plus brillants du nouveau Cercle, habilement mis en place par Glen De Boeck. Ce dernier n’a pas manqué de l’encenser en déclarant :  » S’il continue de la sorte, il sera bientôt mûr pour être engagé par Anderlecht !  » Honour Gombami (24 ans) vit par et pour le football.

Considéré comme  » le nouveau Bwalya Kalusha  » – un avant international zambien qui commença sa carrière au Cercle avant de devenir une vedette au PSV Eindhoven dans les années 80 – il est originaire de Bulawayo, la deuxième ville du Zimbabwe, il émarge à la classe moyenne locale, selon ses dires : il n’était ni pauvre ni riche. Il arpente le flanc droit avec succès lorsque son compatriote Vusumuzi Nyoni (23 ans) – un médian gauche – est en concurrence avec le revenant Oleg Iachtchouk. Le Cercle a repéré les deux footballeurs dans leur club zimbabwéen, The Highlanders. Leur transfert simultané les a aidés à surmonter le choc culturel engendré par leur exil. La saison passée, ils avaient tendance à se passer le ballon, d’un flanc à l’autre. Gombami sourit, l’air contrit :  » C’est tout simplement parce que nous jouons ensemble depuis l’âge de 15 ans. Nous savons exactement où l’autre court « .

Harm van Veldhoven a entraîné Gombami la saison passée et il en a immédiatement dressé un portrait flatteur. Sa réussite actuelle ne le surprend pas :  » Comme Nyoni, il a occupé plusieurs positions en quelques mois à ses débuts au Cercle. Je l’alignais là où j’en avais besoin. Sans être vraiment déterminant dans sa dernière passe ou par son sens du but, il a apporté une plus-value. Il s’est parfaitement glissé dans le style de jeu que je voulais pratiquer, un moment donné, avec une transition rapide, un jeu bien écarté, de la profondeur. J’étais certain qu’à l’avenir aussi, il apporterait beaucoup au Cercle. Humainement, Gombani est un garçon calme, réservé, un peu timide. Nyoni, arrivé avant lui au Cercle, l’a beaucoup aidé à ses débuts « .

L’actuel coach du Germinal Beerschot affine son analyse tactique :  » Gombami est rapide, réalise d’excellentes actions individuelles et est dangeureux devant le but, mais sa dernière passe est perfectible. La vente de Dieter Dekelver m’a contraint à l’envoyer au front un rien trop tôt, sans doute, la saison passée mais Gombami s’est toujours bien tiré d’affaire. D’autre part, jouer lui a permis de progresser plus vite, y compris tactiquement « .

Avare de paroles, Gombami reconnaît toutefois que c’est la tactique qui lui a posé le plus de problèmes à son arrivée en Europe :  » En Afrique, nous suivons notre instinct alors qu’en Europe, nous devons le brider, tempérer nos ardeurs, jouer avant tout en fonction de l’équipe. Le football européen s’apparente à du business. J’ai déjà amélioré mon jeu de position mais je dois continuer à le travailler. Croyez-moi, je suis très attentif. J’observe, j’écoute afin d’apprendre et quand je marque je sais que je le dois surtout à mes coéquipiers. Nous avons beaucoup de qualités dans un collectif très équilibré. Nous sommes jeunes, aussi, mais cela n’est pas négatif car sur le plan du caractère, nous ne vivons pas avec la tête dans les nuages. « 

Le Zimbabwe de Robert Mugabe est en proie à une grave crise économico-politique. Des centaines de milliers de personnes sont sans toit et luttent pour leur survie. Gombani détourne la conversation :  » La politique est compliquée. Je me contente de jouer, sans trop songer au reste. Je gagne beaucoup plus ici qu’au pays évidemment et j’envoie de l’argent à ma famille. Mais de grâce, laissons la politique aux politiciens « . Pourtant, elle a un impact sur la vie de sa famille : 80 % des Zimbabwéens vivent en dessous du seuil de pauvreté et on prédit un avenir sombre au pays.  » La vie est faite de hauts et de bas. Le Zimbabwe est au fond du trou. Il remontera la pente « .

Gombami n’a qu’un – petit – défaut : il se met trop de pression.  » Parce que je veux trop bien faire peut-être… « 

par kristof de ryck- photos: reporters/ vander eecken

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