Le nous avant le je…u

On a vécu une Coupe du monde extraordinaire. Dans le sens, pas ordinaire du tout. Parce que justement, il y a eu de tout. Même l’impensable de l’inouï footballistique. Des sensations, que le foot moderne avait enterrées en nous depuis longtemps, ont refait surface. Les grandes nations ne s’en sortent pas toujours à la fin. On en avait déjà eu les prémices lors des qualifs. L’Italie, pays du foot qui finissait toujours par passer, même par la petite porte, en a pris une grande, très grande dans la tronche. La Squadra Azzurra anonyme. En manque de tout. Surtout d’âme et de personnalités.

En Russie, l’Allemagne et l’Argentine ont suivi. Des noms, rien que des noms. Mais pas de leader. Les Messi et autres Özil ne mènent que balle au pied. Pas assez quand tout autour, c’est soit comme les Allemands : des gens rassasiés dans leur club ou trop jeunes. Soit comme l’Argentine, rassasiés et trop vieux. Avec, qui plus est, un problème d’abondance d’egos.

Pour l’Italie et Allemagne on ajoutera qu’il y a un vrai problème de gavage. La Juve et le Bayern étouffent leur championnat. Les meilleurs sont là et gagnent tout. Tout le temps. Y a comme un problème de foi(e) et d’envie.

L’Espagne a le même problème sauf que là, c’est un monstre à deux têtes. Les uns s’acharnent et s’épuisent sur le championnat, les autres sur la Ligues des Champions. Et en juin, les génies se font discrets. Un vrai film d’horreur qu’on a déjà vu 10.000 fois. Tic-tac, tic-tac et puis…boum. Tout explose.

La Roja s’est tellement regardé jouer qu’elle s’est auto-hypnotisée et s’est endormie elle-même. Cela dit : Iniesta for ever.

Et ainsi donc la France a gagné. Un trophée. Pas une place au côté de Morphée dans nos plus beaux rêves. Normal, on ne rêve pas de Didier Deschamps. On le respecte, on l’admire, on l’apprécie mais c’est tout.

Deschamps c’est comme les  » Deschiens « . Tout a l’air simple, naturel, c’est bon enfant mais en fait tout est calculé au millimètre. Les uns c’était pour faire rire, l’autre pour gagner des titres. L’éloge du pragmatisme donnera un éternel goût de trop peu.

Même la parade a manqué de panache. Sur les Champs-Elysées, ils se sont un peu défilés lors du défilé. Un bus à impériale pour un rendez vous impérieux. Non pas avec les centaines de milliers de Français venus les honorer mais avec le Président Macron et surtout le journal de 20H….

Les supporters expédiés, les annonceurs choyés. La  » com  » avant la communion. Ce n’est pas la faute des joueurs. Des joueurs qui, rayon fautes, en ont fait très peu lors de ce Mondial. Si ce n’est celles de goût qui leurs étaient imposées par leur coach.

Didier Deschamps sait être convaincant. Ce mec est né pour diriger. Paraît même que lors de sa naissance, il a expliqué à l’accoucheuse comment elle devait faire. Déjà tatoué sur son bras  » Né pour gagner « .

Aaahhh… Didier. Je l’ai toujours eu à la bonne. Même s’il était le bras armé de l’OM de Tapie, s’il a joué à la Juve et donc m’a toujours donné l’impression de courir plus que ce que son corps lui permettait.

En interview il est toujours sympa. Et surtout il vous considère autant que les TV des grands pays. C’est pas le cas de tout le monde. La Dèche c’est le roi du pétard mouillé. Spécialiste pour vous savonner la mèche. Celle qui devait allumer votre feu d’artifice.

En fait, quand on voit le foot qu’il propose, on a l’impression qu’il a été aussi champion du monde de Tétris. Toutes les briques tombent juste. Ça s’imbrique, forme un mur gagnant puis ça pique là où ça fait mal.

La France, on aurait dit une équipe de club. Qui arrive à maturation vers le mois de novembre après 6 mois de mise en place quotidienne. Faut le faire. Comme métamorphoser un gars comme Pogba. L’homme et le joueur. Paul était le roi de la  » punchline « . Avec ses mots et son jeu. Chaque action devait faire mouche.

Deschamps en a fait un joueur d’équipe au service du collectif. Pogba est le symbole de cette France où la finalité prime sur le petit plaisir personnel. Le nous avant le je. Et aussi parfois le….jeu.

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